08/06/2018
JEAN CAU, FILS DU LANGUEDOC.
Il a été un des rares à avoir croqué l'image paradisiaque de notre midi, et de l'Espagne qu'il aimait tant. Ce fou de la langue Française , à la plume flamboyante, a si bien décrit ce qui fait le sel de nos vies, le soleil, la vie, la mort, l'amour et la cruauté !
Je ne l'ai jamais rencontré mais suite à divers liens épistolaires, il m'a remercié par une jolie lettre manuscrite.
Après sa mort, je me suis rendu en pèlerinage à Bram, son village natal sur la route de Toulouse, ainsi que sur sa tombe au cimetière de Carcassonne. C’est l'époque où j'ai fait la connaissance de sa sœur et de son neveu, qui m'ont invité à la bergerie qu'il avait aménagé au-dessus de l'étang de Bage. J'ai eu aussi le privilège de visiter son petit appartement rue de Seine.
Il était certainement un des derniers à porter en lui "l'esprit de tradition", âme de notre Languedoc, cette vertu si précieuse que la modernité a fini par détruire. Toute son œuvre est un cri contre ce monde délétère qui efface toute dignité et tout sens de l'honneur, terreau sur lequel prospère notre société décadente.
Pasteur Blanchard |
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01/06/2018
Jules Monnerot (1908-1995)
Ce sociologue français est à l'origine du déclin intellectuel du plus grand fléau du XXéme siècle qu’est le communisme. Il le décrit comme une religion séculière conquérante, comparée à l'Islam, et dont il a réfuté la doctrine : le marxisme. Dès 1963, il avait annoncé l'échec de l'Union soviétique.
Monnerot présente cette particularité d'être connu et censuré. En France, aucun gouvernement n'a jamais voulu combattre le communisme, même en dépit de l'effondrement du système soviétique. Il demeure partie prenante de notre société, consolidé par un dirigisme, et affermi par des médias dont le langage ne s'éloigne pas des préjugés marxistes.
Ce langage, Monnerot l'a élucidé: c'est celui de la guerre psychologique faite aux français, pour qu'ils acceptent ce dont ils ne veulent pas, par exemple: l'Islamisation de la France et l'Europe de Maastricht. Enfin il est le sociologue qui a renouvelé la recherche fondamentale sur l'action historique, en vue de donner des bases solides à la politique.
Le site: http://julesmonnerot.com/
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13/04/2018
Charles Péguy, ce gêneur qui dénonçait "la puissance de l'argent"
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06/04/2018
Gustave Le Bon:Psychologie des foules.
Psychologie des foules | |
Auteur | Gustave Le Bon |
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Pays | France |
Genre | Essai |
Date de parution | 1895 |
Nombre de pages | 130 |
ISBN | 9782130542971 |
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Psychologie des foules est un livre de Gustave Le Bon paru en 1895. Il s’agit d’un ouvrage de référence concernant la psychologie sociale, dont les théories sont encore discutées aujourd’hui. Ce livre marqua un tournant dans la carrière du « célèbre docteur1 ». Gustave Le Bon montre dans cet ouvrage que le comportement d'individus réunis n'est pas le même que lorsque les individus raisonnent de manière isolée — il explique ainsi les comportements irraisonnés des foules.
- LIVRE PREMIER : L'âme des foules
- Chapitre Premier - Caractéristiques générales des foules. Loi psychologique de leur unité mentale
- Chapitre II - Sentiments et moralité des foules
- Chapitre III - Idées, raisonnements et imaginations des foules
- Chapitre IV - Formes religieuses que revêtent toutes les convictions des foules
- LIVRE II : Les opinions et les croyances des foules
- Chapitre Premier - Facteurs lointains des croyances et opinions des foules
- Chapitre II - Facteurs immédiats des opinions des foules
- Chapitre III - Les meneurs des foules et leurs moyens de persuasion
- Chapitre IV - Limites de variabilité des croyances et des opinions des foules
- LIVRE III : Classification et description des diverses catégories de foules
- Chapitre Premier - Classification des foules
- Chapitre II - Les foules dites criminelles
- Chapitre III - Les jurés de cour d'assises
- Chapitre IV - Les foules électorales
- Chapitre V - Les assemblées parlementaires
Sommaire
Thèses:
L'unité mentale des foules:
« Peu aptes au raisonnement, les foules sont au contraire très aptes à l'action »2. Si Le Bon compare parfois les foules à des individus dont les facultés de réflexion seraient faibles, il ne les identifie pas comme de simples agrégats, ni comme des super-individus. Au contraire, une foule est une entité psychologique particulière, irréductible aux individus qui la composent : c'est pourquoi il faut l'analyser comme telle.
La foule, dans le sens où l'emploie Le Bon, est distincte du simple agrégat d'individus. « Dans certaines circonstances données, et seulement dans ces circonstances, une agglomération d'hommes possède des caractères nouveaux fort différents de ceux des individus composant cette agglomération. La personnalité consciente s'évanouit, les sentiments et les idées de toutes les unités sont orientés dans une même direction. »3 La distinction entre foule et agrégat n'est pas une question de nombre : des centaines d'individus se trouvant au même endroit dans des buts différents (par exemple, des gens sur un marché, parmi lesquels on trouve des promeneurs, des acheteurs, des vendeurs, des agents de police, etc.) ne forment qu'un agrégat, alors que quelques individus, dans certaines circonstances, constituent une foule. Les foules sont régies par une « loi d'unité mentale des foules ». Elles ont en quelque sorte une « âme », avec des passions et un fonctionnement organique comparable à celui de l'esprit humain. Dans le livre I, Le Bon examine les passions et le mode de représentation d'une foule ; dans le livre II, il examine les origines et les caractéristiques de ses croyances.
« Des milliers d’individus séparés peuvent à certains moments, sous l’influence de certaines émotions violentes, un grand événement national par exemple, acquérir les caractères d’une foule psychologique. Il suffira alors qu’un hasard quelconque les réunisse pour que leurs actes revêtent aussitôt les caractères spéciaux aux actes des foules. A certains moments, une demi-douzaine d’hommes peuvent constituer une foule psychologique, tandis que des centaines d’hommes réunis par hasard peuvent ne pas la constituer3. »
Caractères généraux des foules:
Une foule est beaucoup moins déterminée par les croyances des individus qui la constituent que par les circonstances extérieures, des croyances ou des passions générales, ainsi que par l'hérédité. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, l'intelligence moyenne des individus qui constituent la foule ne change pas grand-chose à ses actions, réactions et décisions : c'est pourquoi, par exemple, les verdicts de jurys formés d'individus hautement éduqués ou d'individus très hétérogènes quant à l'éducation sont similaires4.
« La foule psychologique est un être provisoire, formé d'éléments hétérogènes qui pour un instant se sont soudés, absolument comme les cellules qui constituent un corps vivant forment par leur réunion un être nouveau manifestant des caractères fort différents de ceux que chacune de ces cellules possède5. »
Si l'on raisonne au niveau de l'individu, l'individu en foule acquiert trois caractères que l'on ne trouve que dans l'état de foule :
- l'irresponsabilité. Du fait du nombre, un individu en foule peut ressentir un sentiment de « puissance invincible » et voir ses inhibitions s'effondrer. Il pourra accomplir des actions qu'il n'aurait jamais accomplies seul (par exemple, piller un magasin de façon non préméditée) : « le sentiment de responsabilité... disparaît entièrement. » Ceci vaut surtout pour les foules anonymes et hétérogènes, où l'individu, noyé dans la masse, est difficile (voire impossible) à retrouver par la suite.
- La « contagion ». Ce que d'autres auteurs, comme David Hume, ont désigné sous le terme de sympathie et thématisé dans les relations inter-individuelles prend ici une ampleur beaucoup plus grande : une même passion agitera tous les membres de la foule avec une grande violence.
- La suggestibilité. L'individu faisant partie de la foule voit sa conscience s'évanouir, au même titre que celle d'un hypnotisé. Il n'a plus d'opinions, ni de passions qui lui soient propres. Cela explique que des foules puissent prendre des décisions allant à l'encontre des intérêts de leurs membres, comme les Conventionnels qui lèvent leur propre immunité (ce qui leur permettra de s'envoyer les uns les autres à l'échafaud)6.
« Évanouissement de la personnalité consciente, prédominance de la personnalité inconsciente, orientation par voie de suggestion et de contagion des sentiments et des idées dans un même sens, tendance à transformer immédiatement en actes les idées suggérées, tels sont les principaux caractères de l'individu en foule. Il n'est plus lui-même, il est devenu un automate que sa volonté ne guide plus7. »
Il est à noter qu'un individu se trouvant dans un agrégat formant une foule ne fait pas nécessairement lui-même partie de la foule. Auquel cas, il est physiquement présent à côté des autres ou parmi eux, mais ne participe pas à la foule psychologique ; les émotions et les désirs de tous, dans la foule, ne seront pas partagés par lui8.
Les passions des foules:
Si les individus qui composent la foule sont si suggestibles, c'est que la foule est en état d'« attention expectante » lorsqu'elle n'est pas déjà animée par une passion très vive.
« La première suggestion formulée qui surgit s'impose immédiatement par contagion à tous les cerveaux, et aussitôt l'orientation s'établit. Comme chez tous les êtres suggestionnés, l'idée qui a envahi le cerveau tend à se transformer en acte. Qu'il s'agisse d'un palais à incendier ou d'un acte de dévouement à accomplir, la foule s'y prête avec la même facilité. Tout dépendra de la nature de l'excitant, et non plus, comme chez l'être isolé, des rapports existant entre l'acte suggéré et la somme de raison qui peut être opposée à sa réalisation9 . »
La foule (qui constitue, à ce titre, un être unique, tant qu'elle subsiste en tant que « foule psychologique ») ne pense pas par des mots et des concepts verbaux, mais par des images. Ces images sont généralement moins celles observées que celles qui possèdent une forte puissance passionnelle : ainsi, une foule craintive et anxieuse peut croire qu'une lumière allumée à un étage constitue un signal à destination d'un ennemi, alors même que c'est objectivement impossible10. De là de possibles hallucinations collectives, dues à la suggestibilité, à la déformation et aux passions très fortes qui animent une foule. De là aussi certains phénomènes de foules connus, comme le lynchage.
« Quels que soient les sentiments, bons ou mauvais, manifestés par une foule, ils présentent ce double caractère d'être très simples et très exagérés. Sur ce point, comme sur tant d'autres, l'individu en foule se rapproche des êtres primitifs. Inaccessible aux nuances, il voit les choses en bloc et ne connaît pas les transitions... La simplicité et l'exagération des sentiments des foules font que ces dernières ne connaissent ni le doute ni l'incertitude. Elles vont tout de suite aux extrêmes. Le soupçon énoncé se transforme aussitôt en évidence indiscutable. Un commencement d'antipathie ou de désapprobation, qui, chez l'individu isolé, ne s'accentuerait pas, devient aussitôt haine féroce chez l'individu en foule11. »
L'individu en foule redevient « primitif ». Les passions qui se transmettent sont extrêmes, elles ne connaissent ni la pondération ni le juste milieu. Une foule qui se prend de haine pour quelqu'un est capable de le réduire en pièces, là où aucun individu isolé ne serait capable de la même férocité. Cependant, grâce à la suggestibilité, des individus en foule peuvent aussi être conduits vers des passions « héroïques » : c'est ainsi que des foules, menées de main de maître, ont pu fournir des contingents entiers de futurs soldats (Le Bon prend souvent comme exemple de ce phénomène les succès de Napoléon Ier, meneur hors pair). Les passions simplistes et extrémistes des foules, leur incapacité à penser rationnellement, les rendent dangereuses autant que profitables pour qui sait en tirer parti.
« Les foules ne connaissant que les sentiments simples et extrêmes ; les opinions, idées et croyances qui leur sont suggérées sont acceptées ou rejetées par elles en bloc, et considérées comme des vérités absolues ou des erreurs non moins absolues. Il en est toujours ainsi des croyances déterminées par voie de suggestion, au lieu d'avoir été engendrées par voie de raisonnement... N'ayant aucun doute sur ce qui est vérité ou erreur et ayant d'autre part la notion claire de sa force, la foule est aussi autoritaire qu’intolérante. L'individu peut supporter la contradiction et la discussion, la foule ne les supportent jamais12. »
Le Bon se méfie de la tyrannie que des foules puissantes peuvent engendrer. Non seulement de telles passions sont très susceptibles de mener à des actes violents, mais de plus les foules se lassent elles-mêmes de leurs propres débordements. Elles se dirigent alors vers la « servitude », qui leur fournit un certain repos après la toute-puissance d'une passion très forte : Le Bon explique ainsi que certains jacobins, durs et cruels sous la Terreur, aient accepté si facilement d'obéir à Napoléon Ier alors même qu'ils envoyaient à l'échafaud toute opposition à leur régime quelques années plus tôt.
La moralité des foules:
Par « moralité », on ne peut pas entendre ici des règles normatives transcendantes ou valant sur le long terme, en raison de l'impulsivité et de l'extrémisme des foules. Ce que Le Bon désigne par ce mot est la capacité que l'on peut trouver chez une foule à faire preuve de certains traits que nous jugeons comme vertueux : abnégation, désintéressement, sacrifice de soi (au niveau individuel), etc. Une foule peut envahir un palais et tout y détruire, au nom d'une idée qu'elle-même ne comprend pas, sans qu'aucun de ses membres ne vole un seul objet du palais (alors même que ce serait très intéressant au point de vue de l'intérêt personnel). Le Bon parle d'une certaine « moralisation » d'un individu par la foule, dans la mesure où l'individu en foule, tout en étant capable de la plus grande férocité, tend aussi à respecter une norme immanente. « Au théâtre la foule veut chez le héros de la pièce des vertus exagérées, et il est d'une observation banale qu'une assistance, même composée d'éléments inférieurs, se montre généralement très prude. Le viveur professionnel, le souteneur, le voyou gouailleur murmurent souvent devant une scène un peu risquée ou un propos léger, fort anodins pourtant auprès de leurs conversations habituelles13. »
De telles normes sont en général informelles. Elles ne sont pas écrites dans un code juridique, cependant l'opprobre suscité lorsque quelqu'un attente à ces normes est supposé commun à tous. Elles peuvent être inspirées par n'importe quoi, y compris des idées logiquement contradictoires entre elles. Ce qui est important est la croyance ferme, et éventuellement une habitude ferme, en ces idées en tant que normes. On ne saurait comprendre une telle moralité si on essayait de la comprendre comme s'il s'agissait, par exemple, d'une théorie scientifique ou d'une doctrine philosophique. Les idées qui sont à la portée intellectuelle des foules sont simples, très mal définies, mais fortement connotées au point de vue passionnel : peu de gens sont capables de définir rigoureusement ce qu'est une démocratie ou ce que sont les « droits des peuples », mais beaucoup verront dans de tels mots une valeur morale extrêmement importante.
« Les idées n'étant accessibles aux foules qu'après avoir revêtu une forme très simple, doivent, pour devenir populaires, subir souvent les plus complètes transformations. C'est surtout quand il s'agit d'idées philosophiques ou scientifiques un peu élevées, qu'on peut constater la profondeur des modifications qui leur sont nécessaires pour descendre de couche en couche jusqu'au niveau des foules. Ces modifications... sont toujours amoindrissantes et simplifiantes. Et c'est pourquoi, au point de vue social, il n'y a guère, en réalité, de hiérarchie des idées, c'est-à-dire d'idées plus ou moins élevées. Par le fait seul qu'une idée arrive aux foules et peut agir, si grande ou si vraie qu'elle ait été à son origine, elle est dépouillée de presque tout ce qui faisait son élévation et sa grandeur. D'ailleurs, au point de vue social, la valeur hiérarchique d'une idée est sans importance. Ce qu'il faut considérer, ce sont les effets qu'elle produit. Les idées chrétiennes du Moyen Âge, les idées démocratiques du siècle dernier, les idées sociales d'aujourd'hui, ne sont pas certes très élevées. On ne peut philosophiquement les considérer que comme d'assez pauvres erreurs ; et cependant leur rôle a été et sera immense, et elles compteront longtemps parmi les plus essentiels facteurs de la conduite des États14. »
Pour acquérir une puissance normative, les idées morales des foules ne peuvent venir de la foule elle-même. Elles peuvent être issues de l'hérédité, de l'évènement ou du héros du jour, d'un meneur, d'une passion ou d'un but partagé par tous (attendre la fin d'une bataille par exemple), ou plus généralement de l'environnement historique, mais pas de la foule même, celle-ci étant incapable de créer quoi que ce soit de nouveau hors d'elle-même. Néanmoins, des idées développées par des philosophes ou par des couches « éclairées » de la société peuvent être partagées par la foule. Elles le seront sous une forme beaucoup moins subtile et complexe que celle qui était la leur originellement (voir la citation ci-dessus), et avec beaucoup de temps. C'est ainsi que des idées développées par les philosophes des Lumières n'ont pu « descendre » dans les foules qu'au cours de plusieurs décennies, mais qu'une fois répandues, elles ont suffisamment changé le paysage mental des foules pour être à l'origine de la Révolution.
L'imagination des foules:
Imperméables au raisonnement logique, les foules sont très perméables à des associations d'idées que nous pourrions juger primaires ou invraisemblables. Rapporter n'importe quoi à la passion commune du moment, généraliser des cas particuliers et uniques, c'est ainsi que les foules « raisonnent »15. De tels raisonnements ont beaucoup plus à voir avec une imagination décomplexée qu'avec la rigueur de la logique. Par la contagion quasi immédiate des passions et la forte suggestibilité dont elles sont susceptibles, les foules « raisonnent » de façon non verbale, par des images et des associations où l'émotion partagée reste puissante.
« De même que pour les êtres chez qui le raisonnement n'intervient pas, l'imagination représentative des foules est très puissante, très active, et susceptible d'être vivement impressionnée. Les images évoquées dans leur esprit par un personnage, un événement, un accident, ont presque la vivacité des choses réelles. Les foules sont un peu dans le cas du dormeur dont la raison, momentanément suspendue, laisse surgir dans l'esprit des images d'une intensité extrême, mais qui se dissiperaient vite si elles pouvaient être soumises à la réflexion. Les foules, n'étant capables ni de réflexion ni de raisonnement, ne connaissent pas l'invraisemblable : or, ce sont les choses les plus invraisemblables qui sont généralement les plus frappantes16. »
Ce que David Hume reprochait indistinctement à l'individu et au groupe17, Le Bon l'identifie clairement chez les foules et chez des individus « diminués » au point de vue de l'entendement. Le goût du merveilleux, du légendaire, du fantastique, en un mot de l'invraisemblable confondu avec le réel ou le vrai, permet aux images utilisées pour mener une foule d'être beaucoup plus efficaces que n'importe quel raisonnement. Non seulement un raisonnement, requérant un effort de réflexion, constitue une entrave au désir immédiat de la foule, mais en plus il est trop prosaïque pour elle : il faut au contraire une idée d'exception, de toute-puissance, pour mener une foule. Le millénarisme, l'« irréel », fait une forte impression sur une foule, et peut devenir une puissant mobile d'action18.
« Ce ne sont donc pas les faits en eux-mêmes qui frappent l'imagination populaire, mais bien la façon dont ils sont répartis et présentés. Il faut que par leur condensation, si je puis m'exprimer ainsi, ils produisent une image saisissante qui remplisse et obsède l'esprit. Qui connaît l'art d'impressionner l'imagination des foules connaît aussi l'art de les gouverner16. »
Conservatisme:
En dépit de l'échauffement de l'imagination et de la portée acquise par celle-ci, les foules sont étroitement conservatistes. Les explosions de violence auxquelles on peut assister de la part d'une foule ne sont pas la preuve d'un désir de nouveauté. Au contraire : d'une part, la lassitude que peuvent ressentir les membres de la foule envers leur propre extrémisme peut leur donner envie d'un retour au passé, et d'autre part, les désirs et les craintes de la foule sont plutôt le reflet de désirs communs et de peurs ataviques. Une foule révolutionnaire matérialise le succès d'idées devenues communes, en même temps qu'elle est l'expression d'un instinct de destruction ou d'un désir de toute-puissance ; une autre foule qui croit qu'une fenêtre allumée est un signe adressé à un ennemi (qui ne peut en fait pas la voir) obéit à une crainte instinctive, plus proche de l'animalité que de la réflexion. Pour une foule, quelque chose de fondamentalement nouveau (qui ne renvoie pas à des désirs et à des idées déjà bien ancrées en elle) est effrayant, donc mauvais. « Leur respect fétichiste pour les traditions est absolu, leur horreur inconsciente de toutes les nouveautés capables de changer leurs conditions réelles d'existence, est tout à fait profonde13. »
Portrait du meneur:
Incapable de s'auto-organiser, la foule a besoin d'un meneur (nous parlerions aujourd'hui de leader) pour l'organiser et la faire subsister.
Le meneur-type est rarement extérieur à la foule. Bien souvent, il en partage les désirs et les idées. Il a d'abord été lui-même « mené », comme n'importe quel autre membre de la foule, avant d'acquérir un rôle de premier plan dans l'organisation sociale de la foule. Le Bon distingue d'emblée deux types de meneurs : les rhéteurs et les apôtres.
- Un rhéteur n'est pas entièrement acquis à la cause qu'il prétend défendre. Il peut y croire, mais il défendra aussi ses propres intérêts en même temps. Son influence peut être décisive mais ne sera qu'éphémère.
- Un « apôtre », lui, est entièrement et intégralement convaincu par l'idée qu'il défend. Il est extrêmement volontaire et croit en ce qu'il dit. Contrairement au rhéteur, il ne cherche pas tant son intérêt personnel (à moins qu'il n'identifie sa propre réussite en tant que meneur à celle de l'idée qu'il défend, comme Napoléon Ier) que le triomphe absolu de son idéal. Prêt à se sacrifier pour son idée, il embrase la foule expectante et peut la mener aux plus grands excès, tant héroïques (comme l'épopée napoléonienne) que cruelle (comme le lynchage d'ennemis communs).
Les rhéteurs sont très répandus, mais sont aussi vite oubliés une fois que leur influence ne se fait plus sentir. Les « apôtres » sont beaucoup plus rares, ont un poids social beaucoup plus importants et laissent en général un souvenir important dans l'histoire (quoique ce souvenir puisse être vu comme très positif ou très négatif selon les époques, sans que les évènements n'aient changé en eux-mêmes). Comme exemples du second type de meneurs, Le Bon cite Luther, Savonarole, Robespierre (qu'il décrit comme « hypnotisé par les idées philosophiques de Rousseau, et employant les procédés de l'inquisition pour les propager »19) ou encore Ferdinand de Lesseps.
À qui en a besoin, le meneur sert de guide. Celui qui ne sait guère penser par lui-même, ou qui manque de volonté proprement individuelle, se retrouve rapidement sous la coupe d'un meneur. Le meneur n'est pas un « homme de pensée », mais d'action : il sait créer la foi, flatter les désirs et les passions de ceux qui l'écoutent, il est comparable au démagogue déjà critiqué par Platon.
Les meneurs ont trois moyens d'action : l'affirmation, la répétition et la contagion.
- L'affirmation est une proposition simple, imagée, énergique. Elle transmet une forte passion et une puissante énergie. On pourrait en quelque sorte parler de « slogan ». Pour être la plus efficace possible, l'affirmation doit être « pure et simple, dégagée de tout raisonnement et de toute preuve... Plus l'affirmation est concise, plus elle est dépourvue de toute apparence de preuves et de démonstration, plus elle a d'autorité. Les livres religieux et les codes de tous les âges ont toujours procédé par simple affirmation20 ».
- Pour être efficace, il ne suffit pas à l'affirmation de correspondre à ces critères. Elle doit encore être répétée de nombreuses fois, et peu à peu finit par être acceptée comme une vérité. Il se forme alors un « courant d'opinion », on ne sait plus d'où vient l'idée originale et l'on a l'impression que cela a toujours été cru, donc su.
- Ceci suppose que la croyance, c'est-à-dire autant l'idée (par exemple, « le savon X est plus efficace que le savon Y ») que la façon dont on la considère (en considérant la proposition précédente comme vraie), soit partagée.
Le meneur qui réussit, par sa réussite même, ou l'idée répandue, acquiert par là un prestige qui lui confère encore plus de puissance et d'admiration. Mais dès que l'idée ou le pouvoir du meneur commence à être discutée, le prestige s'effrite ou se fragilise, la fascination s'évanouit, et si le succès disparaît le prestige disparaît aussi. Seuls quelques personnages historiques, pourvus d'un prestige « personnel » et non seulement acquis par les titres ou la réussite sociale, peuvent aller au-delà d'un tel oubli et survivre dans le souvenir des générations futures21.
Notes et références:
- Vincent Rubio, « Psychologie des foules, de Gustave le Bon. Un savoir d’arrière-plan, Sociétés(no 100) » [archive], sur http://www.cairn.info [archive], février 2008 (consulté le 8 avril 2013).
- Le Bon 1895, p. 4
- Le Bon 1895, p. 12
- Le Bon 1895, p. 153-160
- Le Bon 1895, p. 15
- Le Bon 1895, p. 171-191
- Le Bon 1895, p. 20
- Le Bon en donne un exemple au l. II, chap. II, §4 : « Mes premières observations sur l'art d'impressionner les foules et sur les faibles ressources qu’offrent sur ce point les règles de la logique remontent à l'époque du siège de Paris, le jour où je vis conduire au Louvre, où siégeait alors le gouvernement, le maréchal V..., qu'une foule furieuse prétendait avoir surpris levant le plan des fortifications pour le vendre aux Prussiens. Un membre du gouvernement, G.P..., orateur fort célèbre, sortit pour haranguer la foule qui réclamait l'exécution immédiate du prisonnier. Je m'attendais à ce que l'orateur démontrât l'absurdité de l'accusation, en disant que le maréchal accusé était précisément un des constructeurs de ces fortifications dont le plan se vendait d'ailleurs chez tous les libraires. A ma grande stupéfaction − j'étais fort jeune alors − le discours fut tout autre... “ Justice sera faite, cria l'orateur en s'avançant vers le prisonnier, et une justice impitoyable. Laissez le gouvernement de la défense nationale terminer votre enquête. Nous allons, en attendant, enfermer l'accusé. ” Calmée aussitôt par cette satisfaction apparente, la foule s'écoula, et au bout d'un quart d'heure le maréchal put regagner son domicile. Il eût été infailliblement écharpé si l'orateur eût tenu à la foule en fureur les raisonnements logiques que ma grande jeunesse me faisaient trouver très convaincants. »
- Le Bon 1895, p. 28
- Le Bon 1895, p. 28-37
- Le Bon 1895, p. 38
- Le Bon 1895, p. 38-41
- Le Bon 1895, p. 41-44
- Le Bon 1895, p. 48-53
- « Les raisonnements inférieurs des foules sont, comme les raisonnements élevés, basés sur des associations ; mais les idées associées par les foules n'ont entre elles que des liens apparents d'analogie ou de succession. Elles s'enchaînent comme celles de l'Esquimau qui, sachant par expérience que la glace, corps transparent, fond dans la bouche, en conclut que le verre, corps également transparent, doit fondre aussi dans la bouche ; ou celles du sauvage qui se figure qu'en mangeant le cœur d'un ennemi courageux, il acquiert sa bravoure ; ou encore de l'ouvrier qui, ayant été exploité par un patron, en conclut immédiatement que tous les patrons sont des exploiteurs. » (Le Bon 1895, p. 53-55).
- Le Bon 1895, p. 55-66
- David Hume, Enquête sur l'entendement humain, chap. 10.
- « Tout ce qui frappe l'imagination des foules se présente sous forme d'une image saisissante et bien nette, dégagée de toute interprétation accessoire, ou n'ayant d'autre accompagnement que quelques faits merveilleux ou mystérieux : une grande victoire, un grand miracle, un grand crime, un grand espoir. Il faut présenter les choses en bloc, et ne jamais en indiquer la genèse. Cent petits crimes ou cent petits accidents ne frapperont pas du tout l'imagination des foules ; tandis qu'un seul grand crime, un seul grand accident les frapperont profondément, même avec des résultats infiniment moins meurtriers que les cent petits accidents réunis... Un accident qui, au lieu de 5 000 personnes, en eût seulement fait périr 500, mais le même jour, sur une place publique, par un accident bien visible, la chute de la tour Eiffel, par exemple, eût au contraire produit sur l'imagination une impression immense. La perte probable d'un transatlantique qu'on supposait, faute de nouvelles, coulé en pleine mer, frappa profondément pendant huit jours l'imagination des foules. Or les statistiques officielles montrent que dans la même année un millier de grands bâtiments se sont perdus. Mais, de ces pertes successives, bien autrement importantes comme destruction de vies et de marchandises qu'eût pu l'être celle du transatlantique eu question, les foules ne se sont pas préoccupées un seul instant. » (Le Bon 1895, p. 55-66).
- Le Bon 1895, p. 106
- Le Bon 1895, p. 112
- « Tout homme qui réussit, toute idée qui s'impose, cessent par ce fait même d'être contestée. La preuve que le succès est une des bases principales du prestige, c'est que ce dernier disparaît presque toujours avec lui. Le héros, que la foule acclamait la veille, est conspué par elle le lendemain si l'insuccès l'a frappé. La réaction sera même d'autant plus vive que le prestige aura été plus grand. La foule considère, alors le héros tombé comme un égal, et se venge de s'être inclinée devant la supériorité qu'elle ne lui reconnaît plus. Lorsque Robespierre faisait couper le cou à ses collègues et à un grand nombre de ses contemporains, il possédait un immense prestige. Lorsqu'un déplacement de quelques voix lui ôta son pouvoir, il perdit immédiatement ce prestige, et la foule le suivit à la guillotine avec autant d'imprécations qu'elle suivait la veille ses victimes. C'est toujours avec fureur que les croyants brisent les statues de leurs anciens dieux. Le prestige enlevé par l'insuccès est perdu brusquement. Il peut s'user aussi par la discussion, mais d'une façon plus lente. Ce procédé est cependant d'un effet très sûr. Le prestige discuté n'est déjà plus du prestige. Les dieux et les hommes qui ont su garder longtemps leur prestige n'ont jamais toléré la discussion. Pour se faire admirer des foules, il faut toujours les tenir à distance. » (Le Bon 1895, p. 128).
Bibliographie:
- Gustave Le Bon, Psychologie des foules, Alcan, 1895, 191 p.
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02/03/2018
Biographie de Maurice Barrès (1862-1923)
19 août 1862 : Auguste Maurice Barrès naît à Charmes situé entre Nancy et Epinal sur la rive gauche de la Moselle. Son père ingénieur de Centrale, receveur des impôts avait épousé Anne Claire Luxer issue d'une famille de tanneurs de Charmes. Maurice Barres est le second enfant. Une fille, Anne Marie est née en novembre 1860.
1867 : le 21 avril, ses parents achètent une maison au 22 rue des Capucins. Maurice y vit une enfance heureuse et protégée par des femmes, sa mère d'abord, Hortense Ducloux une gouvernante qui lui apprend à lire et les sœurs de la Doctrine Chrétienne qui lui apprennent à écrire.
1870 : En début août, les soldats français vaincus à Wissembourg et à Frœschwiller refluent et traversent Charmes où entrent et cantonnent des troupes allemandes, du 16 au 18 août.
D'octobre 1870 à juillet 1873, la commune de Charmes est occupée et martyrisée. Les parents de Maurice doivent loger un bavarois qui le conduit tous les matins à l'école. Cet épisode sera repris dans son second roman des bastions de l'Est , Colette Baudoche publié en 1909.
1872 : Pour lutter contre la résistance, les allemands utilisent les notables de Charmes comme bouclier humain et les font monter sur les trains pour dissuader des attentats. Le grand père de Maurice Barrès, ancien maire de Charmes jusque 1870, subit ce chantage et prend froid sur une locomotive. Il meurt d'une pneumonie.
1873 : Le 27 juillet, les allemands quittent Charmes. En octobre, Maurice Barrès devient interne au collège de la Malgrange, à Nancy. Il y devient un bon latiniste et cultive sa singularité en se réfugiant dans ses rêves. Il écrira : "Le culte du moi, je m'y acheminai le jour où mes parents me laissèrent au milieu des enfants méchants dans la cour d'honneur de La Malgrange".
1877 : En octobre, il entre au lycée de Nancy appelé actuellement lycée Poincaré. Il devient ami avec Stanislas de Guaîta. Il découvre avec lui Emaux et Camées de Théophile Gauthier, Les Fleurs du Mal de Baudelaire et Salammbô deFlaubert.
1879 : En octobre, Maurice Barrès entre en classe de philosophie. Son jeune professeur Auguste Burdeau lui fait découvrir les derniers livres de Victor Hugo, la pensée de Spencer et celle de Schopenhauer.
Maurice Barrès par Jacques-Emile Blanche
1880 : En janvier, Jules Lagneau succède à Auguste Burdeau et lui fait découvrir Spinoza. Le jeune Barrès lit aussi Taine et surtout les idéalistes allemands, Fichte, Schelling et Hegel.
Au printemps, Barrès n'est plus interne et profite d'un petit appartement. Le 23 juillet, il a son baccalauréat et il s'inscrit en novembre à la faculté de Droit. Son certificat d'inscription est encore affiché dans la salle des professeurs de la Faculté.
1881 : Maurice Barrès et Stanislas de Guaîta publient leurs premiers articles de critique littéraire dans Le Journal de la Meurthe et des Vosges. Stanislas de Guaîta publie Les Oiseaux de Passage.
1882 : Barrès se brouille avec Stanislas de Guaîta pour l'amour de Louisa. Il continue ses activités de journaliste et rêve de devenir Maupassant. Il écrit sept nouvelles.
Le 31 décembre : Il obtient sa licence de droit et son père accepte de le voir partir à Paris grâce au pouvoir de persuasion de sa mère.
1883 : En janvier, il s'installe à Paris et écume le monde littéraire. Il rencontre Banville, Leconte de Lisle, Victor Hugo et Moréas. Il rejoint ensuite les symbolistes. Il suit les cours de philosophie de Jules Soury à l'Ecole des Hautes Etudes. Ce professeur scellera sa pensée politique. Stanislas Guaîta s'occupe quant à lui d'occultisme.
1884 : Barrès tente de lancer un journal "Les Tâches d'Encre". Des Hommes sandwich circulent dans Paris avec ce slogan "Maurin ne lira plus les Tâches d'Encres". Ce journaliste a été assassiné par la femme du député socialiste Clovis Hugues pour se venger de sa diffamation. Quatre numéros seulement seront publiés. Le premier numéro écrit par Barrès intégralement est consacré à Verlaine, Rimbaud, Baudelaire et Mallarmé.
1885 : En février, dans le dernier numéro des Tâches d'Encre, il publie une nouvelle "Les Héroïnes superflus" qui annonce son roman Sous l'Œil des Barbares.
En juin- juillet, il voyage à Jersey sur les pas de Victor Hugo. Il évoquera ce voyage dans Un Homme Libre.
1886 : Le 1er février, il publie dans Les Lettres et les Arts son premier article sur Paul Bourget avec qui il aura une amitié et complicité littéraire durables. Il voyage en Italie de février à mars.
En mai, il devient journaliste au Voltaire et profite d'une aisance financière. Il voyage en Août en Bretagne avec Charles Le Goffic. Il s'installe au 14 rue Chaptal à Paris.
1887 : Janvier-mars, il fait un deuxième voyage en Italie où il rencontre Henry James. En juillet, il voyage en Angleterre.
Le 14 Septembre, il évoque pour la première fois dans une chronique du Voltaire, le Général Boulanger. En Octobre, il voyage en Allemagne.
1888 : Il a une aventure amoureuse avec un modèle, Madeleine Deslandes qui sera évoquée dans Un Homme Libre.
En Février, Sous l'Œil des Barbares est publié chez Alphonse Lemerre. En mars, il publie une plaquette intitulée Huit Jours chez Renan et une seconde plaquette sous le titre, Monsieur Taine en Voyage.
Le 16 mars, il visite Avignon sur la route de son troisième voyage en Italie.
Le 1er Avril, La Revue indépendante publie son article sur le Général Boulanger "par qui naissent les grandes espérances". Il quitte le Voltaire pour entrer au Figaro. En Avril, une plaquette est publiée chez Dalou sous le nom Sensations de Paris.
En octobre, il entre en politique et part à Nancy préparer sa campagne de candidat boulangiste. En décembre, il publie une plaquette intitulée Boulangisme.
Stanislas de Guaîta fonde avec Péladan l’Ordre Kabbalistique de la Rose-Croix, dont fait aussitôt partie, Papus. Parmi les membres, des noms sont célèbres comme Erik Satie, Claude Debussy ou encore le banquier des artistes, Olivier Dubs. Satie compose une Sonnerie des Rose-Croix pour accompagner le rituel.
1889 : En janvier, Barrès est rédacteur en chef du nouveau journal boulangiste de Nancy, Le courrier de l'Est, "journal républicain révisionniste".
En avril, le général Boulanger s'enfuit à Bruxelles. Barrès publie chez Perrin, Un Homme Libre.
Le 6 octobre, Barrès est élu député au second tour. Il quitte la rue Chaptal et s'installe au 12 rue Legendre non loin du Parc Monceau à Paris.
1890 : En avril, il voyage dans le Midi et retrouve Paul Bourget à Hyères. Il visite Arles, les Baux de Provence, les Saintes Maries de la Mer et Aigues Mortes. Il emporte avec lui, conseillé par Charles Maurras, la cinquième édition de 1889, des Villes mortes du Golfe du Lyon que Charles Lenthéric a publié dès 1876 chez Plon. Il commence un roman, les Jardins de Bérénice dont l'action concerne un député boulangiste qui a une aventure amoureuse avec une jeune fille d'Aigues Mortes.
En septembre, il voyage à Venise et continue la rédaction de son roman.
1891 : Le 2 février, Henri de Régnier et Barrès organisent un banquet sous la présidence de Mallarmé, à l'Hôtel des Sociétés Savantes en l'honneur de Jean Moréas. Les Jardins de Bérénice sont publiés chez Perrin, en février.
Le 11 juillet, Barrès épouse Paule Couche. Ils partent en voyage de Noces en Bavière.
Le 30 septembre, le général Boulanger se suicide sur la tombe de sa maitresse. Barrès se reconvertit politiquement : "Le socialisme d'Etat, voilà le correctif indispensable de la formule anti-juive".
1892 : Barrès déménage et s'installe dans un hôtel particulier de la rue Caroline près de la place de Clichy. Il quitte la rédaction du Courrier de L'Est. Il voyage en mai en Espagne et à Bayreuth en Août.
1893 : Barrès est candidat aux élections de Neuilly-Boulogne pour les élections législatives de septembre. Il s'en prend à la présence des travailleurs étrangers sur le sol de France. Il commence à utiliser le mot nationalisme. Battu, il voyage en Italie.
Il publie L'Ennemi des Lois, une réflexion romanesque sur l'anarchisme et Contre les Etrangers pour vilipender les travailleurs étrangers qui retirent le pain de la bouche des français. Il publie aussi à la Grande impression parisienne une Étude pour la protection des ouvriers français.
Le 1er septembre, il assume la direction politique et littéraire du journal nationaliste La Cocarde. Dans l'équipe des rédacteurs, figurent Paul Bourget, Léon Daudet et Charles Maurras.
L’ordre de Guaîta est attaqué par Huysmans, qui l’accuse d’avoir envoûter à distance l’ex-abbé lyonnais Joseph-Antoine Boullan. Celui -ci meurt en attribuant son décès à la magie noire de Guaîta et de son secrétaire Wirth. Huysmans soutient cette hypothèse et se croit lui-même, victime d'attaques magiques.
Le journaliste Jules Bois, ami notoire de Boullan et de Joris Karl Huysmans, accuse publiquement Guaîta d'avoir assassiné le vieux prêtre. Guaîta convoque le journaliste à un duel au pistolet. Tous deux s'en sortiront indemnes. Jules Bois affirme dans Le Monde Invisible, qu'une des balles aurait été «magiquement arrêtée dans le pistolet».
1894 : Maurice Barrès définit son programme politique :
1/ rassemblement de tous dans un mouvement uni par une conscience nationale éclairée par la tradition,
2/ réforme sociale pour obtenir une stabilité sociale dans un groupe national uni dans un sentiment de même appartenance patriotique,
3/ assainissement du régime des partis parlementaires,
4/ un exécutif fort pour conduire la nation.
Les 22 et 23 février, la seule pièce écrite par Barrès et interdite par la censure Une Journée Parlementaire est jouée à huis clos sur invitation seulement. Cette pièce de théâtre est publiée chez Charpentier et Fasquelle.
En avril, il voyage en Italie. Du Sang, de la Volupté et de la Mort est publié chez Charpentier et Fasquelle.
1895 : Le 5 janvier, Barrès rend compte pour La Cocarde de la dégradation du capitaine Dreyfus. Il écrit : "La parade de Judas. Il n'est pas de race. Il n'est pas né pour vivre socialement..... Garde à nous, patriotes ! Quand donc les Français sauront ils reconquérir la France ? Unissons nous pour dégrader tous les traîtres". Jaurès publie dans l'Humanité un article sur le même ton.
1896 : Barrès s'installe à Neuilly au 100 boulevard Maillot. Il s'y présente vainement à des élections partielle. Son fils ainé Philippe naît. Il commence à publier ses cahiers dont le dernier paraîtra en 1929.
1897 : Le premier Roman de la série de L'Energie Nationale, les Déracinés est publié chez Fasquelle.
Le 20 novembre, après une rencontre avec Léon Blum qui lui demande de rejoindre les rangs des Dreyfusard, Barrès ne répond pas et publie un article consacré à l'Affaire Dreyfus, "La foi dans l'armée".
1898 : Après le J'accuse de Zola publié dans le Figaro du 23 février, Maurice Barrès renonce à décrire dans le Figaro du 24 février "Le Tourbillon, la fraternité, la joie de cette fin de journée".
Le 22 mai, il est candidat aux législatives à Nancy. Son programme repose sur trois idées:
1/ élection du Président de la République au suffrage universel
2/ amélioration de la condition ouvrière
3/ se protéger contre l'étranger notamment les juifs.
Il est battu par un candidat plus à droite et plus antisémite que lui. Barrès est une victime politique collatérale de l'affaire Dreyfus.
Le 29 juin, son père meurt à Charmes. En août, il visite le berceau de la famille Barrès, en Auvergne.
Le 4 octobre : Dans le "Journal", il publie un "état de la question" sur l'affaire Dreyfus. Pour lui, son innocence auquel il croit au fond de lui, est devenue secondaire. "Son pire crime est d'avoir servi pendant cinq ans à ébranler l'Armée et la Nation totale".
1899 : Barrès refuse la présidence de la ligue de la Patrie Française mais accepte d'être membre du bureau. La ligue organise sa première réunion publique le 19 janvier.
Le 23 février, Barrès est aux cotés de Déroulède qui a recomposé la ligue des patriotes. Lors des Obsèques nationale de Félix Faure, avec Guérin et le royaliste Buffet, Déroulède fait une romantique tentative de coup d'État. Il prend par la bride le cheval du général Roget et tente de l'emmener vers l'Élysée. Le général s'y refuse et le fait arrêter. Déroulède est condamné à 10 ans de bannissement. Barrès prend sa défense tout en le déclarant seul responsable pour se disculper. Millerand, alors ministre du commerce intervient pour que Maurice Barrès ne soit pas inquiété. Trois mois plus tard, Déroulède est relâché et banni en Espagne jusque 1905, année où il bénéficiera d'une amnistie. A cause de ce coup d'état, seront aussi bannis l'ancien président du conseil André Buffet et le comte Eugène de Lur Salurces alors propriétaire du château Yquem dans le Bordelais. Les deux royalistes s'exilèrent à Bruxelles.
Le 10 mars, Barrès prononce un célèbre discours à la Ligue de la Patrie française, "La Terre et Les Morts".
Le 20 juin, l'Action Française est fondée. Sollicité par Maurras, Barrès refuse d'être membre du comité directeur. Il est républicain et non royaliste.
En juillet, Barrès parcourt les champs de bataille de 1870, la Sarre et la Rhénanie. En décembre il prononce un nouveau discours à la Ligue de la Patrie française, sur l'Alsace Lorraine.
1900 : Le 5 avril, il publie l'Appel au Soldat. Barrès part pour la Grèce où il rencontre à Athènes, sur des échafaudages montés pour des travaux de restauration du Parthénon, Henri Bremond alors prêtre et directeur de la revue jésuite Etudes. Il devient pour Barrès une conscience religieuse et littéraire, jusqu'à sa mort.
Le 11 juillet, Action Française organise un dîner débat en l'honneur de Barrès. Le nationalisme a trois voie devant elle et ne peut être unanime.
1/ suivre un général qui serait plus fort et plus efficace que Boulanger comme l'aspire Déroulède,
2/ l'élection d'un président de la république au suffrage universel, solution proposée par Barrès,
3/ une monarchie comme le souhaite Maurras.
1901 : En février, Barrès est à Lausanne où il doit être témoin du duel entre Déroulède et Buffet mais la police interdit le duel.
En mai, Barrès accepte d'être le rédacteur en chef de la revue des patriotes de Déroulède nommée Drapeau. En juin, il est au second anniversaire du Bulletin de L'Action Française. En juillet, il écrit dans la Cause Lorraine, la revue créée par la Ligue de la Patrie Française.
Le 31 juillet, il arrive trop tard à Charmes pour assister à la mort de sa mère terrassée par un cancer à l'estomac. Il la veille, conscient qu'elle est toujours vivante en lui. "Puisque j'étais elle, je n'avais plus le droit de me gaspiller. Ma retraite. Retraite de la Politique". Il l'annonce en septembre mais elle ne dure pas longtemps !
1902 : En Février, il publie Leurs Figures chez Juven. En avril, il publie Scènes et Doctrines du Nationalisme chez Juven.
En mai, il va seul à Venise et passe l'été à Charmes, comme il le fera chaque année, jusqu'à sa mort.
Le 4 octobre, il accepte non sans réticences de participer à une réunion où il s'agit d'organiser une manifestation nationaliste le jour même des obsèques de Zola, prévues pour le lendemain. Rien ne sera décidé et Barrès préfère partir en Espagne.
1903 : En Février, il publie Amori et Dolori Sacrum, La mort de Venise chez Juven à Paris. Une édition fortement complétée Du Sang, de la Volupté et de la Mort est publié chez Plon et Nourrit.
En mars, Barrès qui s'est laissé convaincre de participer à des élections législatives partielles, est battu. Le peintre Jacques Emile Blanche présente Anna de Noailles à Barrès qui brûle de passion pour cette célèbre femme mariée qui est pourtant dreyfusarde.
1904 : Au printemps, le couple Noailles et le couple Barrès partent ensemble pour l'Italie.
1905 : En avril, il publie Au Service de l'Allemagne. En juillet, Anna de Noailles et Barrès se retrouvent à Royat.
En Automne, Barrès rachète à la comtesse de Martel elle même écrivain sous le pseudonyme de Gyp, le château de famille des Mirabeau situé dans le parc naturel du Lubéron. Il y séjournera chaque année, au printemps et en Automne.
1906 : Il publie Voyage de Sparte où il fustige les archéologues qui, pour mettre à jour l'œuvre de Phidias sur l'Acropole, ont abattu une vieille tour médiévale. Il publie aussi Ce que j' ai vu au Temps du Panama chez E. Sansot et Cie.
En janvier, il est élu à l'académie française, au siège de José Maria de Hérédia. En mai, il est élu au premier tour des élections législatives dans le premier arrondissement de Paris. Il y sera réélu jusqu'à sa mort.
En juillet, après la cassation sans renvoi de l'arrêt rendu par le Conseil de Guerres de Rennes contre Dreyfus, Barrès intervient à la Chambre pour reconnaître publiquement son innocence.
En décembre, après la séparation de l'église et de l'Etat, il intervient pour protéger le patrimoine architectural religieux laissé à l'abandon.
1907 : En Octobre, il rompt avec Madame de Noailles. En décembre, il fait un voyage d'études en Egypte.
1908 : Un vif duel oratoire oppose Barrès à Jean Jaurès au Parlement. Barrès refuse le transfert du corps d'Émile Zolaau Panthéon soutenu par Jaurès.
1909 : Barrès publie Colette Baudoche. Son neveu Charles Demanche est tombé amoureux de Madame de Noailles. Il se suicide par désespoir. Barrès donne à l'Université des Annales, une conférence sur l'Angoisse de Pascal.
1911 : Il publie Le Greco ou le Secret de Tolède chez Emile Paul.
Le 15 août, il prononce un discours sur l'Alsace Lorraine à Metz alors sous souveraineté allemande. Son discours est publié chez Emile Paul à 3000 exemplaires.
1913 : Il publie La Colline inspirée, consacrée à la colline de Sion en Lorraine et au Mont Saint Odile en Alsace.
1914 : Il publie La Grande pitié des églises de France. chez Émile-Paul.
En mai- juin, officiellement chargé d'une étude sur la situation des missions catholiques, Barrès parcourt l'Orient d'Alexandrie, de Beyrouth, de Damas, d'Alep et revient par Constantinople.
Comme Déroulède décède le 30 janvier, après réflexion et par fidélité à son ami, Barrès accepte en juillet de prendre officiellement la tête de La Ligue des Patriotes. Il est pourtant l'un des premiers à saluer la dépouille mortelle de Jaurès assassiné le 31 juillet.
Le 1er août, la guerre est déclaré. "La circonstance me commande une tâche d'excitateur patriotique". Il publie alors de nombreux articles à la gloire de l'armée et de la conduite de la guerre dans le journal L'Echos de Paris.
Le Canard enchaîné le déclare chef «de la tribu des bourreurs de crâne». Romain Rolland lui préfère le surnom peu flatteur de "rossignol du carnage".
Son fils, Philippe Barrès s'engage au 12e régiment de cuirassiers afin de prendre part à la première guerre mondiale avant d'incorporer le 1er bataillon de chasseurs à pied.
1915 : Il publie Une visite à l'armée anglaise chez Berger-Levrault.
1917 : Anna de Noailles renoue avec Barrès. Il publie Les familles spirituelles de la France aux éditions Emile Paul. Il y rend un vibrant hommage aux Juifs français où il les place au côté des traditionalistes catholiques, des protestants et des socialistes comme un des quatre éléments du génie national.
1918 : Son fils Philippe Barrès est décoré de la Croix de Guerre.
1920 : Il rassemble tous ses articles de guerre dans Chronique de la Grande Guerre dont les 14 volumes sont publiés jusqu'en 1924.
A
Anna de Noailles par Gilbert Poillot
1921 : Il publie Le Génie du Rhin où il prône la réconciliation avec l’ennemi allemand.
Le 13 mai, les dadaïstes et surréalistes, sous la présidence d'André Breton condamnent Barrès dans un procès fictif tenu à la salle des Sociétés savantes "pour atteinte à la sûreté de l'esprit".
André Breton expose l'acte d'accusation : «Le problème est de savoir dans quelle mesure peut être tenu pour coupable un homme que la volonté de puissance porte à se faire le champion des idées conformistes les plus contraires à celles de sa jeunesse. Comment l'auteur d'Un Homme Libre a-t-il pu devenir le propagandiste de l'Écho de Paris ?».
Cette manifestation, à l'issue de laquelle Barrès est condamné à vingt ans de travaux forcés, est à l'origine de la dislocation du mouvement dadaïste dès 1922. Les fondateurs du mouvement dont Tristan Tzara refusent toute forme de justice, même organisée par Dada.
1922 : Il publie Un jardin sur L'Oronte dédié à Anna de Noailles. Le scandale assure le succès du livre.
1923 : Il publie Enquête au Pays du Levant en deux tomes chez Plon-Nourrit, pour compter son voyage en Orient effectué en 1914.
Il publie aussi Les Souvenirs d'un Officier de la Grande Armée laissés par son grand père, Jean Baptiste Auguste Barrès. Dans sa préface, il écrit "J'ai achevé ma matinée en allant au cimetière de Charmes causer avec mes parents. Les inscriptions de leurs tombes me rappellent que mon grand-père est mort à soixante-deux ans et tous les miens, en moyenne, à cet âge ; elles m'avertissent qu'il est temps que je règle mes affaires"
Le 4 décembre, il meurt à Neuilly Sur Seine d'une crise cardiaque à l'âge de 61 ans.
Le 8 décembre, il a droit à des funérailles nationales.
Le 9 décembre, il est enterré à Charmes suivant sa dernière volonté.
Henri Bremond publie un livre sur Barrès. Il sera reçu à l'académie Française le 22 mai 1924.
1924 : " Faut-il autoriser les congrégations? Les Frères des écoles chrétiennes" et "Les Amitiés Françaises" sont publiés à titre posthume chez Plon-Nourrit à Paris.
1927 : Son fils Philippe publie chez Plon, un ensemble de notes sur des écrivains rassemblées sous le titre Les Maîtres.
1940 : Son fils Philippe Barrès rejoint la France Libre et met sa plume au service du général de Gaulle.
1965 : La République ou le Roi, Correspondance Barrès-Maurras, édition établie par Guy Dupré, est publiée chez Plon
LE CULTE DU MOI
Dans cette première trilogie, Maurice Barrès affirme les droits de la personnalité contre toutes les entraves de la société. Il revendique «Le petit bagage d'émotions qui est tout mon moi.
À certains jours, elles m'intéressent beaucoup plus que la nomenclature des empires qui s'effondrent. Je me suis morcelé en un grand nombre d'âmes. Aucune n'est une âme de défiance ; elles se donnent à tous les sentiments qui la traversent. Les unes vont à l'église, les autres au mauvais lieu. Je ne déteste pas que des parties de moi s'abaissent quelquefois.»
Dans le premier roman de ce triptyque publié en 1888 sous le titre Sous l'Œil des Barbares, Maurice Barrès s'attache à démontrer que notre moi n'est pas immuable, il faut constamment le défendre et le créer.
Le culte du moi est d'abord une éthique qui réclame des efforts réguliers. Notre premier devoir est de défendre notre moi contre les Barbares, c'est-à-dire contre tout ce qui risque de l'affaiblir dans l'épanouissement de sa propre sensibilité.
« Attachons-nous à l'unique réalité, au moi.—Et moi, alors que j'aurais tort et qu'il serait quelqu'un capable de guérir tous mes mépris, pourquoi l'accueillerai-je ? J'en sais qui aiment leurs tortures et leurs deuils, qui n'ont que faire des charités de leurs frères et de la paix des religions; leur orgueil se réjouit de reconnaître un monde sans couleurs, sans parfums, sans formes dans les idoles du vulgaire, de repousser comme vaines toutes les dilections qui séduisent les enthousiastes et les faibles; car ils ont la magnificence de leur âme, ce vaste charnier de l'univers. »
Dans le second roman, Un Homme libre publié en 1889, Maurice Barrès fixe les trois principes de sa méthode.
Premier principe : Nous ne sommes jamais si heureux que dans l'exaltation.
Deuxième principe : Ce qui augmente beaucoup le plaisir de l'exaltation, c'est de l'analyser.
Troisième principe : Il faut sentir le plus possible en analysant le plus possible.
Cependant, cette méthode lui fait prendre conscience que le fait de s'analyser le fait remonter à son passé, dont il est le produit, et notamment à son origine géographique, la Lorraine.
« C'est là que notre race acquit le meilleur d'elle-même. Là, chaque pierre façonnée, les noms mêmes des lieux et la physionomie laissée aux paysans par des efforts séculaires nous aideront à suivre le développement de la nation qui nous a transmis son esprit.
En faisant sonner les dalles de ces églises où les vieux gisants sont mes pères, je réveille des morts dans ma conscience (...) Chaque individu possède la puissance de vibrer à tous les battements dont le cœur de ses parents fut agité au long des siècles.
Dans cet étroit espace, si nous sommes respectueux et clairvoyants, nous pourrons reconnaître des émotions plus significatives qu'auprès des maîtres analystes qui, hier, m'éclairaient sur moi-même. »
Dans le dernier volet du Culte du Moi, Le Jardin de Bérénice publié en 1891, Maurice Barrès, député boulangiste de Nancy depuis 1889, retrace une campagne électorale.
LE ROMAN DE L'ENERGIE NATIONALE
Les trois volumes du Roman de l'énergie nationale, Les Déracinés publié en 1897, L'Appel au soldat publié en 1900 et Leurs Figures publié en 1902 témoignent de l'évolution de Maurice Barrès vers le nationalisme républicain et le traditionalisme, l'attachement aux racines, à la famille, à l'armée et à la terre natale.
Dans son célèbre discours du 10 mars 1899 à la Ligue de la patrie française, intitulé La Terre et les Morts, Maurice Barrès revient longuement sur la nécessité de «restituer à la France une unité morale, de créer ce qui nous manque depuis la révolution : une conscience nationale.»
«Certes, une telle connaissance de la Patrie ne peut être élaborée que par une minorité, mais il faut qu'ensuite tous la reconnaissent et la suivent.
À ce résultat général comment parvenir ?
En développant des façons de sentir qui naturellement existent dans ce pays.
On ne fait pas l'union sur des idées, tant qu'elles demeurent des raisonnements; il faut qu'elles soient doublées de leur force sentimentale. À la racine de tout, il y a un état de sensibilité. On s'efforcerait vainement d'établir la vérité par la raison seule, puisque l'intelligence peut toujours trouver un nouveau motif de remettre les choses en question.
Pour créer une conscience nationale, nous devons associer à ce souverain intellectualisme un élément plus inconscient et moins volontaire...
...Cette voix des ancêtres, cette leçon de la terre, rien ne vaut davantage pour former la conscience d'un peuple. La terre nous donne une discipline, et nous sommes le prolongement de nos ancêtres. Voilà sur quelle réalité nous devons nous fonder.»
En 1903, dans Amori et Dolori Sacrum, Maurice Barrès retrace son évolution personnelle. Dans ce texte, Barrès développe l'idée que notre Moi n'est que «l'éphémère produit de la société», et en vient, à la conclusion que «notre raison nous oblige à placer nos pas sur les pas de nos prédécesseurs.........certaines personnes se croient d'autant mieux cultivées qu'elles ont étouffé la voix du sang et l'instinct du terroir. Elles prétendent se régler sur des lois qu'elles ont choisies délibérément et qui, fussent-elles très logiques, risquent de contrarier nos énergies profondes. Quant à nous, pour nous sauver d'une stérile anarchie, nous voulons nous relier à notre terre et à nos morts.»
LES BASTIONS DE L'EST
Maurice Barrès est aussi le grand écrivain de la Revanche contre l'Allemagne victorieuse en 1871. C'est aux fins de "service national" qu'il rédige les trois volumes des Bastions de l'Est.
Le premier roman, Au service de l'Allemagne est publié en 1905.
Colette Baudoche publié en 1909 conte les aventures d'une famille lorraine contrainte d'accueillir un professeur allemand à la maison. Ce Roman obtient un immense succès.
Le Génie du Rhin publié en 1921 après la revanche de la première guerre mondiale, propose une réconciliation avec l'Allemagne pour tenter d'empêcher la seconde guerre mondiale.
CITATIONS DE BARRÈS
A la grande-duchesse, femme de Vladimir qui lui demandait : "Aimez vous mieux avant, pendant ou après ? ", il osa répondre "J'aime mieux avant parce que après c'est pendant."
Ce n'est pas la raison qui nous fournit une direction morale, c'est la sensibilité.
Il ne faut jamais s'attaquer à ceux qu'on n'est pas sûr d'achever.
La caresse d'une mère, une belle promenade, des heures émerveillées par des récits heureux agissent sur toute l'existence.
Une œuvre d'art, c'est le moyen d'une âme.
Tout livre a pour collaborateur son lecteur.
Il est des lieux où souffle l'esprit.
Nous sommes les instants d'une chose immortelle.
Le sens de l'ironie est une forte garantie de liberté.
Où manque la force, le droit disparaît ; où apparaît la force, le droit commence de rayonner.
Les trois citations qui figurent sur le monument érigé sur la colline de Sion en l'honneur de Maurice Barrès sont :
L'horizon qui cerne cette plaine, c'est l'horizon qui cerne toute vie. Il donne une place d'honneur à notre soif d'infini en même temps qu'il nous rappelle nos limites.
Honneur à ceux qui demeurent dans la tombe les gardiens et les régulateurs de la cité.
Au pays de la Moselle, je me connais comme un geste du terroir, comme un instant de son éternité, comme l'un des secrets que notre race, à chaque saison laisse émerger en fleur et si j'éprouve assez d'amour, c'est moi qui deviendrai son cœur.
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30/01/2018
Renaud Camus :
« Le trait essentiel de la modernité postmoderne est le remplacement, la substitution »
Fondateur du NON
Renaud Camus, vous êtes, au cœur d’une « tempête médiatique » : stupeur et tremblements, Alain Finkielkraut vous a invité sur France Culture dans son émission « Répliques » pour évoquer « Le Grand Remplacement » ! À première vue, pourtant, l’initiative n’a rien d’extravagant, et est même assez logique, puisque nul ne vous conteste la paternité du concept…
Concept, concept, c’est un peu beaucoup dire. Il ne s’agit guère que d’un nom ou, si l’on veut un terme savant, d’un syntagme, pour désigner le phénomène qui me semble être de très loin, en France et en Europe, le plus important de notre époque et, en ce qui concerne notre pays, sinon de toutes les époques, du moins des dix ou quinze derniers siècles : le changement de peuple et de civilisation, la substitution ethnique, la submersion migratoire. Ce phénomène a beau être de très loin, je le répète, le plus important de ce qui survient, il est aussi celui qui, par excellence, ne doit pas être nommé. C’est La Lettre volée : parfaitement en évidence, parfaitement visible, mais introuvable, indicible. Ceux qui ont tout intérêt à ce que le processus aille jusqu’à son terme craignent trop, s’il devenait objet de débat sur la place publique, que les peuples qui en sont les victimes se révoltent et l’interrompent, le renversent, malgré toutes les précautions prises, malgré l’hébétude où ils sont tenus et entretenus, malgré les menaces et chantages qui pèsent sur eux et sur ceux qui oseraient parler. On est là au cœur du tabou. Tout ce qui fait mine de le défier est nécessairement un scandale.
Alain Finkielkraut s’est fendu, si j’ose dire, d’un petit avertissement, rappelant que les mots « Grand Remplacement » sont sur toutes les lèvres, et invoquant, de ce fait, « l’anomalie de [votre] absence omniprésente ». Il est donc impossible d’inviter Renaud Camus sans devoir se justifier ?
Apparemment, d’autant plus qu’Alain Finkielkraut lui-même met sa situation en danger en m’invitant. Il fait preuve d’un grand courage. Tocqueville avait à merveille décrit cela : la mort civique est affreusement contagieuse. Ceux qui parlent aux bannis seront bannis. Le paradoxe est que sont bannis, par un geste inédit dans l’Histoire, non pas ceux qui sapent la société, l’État, la patrie, et veulent leur perte, mais au contraire ceux qui les défendent et désirent les sauver ; à moins, bien sûr, que le Grand Remplacement ne soit déjà accompli et que la société, la patrie, l’État, ce ne soit déjà le monde nouveau, le monde de remplacement, le monde remplaçant.
C’est ce que suggérait très fort mon interlocuteur, Hervé Le Bras, le démographe. Lui et moi sommes d’accord, au fond : le Grand Remplacement a bien lieu, plus personne ne le nie. La seule différence est que, pour ma part, il me désespère, tandis qu’Hervé Le Bras s’en réjouit, ou bien le considère avec indifférence, du point de vue de Sirius.
Cette intervention sur France Culture est elle, pour vous, le signe que la parole commence à se libérer sur le sujet ?
Hélas, cher Boulevard Voltaire, vous et moi avons cru si souvent que la parole commençait à se libérer, et nous avons été si souvent déçus… La Vérité sort peut-être de son puits, mais force est de reconnaître qu’elle y met le temps… Il y a des avancées, certes, et Boulevard Voltaire en est une, essentielle. Mais dans le même temps, le pouvoir aussi se renforce, calfeutre toutes les issues et accentue la répression : voyez tous les procès dont nous sommes accablés. Par pouvoir, j’entends le remplacisme, celui qui veut et qui promeut et qui impose le Grand Remplacement. Mais je parle aussi volontiers de remplacisme global, car je crois que le trait essentiel de la modernité postmoderne, si l’on peut dire, est le remplacement, la substitution : de l’original par le simili, de l’indigène par l’allogène, du réel par le fauxel, du vrai par le faux, du journalisme par l’info, de la littérature par le journalisme, de l’expérience de vivre par la sociologie, du regard par la statistique, de la lettre par le chiffre, des philosophes par les intellectuels, du malheur par la cellule psychologique, de la perte par le travail du deuil, de la mort par la disparition, du monde sensible par le site touristique, de Venise par Las Vegas, de Paris par Euro Disney, de la culture par le divertissement, de la pierre par le siporex, de la campagne par la banlieue, des Français par les « Français », des mères par les mères porteuses, de l’homme par la femme, de l’homme par l’homme, de l’homme par les robots, de l’homme par les tuyaux, de l’humanité par la Matière Humaine Indifférenciée (MHI).
On me demande souvent de résumer d’un mot ce que j’entends par remplacisme global et maintenant, par chance, je le puis : Macron. Emmanuel Macron est au carrefour exact des deux généalogies qui font cette idéologie : le second antiracisme, celui pour lequel il n’y pas de races, donc il faut les supprimer (par le métissage) ; et le financiarisme bancaire, celui où convergent les grands intérêts et la normalisation post-industrielle, l’hyperclasse hors-sol et Frederick Taylor, via l’effroyable Henry Ford. Ford, antisémite et pro-nazi, comme par hasard, avait eu l’idée de génie de vendre ses produits à ceux qui les produisaient. Le remplacisme global va plus loin et fait de l’homme même un produit, une matière, la MHI. Les malheureux migrants ne sont pas des réfugiés sauvés des eaux, ce sont des producteurs-produits-consommateurs livrés et réceptionnés en mer. Pour le remplacisme global, le naufrage est devenu un moyen de transport comme un autre.
Le point faible de ce mécanisme monstrueux, c’est qu’il a pour principe et pour point nodal le faux, le simili, l’imitation, le toc, la camelote, le low cost (dont il essaie bien sûr, non sans succès, de faire la norme, d’où la prolétarisation générale). Tombant par chance au bon endroit, un éclair de vérité pourrait faire s’effondrer d’un coup ce simili-monde, cette banlieue de l’être, comme avant lui l’univers soviétique, autre totalitarisme bâti sur le mensonge (mais moins habile, moins riche et moins séduisant).
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23/01/2018
FAUT-IL DÉBOULONNER LE GÉNÉRAL LEE ?
Pour la presse, Robert Lee serait un odieux raciste, fier partisan de l’esclavage. Or, rien n’est plus faux.
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05/12/2017
Communiqué:
Le Pasteur Blanchard président de notre association, dédicacera ces livres à la librairie française 5 rue Auguste Bartholdi 75015 Paris (Métro Dupleix ou la Motte Piquet) le samedi 9 décembre 2017, de 15h à 18h. Venez nombreux pour le rencontrer, en cela vous témoignerez votre soutien, à la cause des plus défavorisés des nôtre.
Alexandre Simonnot, secrétaire général de l’ASP
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03/11/2017
Mon maitre d’élection Vilfredo Pareto (1848-1923):
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14/10/2017
Réédition 2017, avec nouvelle préface……….
Aux sources du national-populisme - Maurice Barrés, Georges Sorel (Broché)
Le discrédit de nos société et organisations politiques issue de la philosophie des lumières ne procède pas d'une génération spontanée. Au tournant du xxe siècle, Maurice Barrès et Georges Sorel ont travaillé à édifier une autre modernité contre le cursus des lumières " franco-kantiennes " ; s'opposant au monde moderne, ils ont constitué une argumentation novatrice qui trouve sa force dans la cohérence interne de leurs principes.
Ils ont bien perçu la faille du système dominant. Leurs oeuvres constituent un champ de premier ordre ; ils sont historiens des idées, critiques de la culture, philosophes de la politique, mais aussi publicistes de renom. Leur pensée se situe dans ce courant alternatif de rejet des valeurs dominantes, nos auteurs se situent dans la lignée de Taine qui avait suivi Burke et Carlyle. Nous en trouvons l'histoire dans le remarquable livre de Isaïah Berlin A contre courant.
C'est avec Barrès et Sorel que se fait la synthèse du socialisme national : l'objectif de ce livre est de faire connaître la source de cette famille politique afin que l'homme du xxie siècle puisse se libérer de l'univers glacé de notre décadente société dans l'espoir que s'ouvre un Nouvel Age, nous permettant de redevenir maître de notre destin, sinon de notre avenir... En cela, Barrès et Sorel sont irremplaçables.
Prenant conscience de sa vocation de travailleur social, le futur pasteur des pauvres découvre l'étendue de la misère, en tant qu'éducateur à l'Armée du Salut à Paris. Croyant, de culture protestante, il devient pasteur, après un stage pastoral et une ordination au Saint Ministère. En 2005, le Pasteur Blanchard portera sur les fonts baptismaux l'Action sociale populaire (ASP).
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