Reprise des maraudes, à la fin du couvre feu.
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Reprise des maraudes, à la fin du couvre feu.

Pen est fier de son idée, qu'il présente aisément comme un «scoop». Qu'on appelle l'idée «restau du coeur FN», «soupe populaire FN», il s'en moque un peu. Ce qu'il veut, c'est les mener à terme, ses «repas chauds». Qu'importe le nom, «après tout, on n'est pas dans un meeting... Même si on ne cachera pas nos couleurs». Alors, le sourire satisfait de celui fraîchement installé dans le QG même du Front national à Saint-Cloud, il détaille, intarissable, précis en tout, ou presque. Sa camionnette se garera tous les lundis et jeudis soir, de novembre à mars, au pied de la gare Saint-Lazare (IXe arrondissement), préférée, dit-il, à celle du Nord, «trop chaude, avec tous ses toxicos»... Le véhicule devrait être blanc, marqué d'un sceau discret: l'Icaf-social (pour Institut consultant d'aide et de formation). Discret mais transparent: derrière le sigle, il y a le Front national qui salarie pour l'occasion le responsable de l'«institut». C'est que Jean-Pierre Blanchard a pour lui l'amitié de Jany Le Pen, épouse de, et celle de Samuel Maréchal, gendre du même, avec lesquels il dirige un Cercle des amitiés protestantes (1).
De généreux «amis». Une bible en évidence sur son bureau, le pasteur poursuit. Autour du véhicule Icaf-social, une équipe d'une demi-douzaine de personnes servira un repas type fait de soupe, sardines, chocolat, pain et madeleines. Selon ses prévisions, les cent litres de potage auront été préparés par une restauratrice «amie» du parti lepéniste mais qui désire conserver l'anonymat. Les madeleines proviendront d'une entreprise, elle aussi «amie» et tout autant anonyme. Quant au chocolat et aux sardines, un retraité les aura mis en sachet individuel. Anonyme et ami, encore. Et pour le service d'ordre, le Front national de la jeunesse coiffé par Samuel Maréchal a promis de prêter des bras. Tout comme la secrétaire de la fédération FN de Paris, Martine Lehideux.
C'est en septembre que l'«action de solidarité» de Jean-Pierre Blanchard s'est affichée au grand jour pour la première fois. Dans l'allée centrale de la fête des Bleu, Blanc, Rouge du FN. Là, le pasteur Blanchard, habitué ordinairement à vendre des ouvrages pieux, tendait des tracts. Dix-mille au total, qui en appelaient à la volonté des militants pour la «distribution gratuite de repas chauds» sur Paris. Avec cette précision: «En faveur de nos compatriotes les plus démunis.»
Un mois plus loin, le pasteur Blanchard assure pourtant qu'il n'y aura pas de discrimination. Que, non, on ne demandera pas leur carte d'identité aux «malheureux», comme cela s'était vu, en 1988, dans une opération similaire organisée par Fraternité française, cercle satellite du FN. Que, oui, «si un Maghrébin vient, ou un Africain, on le servira». Que, non, «il ne s'agit pas de sélectionner» les pauvres. Des choses comme ça. Avant de souffler qu'«à titre personnel», il est «pour la préférence nationale» jusque dans la débine et la faim, et qu'il s'«adresse d'abord à [ses] compatriotes». Une question, selon lui, de «justice sociale» et de «nécessaire rééquilibrage». Quant à savoir comment cela se traduira dans la pratique, mystère. Tout juste répète-t-il qu'«on fera tout pour avoir des SDF de "chez nous», tenus informés «dans le métro et ailleurs». Par qui? «Nos réseaux.» Les précisions s'arrêtent là.
De Mao à Le Pen. Et elles se font tout aussi courtes sur les arrière-pensées politiques d'une telle soupe populaire à la sauce nationale. Lui, l'instigateur, promet n'en voir aucune, avance que «ces gens, souvent, ne votent pas», et que ces repas chauds franco-français ne seraient que charité chrétienne. Pourtant, Jean-Pierre Blanchard concède qu'il y a là matière à offrir au FN un visage inédit, qui «suscite de bons échos» chez ses partisans. Et, plus important encore, que son action participe au virage du FN vers «un travail d'enracinement et de terrain, qu'il ne faut pas laisser à la gauche». Un nationalisme social, apte à faire du FN un parti «porteur d'espérance». C'est que le pasteur Blanchard, mao à 20 ans au début des années 70, de «toutes les marches dans le Larzac», un temps éducateur devenu tardivement frontiste, en connaît un bout sur le «terrain». C'est même la raison pour laquelle Le Pen l'a engagé, affirme-t-il. Pour son «savoir» (2).
Des réserves sur le personnage. Toutefois, à quelques jours de ses premières distributions de repas, le pasteur Blanchard est loin d'avoir la certitude de réussir son coup. Question finances, en attendant mieux via des dons d'entreprises, l'Icaf-social n'a récolté auprès des militants FN que 15 000 F. Une somme dérisoire, reconnaît-il, loin des 70 000 F budgétés pour «tenir cinq mois» et distribuer les 10 000 repas espérés. Et son association dont est membre Winfried Wermeling, auteur au début des années 90 d'une campagne de «trois millions de signatures contre l'avortement et pour la vie» avec son Union nationale pour l'Europe chrétienne n'a pas obtenu du parti le local qu'elle souhaitait.
Souriant toujours, envers et contre tout, le pasteur Blanchard met cette réserve des siens sur le compte de son «passé atypique». De Mao à Le Pen, via le protestantisme, encore que celui-ci passe ici par une église ultra-conservatrice luthérienne d'origine américaine, non rattachée à la Fédération protestante de France. Comme si les idées de ce pasteur sans charge paroissiale, qui se range volontiers parmi les «modérés» du FN, n'étaient pas au goût de toutes les instances de son parti. Un Front national qui a pourtant fait du social une de ses priorités. Notamment en mars 1996, avec la création d'un département des affaires sociales dirigé, entre autres, par Carl Lang (vice-président du parti), François-Xavier Sidos (membre du cabinet de Le Pen et ex-mercenaire chez Bob Denard) ou Pierre Vial (conseiller régional FN et ancien dirigeant du Grece). Des typiques, ceux-là.
(1) Voir le Front national, histoire et analyse, de Jean-Yves Camus (éditions Olivier Laurens).
(2) Le rôle premier de l'Icaf-social est, d'ailleurs, de dispenser des formations en ce sens aux villes gérées par le FN. Y compris Marignane (Bouches-du-Rhône), qui avait retiré en 1995 l'aide municipale accordée aux Restaus du coeur fondés par Coluche...

IMPRESSIONS DE MARAUDE...
Par Philippe Gauthier,
auteur et essayiste:
En ce 25 avril 2017, j'ai eu l'honneur d'être invité en tant qu'écrivain, notamment autour de "La Toussaint Blanche", célèbre livre prévoyant les conséquences absolument catastrophiques de l'immigration en France de populations déracinées inassimilables, par le Pasteur Jean-Pierre Blanchard à participer à sa traditionnelle maraude de nuit auprès des pauvres gens qui vivent habituellement dehors sur nos trottoirs.
Cette grande maraude, démarrant de la Porte d'Italie, nous donne l'occasion unique de découvrir, à travers tous les grands axes parisiens, un autre monde que nous tous, y compris en cette soirée très proche des élections présidentielles, les ceux qui collent encore des affiches pour Mélanchon, embourgoisés dans notre confort habituel, avons du mal à comprendre.
Avec l'expérience du Pasteur Blanchard qui sait où se trouve son monde, car cette population n'est pas spécialement nomade, contrairement à ce qu'on pourrait croire. Elle habite son coin de trottoir ou son abri sous le métro aérien ou encore sa bouche d'aération à ciel ouvert.

On découvre aussi parmi ces personnes sinistrées beaucoup d'européens, des polonais, des russes et même un allemand, sans doute échappé de sa patrie au miracle économique permanent.
Vers 1h30 du matin, nos provisions de vêtements sont déjà épuisées et notre clientèle commence à dormir à poings fermés sur les trottoirs. Il est temps de regagner notre confort.
Philippe
IMPRESSIONS DE PRE-MARAUDE...

Par le Pasteur
Blanchard.
Comme chaque année, à partir de la fin août, mon épouse Catherine et moi-même organisons des prés-maraudes. Certains secteurs de notre circuit ayant été désertés par les sans-logis ou évacués par la police, il nous faut découvrir de nouveaux trajets, trouver les nouveaux "refuges" de nos amis.
Ce mois d'août assez clément nous a permis de sillonner les rues de la capitale et d'établir une nouvelle carte routière de la pauvreté. Par exemple, nous avons innové en descendant l'avenue des Gobelins à partir de la place d'Italie, puis en suivant le boulevard Arago (où siège la prestigieuse faculté de théologie protestante).
Tout au long de notre chemin, la pauvreté s'affiche. Elle s'installe et les personnes dormant dans la rue sont de plus en plus nombreuses. Certaines sont surprises que nous venions de notre lointaine banlieue pour leur venir en aide. Mais, nous retrouvons, à nouveau, une attitude empreinte de gentillesse et de reconnaissance de la part des SDF. Rares sont les réactions agressives. Vêtements et couvertures sont toujours autant demandés. Les besoins sont énormes et même si les moyens de l'Action Sociale et Populaire sont limités, ils répondent à une attente réelle.
Nos amis fidèles de l'ASP , Pascal Aberlen et Gérard d'Orséti , ont vécu cet été leur dixième et douzième expériences de maraude. Ils en tirent chaque fois, une grande "leçon existentielle" qu'ils n'oublieront pas de sitôt.
Tard dans la nuit , de retour chez nous, à Athis-Mons, nous nous couchons , partagés entre le sentiment du devoir accompli et un pincement au coeur.
Pasteur Blanchard

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LIEUX D'ACCUEIL DIVERS POUR HOMMES ET FEMMES MAJEURS.
L’Agora
DOMICILIATION POUR TOUS LES COURRIERS. Comité des sans-logis
♣ Pour les personnes handicapées :
Advocacy Paris-île-de-France
♣ Aide juridique et administrative gratuite :
Point d’accès au droit (PAD) du 13e 4 place de Vénétie/8 avenue de Choisy 75013 Paris Point d’accès au droit (PAD) du 15e
♣ Quelques hôpitaux :
Hôpital Bichat – Claude-Bernard
8 rue des Deux-Ponts 75004 Paris
Saint-Merri
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