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28/04/2020

721 SDF morts dans la rue en 2019:

 

 

 

 

 

 

 

 

 Mais on achète des hôtels pour les migrants…

 

 

 

 

 

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Le nouveau mobilier urbain de Madame Hidalgo a été conçu pour éviter que les SDF ne viennent y trouver refuge…

 

 

 

 

 

 

 

 

 
 
 
Journaliste
 
 
 
 
 
 

Ancien directeur des rédactions de l’Agence Gamma

 
 
 
 
 
 
 

Ce quinquennat misérable s’achève sur un bilan peu glorieux qui n’est pas celui, pourtant désastreux, du chômage. Celui des 721 SDF, ces laissés-pour-compte de notre société, qui sont morts dans la rue, comme 721 bougies qui se seraient éteintes dans l’indifférence de la nation. 721 cadavres relevés dans nos rues pendant les 365 jours de 2019. Pour cette année 2020, déjà, ce sont 104 corps qui ont été retrouvés sur le macadam, dont Christina, âgée de 45 jours, et Christian, un pauvre hère abandonné de 72 ans.

 

 

 

 

Un terrible bilan, en effet, peu glorieux mais hélas endémique, pour ceux qui ont la charge de la survie de leurs concitoyens. Et lorsque les statistiques vous annoncent froidement que la moyenne d’âge de ces victimes de l’indifférence est de 49 ans, on ne peut que s’offusquer du peu de réalisme de notre devise républicaine : liberté (oui, celle de crever dans la rue), égalité (non), quant à la fraternité, qu’en dire ?

 

 

 

 

Chacun d’entre nous est responsable, bien sûr, quand nous tournons la tête devant ce pauvre homme qui nous tend une main crevassée.

 
 
 
 
 
Chacun d’entre nous devrait remettre une piécette à cette main qui appelle au secours afin de pouvoir dormir ce soir, dans un foyer ou un petit hôtel. Mais que penser de cet État dit républicain qui abandonne ainsi les plus faibles ? Que penser, par exemple, de Mme Hidalgo, que les bobos parisiens ont placée pour six ans à la tête du destin de la capitale, lorsque l’on apprend que le nouveau mobilier urbain a été conçu pour éviter que les SDF ne viennent y trouver refuge ? Que penser lorsqu’une dépêche très peu diffusée par nos médias nous informe que la République vient de racheter à Accor 62 hôtels Formule 1 pour y  loger, non pas des Français, mais une dizaine de milliers de migrants ?
 
 

 

 

 

En effet, la SNI, filiale de la Caisse des dépôts qui vient de remporter l’appel d’offres du gouvernement afin de créer des logements d’urgence, a donc acquis, dans un premier temps (ce qui veut dire que les achats d’hôtels vont se poursuivre), 62 hôtels économiques dont les chambres vont être réhabilitées et leur gestion confiée à Adoma.

 

 
 
 

Allez-vous continuer à dormir tranquilles lorsque cette injustice est institutionnalisée ? Allez-vous continuer à voter pour des hommes et des femmes aussi peu soucieux du sort de leurs concitoyens et qui leur préfèrent une population allogène venue d’ailleurs et en toute illégalité ? Car, nous le savons bien, en dehors de quelques milliers de migrants venus chercher la paix chez nous, et que nous devons accueillir, l’immense majorité sont des clandestins économiques qui viennent tenter d’occuper nos villes et nos campagnes, et souvent dans un but de nous inculquer, insidieusement, leur religion.

 

 

 

 

Le quotidien La Croix a eu le courage de publier le nom de ces 501 morts anonymes pour qui le collectif Les Morts de la rue avait organisé, le 23 mars dernier, un hommage solennel sur la place du Palais-Royal à Paris. Face au Louvre, posées sur de petits tapis verts figurant le gazon d’un cimetière, 501 feuilles portant le nom des 501 victimes de notre société avaient été disposées au pied d’un petit pot de primevères. Chaque feuille, bordée d’un liseré noir, mentionnait le nom du défunt, son âge, la date et l’endroit où son corps avait été trouvé.

 

 

 

 

46 de ces personnes étaient des femmes, 11 des mineurs. 5 étaient réputées mortes de froid, les autres avaient succombé à une maladie, un accident, une agression ou à leur suicide. De fait, ils étaient surtout morts de notre insensibilité. De la lâcheté endémique de notre société et de ses gouvernants.

 
 
 
 
 
 
 
 
 

 

 

 

 

 

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24/04/2020

BRÊVE HISTOIRE DE MAZAMET (1).

 

 

 

 

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C’est au pied du versant nord de la Montagne noire, loin des ports, que Mazamet est tapie. De tout temps, la ville a été mal desservie par les routes. Et le chemin de fer ne fit son apparition que très tardivement.

 


 
Malgré ses désavantages, à partir du XIX ème siècle, Mazamet s'enrichit et étend ses relations  avec le monde entier. En effet, elle importe d'Argentine, d'Uruguay, du Chili, d'Afrique-du-sud, d'Australie, de Nouvelle Zélande des peaux de moutons qu'elle transforme en cuir et en laine pour les exporter vers l'Angleterre, l'Italie et jusqu'aux Etats-Unis.  Au coeur de cette extraordinaire aventure industrielle, nous trouvons la bourgeoisie protestante de la cité.

 


 
Paradoxalement, ce patronat avait des convictions "républicaines" et votait à gauche alors que la majorité des ouvriers d'origine catholique votaient pour la droite cléricale et "réactionnaire". Le baron Reille qui avait des liens avec la hiérarchie catholique était le candidat des classes populaires. Grâce à leur vote massif en sa faveur, il remportait toutes les élections. Pendant des générations, de père en fils ou d'oncle à neveu, les Reille furent élus députés, presque sans interruption, de 1869 à 1958.

 

 

Des patrons plus à gauche que leurs ouvriers, une ville enclavée devenant l'avant-garde du dynamisme industriel, une situation unique et autant de questions que nous aborderons dans le prochain article.   

  

 

A suivre...   

 

 

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21/04/2020

Le confinement pénitentiaire: arme de destruction psychologique et de neutralisation politique:

 

 

  Par Khider Mesloub.

 

 

 

 

 

La politique de confinement est l’ultime tentative désespérée d’un système capitaliste en déclin de freiner sa chute, accélérée par l’irruption du coronavirus, qu’il rend mensongèrement responsable de l’effondrement de l’économie. Pour juguler la pandémie,  dans l’affolement et l’improvisation, de nombreux gouvernements affligés par ailleurs d’une une crise économique plus  mortelle que le coronavirus, incapables d’aligner des équipements médicaux et une armée de médecins pour combattre efficacement et humainement la pandémie du COVID-19, ont,  de manière machiavélique, décrété de combattre stratégiquement leur population par confinement, cette arme psychologique de destruction massive  censée anéantir le virus de la contestation populaire mondialement répandu ces récentes années, afin  de conjurer  l’amorce de soulèvements sociaux dans ce contexte d’effondrement économique marqué par les faillites d’entreprises, l’explosion du chômage et la crise sanitaire.

 

 

 

Aussi, dans cette crise du COVID-19, faut-il redouter la maladie ou le confinement ? L’internement des citoyens innocents en bonne santé, décrété au nom de la prétendue protection des personnes âgées et vulnérables, à notre époque hautement technologique censée être équipée d’infrastructures médicales de pointe, interpelle à plus d’un titre.

 

 

 

 

Sans conteste, le confinement, procédé « moyenâgeux », pour reprendre la formule du professeur Didier Raoult, constitue une mesure qu’aucun dictateur n’aurait désavoué. D’aucuns s’interrogent sur l’auteur étatique mystérieux de l’invention du virus concocté par quelque laboratoire malveillant. La vraie question à poser serait plutôt : les virus ayant toujours existé, connaissant leur taux de létalité (estimé à moins de 2 % de décès), pourquoi avoir suscité une telle peur panique parmi les populations sinon pour légitimer le confinement pénitentiaire, décrété, lui, pour des desseins initialement inavoués et inavouables. Mais, aujourd’hui, ces desseins se révèlent au grand jour, à considérer l’incessante activité ministérielle des différents gouvernements de la majorité des pays, illustrée par le nombre incommensurable d’ordonnances promulguées ces deniers jours. À l’évidence, chaque État, à la faveur du confinement, s’applique à blinder son pouvoir despotique par l’instauration de mesures sécuritaires et attentatoires à la liberté, sous couvert de pandémie du Covid-19. Sous prétexte de guerre virologique, les classes dominantes mènent une guerre de classe aux classes populaires. Les dirigeants profitent de la pandémie pour aggraver les lois antisociales et la dictature étatique, renforcées par la militarisation de la société. Nous assistons, impuissants, à un véritable « coup d’état sanitaire » perpétré dans de nombreux pays. En lieu et place d’équipements médicaux et de personnels soignants, nous avons droit, en guise de médication politique, à une artillerie de lois répressives et au déploiement de militaires pour nous soigner contre notre virus contestataire létal.

 

 

Globalement, les premières retombées rentables surgies de ce confinement ne bénéficient qu’aux classes dominantes. En effet, profitant de notre frayeur et de notre tétanisation suscitées par la médiatisation terrifiante de la pandémie du Covid-19, de notre emprisonnement domiciliaire, de l’état de siège et de l’interdiction de rassemblement et de manifestation, les classes possédantes du monde entier ont fait voter par leur État, en l’espace de quelques jours, des dizaines de lois de régression sociale et de répression politique qu’aucun tyran n’aurait osé imposer.

 

 

 

Concomitamment, ces classes possédantes ont instauré, pour sauver leurs richesses aux moyens de renflouements des banques, de subventions aux entreprises, d’exemptions fiscales, de nationalisations de certains secteurs, le socialisme pour les riches, et ont perpétué en l’aggravant le capitalisme pour les pauvres. Comme on le relève, la gestion de la crise prétendument «sanitaire» confine davantage à une opération de sauvetage de la santé (momentanément) de l’économie des capitalistes mise sous perfusion alimentée par l’argent public, plutôt qu’à la protection de la vie des malades (qui en dépit du confinement partiel à géométrie variable ne cessent de décéder par milliers). Nonobstant la gravité de la crise sanitaire, les États ont débloqué mille fois plus d’argent public pour subventionner les trusts, les banques, les bourses que pour secourir financièrement et matériellement les hôpitaux et autres structures pour lutter contre le COVID-19.  En effet, excepté les discours incantatoires, le volet sanitaire n’a bénéficié d’aucune mesure concrète matérialisée par l’acquisition d’équipements médicaux toujours cruellement défaillants dans les établissements de soin, ni dans la « société civile » où la population demeure toujours en butte à la pénurie de matériels de protection (masques, solutions hydro alcooliques, tests de dépistage, gants), livrée à elle-même sans protection ni soin, et, dans cette phase de confinement, sans approvisionnement alimentaire, en particulier dans certains pays pauvres où le confinement s’apparente à un véritable blocus.

 

 

 

 

Quoi qu’il en soit, en dépit des tentatives de neutralisation de la contestation sociale et politique par le confinement, les peuples ont déjà discerné la source du problème de la crise sanitaire et économique actuelle. Au-delà du mystérieux virus invisible agité comme un épouvantail par les classes dirigeantes pour terrifier les populations, le mystère de l’origine des crises sanitaires et économiques virales actuelles se dévoilent. Le «patient zéro» a été identifié par l’ensemble des peuples meurtris : il s’agit du capitalisme mortifère. Aujourd’hui, le virus capitaliste a muté en sa version périlleuse dont on observe les premiers symptômes létaux. Le grand capital fait déjà payer l’effondrement économique aux classes populaires, réduites au chômage et à la paupérisation absolue.

 

 

 

Une chose est sûre : le monde entier assiste à la faillite d’un système économique en déclin, à la débâcle de l’ordre social dominant, à l’échec historique d’une classe bourgeoise agonisante, à l’incurie criminelle des Etats, à la tentative de militarisation de la société impulsée par les classes dominantes aux fins de sauver désespérément leur système.

 

 

Heureusement, cette crise inédite de cette ampleur commence à déclencher de profondes mutations dans les consciences, des interrogations sur la pérennité du modèle économique dominant, de réelles aspirations à la transformation de la société. Certes, l’onde de choc suscitée par la désagrégation brutale de l’économie et par l’amoncellement de cadavres livrés cruellement à la crémation tétanise encore la population atterrée, enterrée. Mais la colère, souterrainement, gronde, fermente, monte.

 

En tout état de cause, si, historiquement, le capitalisme a constitué originellement une réponse économique progressiste aux limites stérilisantes du féodalisme, aujourd’hui il représente un obstacle, voire un danger, à l’évolution humaine, au développement des forces productives, contraignant les peuples opprimés, notamment les travailleurs, à devoir à leur tour le dépasser par l’instauration de leur mode de production supérieur fondé sur des rapports sociaux humains égalitaires. Particulièrement en cette période de pandémie du COVID-19, exigeant la mise en commun, à l’échelle mondiale, de toutes les ressources et connaissances scientifiques, par-delà les intérêts étatiques nationalistes (liés aux classes possédantes propriétaires des moyens de production et d’échanges) pour œuvrer collectivement au développement des ressources sociales collectives et à la conception rapide d’un vaccin en vue de l’administrer gratuitement à toutes les victimes dans le monde entier.

 

Mesloub Khider  

 

 

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17/04/2020

Maurice Barrès, Leurs Figures (1902):

 

 

 

 

 

 

 

 

parJean Garrigues

 

Professeur d’histoire contemporaine à l’université d’Orléans, 

 

 

 

eurs Figures  [1][1] Maurice Barrès, Leurs Figures, Paris, F. Juven, 1902,..., est le troisième volet de la trilogie de Maurice Barrès intitulée Le Roman de l’énergie nationale. Quelque peu déçu par sa première expérience politique comme député boulangiste de la troisième circonscription de Nancy, de 1889 à 1893, candidat malheureux à Neuilly en 1896, puis de nouveau à Nancy en 1898, il a entrepris de raconter les espoirs et les désillusions de sa génération dans cette nouvelle trilogie romanesque.

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Dans le premier volet, Les Déracinés (1897), il a décrit les grandes ambitions d’un groupe de lycéens lorrains, incités à vivre leurs rêves de gloire par Bouteiller, leur professeur de philosophie  [2][2] Personnage inspiré par Auguste Burdeau, qui fut.... Ils sont donc partis tenter l’aventure, Renaudin comme journaliste, Suret-Lefort en politique, tandis que Sturel, double de Barrès, joue un double rôle d’acteur politique et de juge. Dans le deuxième volume, L’Appel au soldat (1900), il raconte son aventure boulangiste, ses succès électoraux mais aussi ses déceptions face à la grande foire du boulangisme. Mais c’est surtout dans Leurs Figures, significativement dédié au nationaliste antisémite Édouard Drumont, que Barrès livre sa vision la plus critique et la plus désenchantée du monde politique. Le roman est en effet centré sur le scandale de Panama comme catalyseur de la pourriture parlementaire. Mais le paradoxe de l’écrivain, c’est que cette répulsion voisine avec une véritable fascination, qui fait de ce roman un objet plus complexe qu’il n’y paraît, et surtout un témoignage criant de vérité sur le théâtre politique de son temps.

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La répulsion antiparlementaire est le fil conducteur de Leurs Figures. La Chambre des députés y est présentée comme l’antre de la médiocrité et la bassesse, car « ces médecins, ces avocats, ces industriels », « par cette médiocrité qui leur permit de ne point offusquer l’électeur », « nous donnent la moyenne de leur arrondissement » (p. 5). Il ne leur reconnaît qu’une seule qualité, « commune à tous : la combativité. » Car, écrit Barrès, « quelles ruses et quelle ténacité ne fallut-il pas au plus humble de ces élus contre ses adversaires, pour les vaincre, et contre ses amis, pour les évincer ! » Mais c’est une combativité malsaine, faite avant tout de « caponerie, c’est-à-dire le caractère d’un joueur rusé, fin, ennemi de tout héroïsme, appliqué seulement à prendre ses avantages. »

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Ce sont des opportunistes, à l’instar de son ex-camarade « ingénieux et véreux » Suret-Lefort (dont l’un des modèles est le lorrain Raymond Poincaré), capable de trahir son parti si ses intérêts le réclament, « déraciné de toute foi » et subissant « simplement l’atmosphère, les fortes nécessités du milieu » (p. 6). Suret-Lefort par exemple « ne vote jamais d’après son sens propre et sur la question présentée, mais toujours pour ou contre le ministère », selon les nécessités de son ascension partisane (p. 7). « Toujours pressé, sa serviette de cuir noir sous le bras », il s’efface « d’un joli air devant des collègues importants », distribuant « des éloges à des sexagénaires » (p. 11-12). La vie de Paris ayant fait de lui « un être absolument étranger à la notion du vrai », le Palais-Bourbon l’a complété « en lui donnant de la lâcheté ». Par ailleurs, il n’hésite pas à trahir son ancien professeur, car aspirant « à prendre dans la majorité républicaine la place que Bouteiller, compromis et décrié ne semblait plus en puissance de tenir » (p. 274).

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Comme lui, la plupart des députés sont incapables de prendre de la hauteur, de « servir le pays », de « se libérer des soucis du candidat pour devenir des hommes politiques », uniquement préoccupés qu’ils sont « de satisfaire dans la surenchère électorale leurs comités » (p. 18-19). En fait, l’explication de cette lâcheté et de cet opportunisme, aux yeux de Barrès l’idéaliste, c’est que les députés sont dominés par la peur :

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Peur de quoi ? Un peu de peur, le matin, en ouvrant leur courrier, les journaux de leur arrondissement, les lettres de leur comité ; un peu de peur, dans les couloirs, s’il faut refuser tel vote, s’aliéner celui-ci, se différencier de celui-là ; un peu de peur, même chez l’orateur le plus habile, quand il s’agit de prendre position à la tribune. (p. 13)

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Et c’est précisément cette peur panique qui s’empare du Palais-Bourbon au moment où éclate le scandale de Panama, à la rentrée parlementaire de l’automne 1892.

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« C’est, dit Sturel, la panique des animaux quand, à des signes multiples, ils pressentent un tremblement de terre et quand le sol commence à manquer sous leurs pas. » Il décrit « les couloirs où les députés se jettent, à trois heures, sur la Cocarde  [3][3] Dirigée par Barrès en 1894-1895., comme au réveil ils s’étaient jetés sur la Libre Parole  [4][4] Journal d’Édouard Drumont. et sur l’Intransigeant  [5][5] De l’ex-boulangiste Rochefort., pour savoir si on les dénonçait. » Et « leurs figures  [6][6] D’où le titre du roman. qu’ils veulent faire sereines, trahissent leurs battements de cœur ; les plis de leur front, leur hébétude, car ils s’épuisent à supputer les raisons du ministre pour les couvrir. » (p. 25)

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Le scandale de Panama n’est aux yeux de Barrès que la partie émergée d’un iceberg d’affairisme et de corruption, qui est au cœur du monde parlementaire. L’une des figures de député corrompu est un député conservateur, le baron de Nelles, qui « ne qualifiait jamais un collègue par son attitude politique, mais par les affaires où il le savait mêlé. » Et de citer Maurice Rouvier, plusieurs fois ministre des Finances et président du Conseil, le garde des Sceaux François Thévenet ou le ministre du Commerce et de l’Industrie Jules Roche, trois familiers de l’affairisme. Ce qu’explique Barrès :

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Qu’on soit agent électoral dans un arrondissement ou chef de groupe à la Chambre, le maniement des hommes nécessite beaucoup d’argent : des dîners, des secrétaires, des journaux, et surtout de la générosité. C’est pour être généreux que tant de parlementaires sont malhonnêtes. Suret-Lefort qui savait, pour s’en être fait des succès dans les réunions publiques, que les concussionnaires abondent au Palais-Bourbon, fut tout de même interloqué d’apprendre petit à petit, et des membres de la majorité, que les fournitures de la Guerre, les Conventions avec les grandes Compagnies, la conversion des obligations tunisiennes, les rachats de Chemins de fer et la constitution du Réseau de l’État étaient des « affaires ». (p. 7)

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C’est dans ce système qu’ont prospéré les intermédiaires de la corruption, ceux par qui le scandale de Panama est arrivé, le baron de Reinach, parent du député Joseph Reinach, et l’ex-médecin Cornelius Herz, ami notamment de Georges Clemenceau. Proche d’Édouard Drumont, dont le journal La Libre Parole a dévoilé en septembre 1892 « les dessous de Panama », Maurice Barrès est très bien informé sur les tenants et les aboutissants du système de corruption mis en place par la Compagnie, et sur le rôle que les deux intermédiaires y ont joué. Le premier

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entrait dans toutes sortes d’affaires où il apportait comme contribution son influence parlementaire. Dans les fournitures militaires, dans les Chemins de fer du Sud, on vit son action prédominer et toujours avec un caractère d’infamie […] L’influence parlementaire du baron de Reinach tenait le plus souvent à des secrets surpris, à des complicités antérieures. Il ne la vendait si cher qu’en faisant comprendre à ses acheteurs que refuser ses services, c’était s’assurer son hostilité. (p. 40)

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Herz [que Barrès appelle Cornelius] et Reinach ont :

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chacun leur personnel à la Chambre et dans les ministères. L’équipe du baron de Reinach, c’étaient les rédacteurs de la République française  [7][7] Journal fondé par Gambetta. : Devès, président du Conseil d’administration, Antonin Proust, Jules Roche, Rouvier, etc. Comme trotteur, il usait de son neveu et gendre Joseph Reinach. Mais comment se passer des radicaux à une époque où les ministères étaient tous de concentration ? De là, le rôle de Cornelius. Celui-ci disposait de la Justice et avait de nombreuses relations à l’extrême-gauche : Clemenceau et Ranc étaient ses hommes. Il allait trouver un Freycinet  [8][8] Plusieurs fois ministre. et, brutal juif, disait à ce petit homme faible, merveilleusement intelligent et bien élevé : « Si vous ne nous donnez pas cela, nous avons un groupe qui votera contre vous. » Freycinet s’est plaint à d’honnêtes gens de cet état de choses. (p. 44-45)

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Quant à Reinach, il

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avait la passion de collectionner des « petits papiers » avec quoi, dans le parlementarisme français, qui n’est qu’un système de chantage, on fait marcher les hommes. […] Le 17 juillet 1888, le baron de Reinach fit copier par ses employés des chèques, que le même jour, et pour assurer des concours à la Compagnie de Panama, il distribua aux hommes politiques. Sur ces copies il laissa en blanc le nom des donneurs d’acquit, mais, de sa propre main, il inscrivit des initiales indiquant les véritables bénéficiaires des chèques. Voilà un précieux document. (p. 49)

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C’est en effet un bordereau qui a circulé au moment du scandale, attestant d’une liste de 104 « chéquards » (parmi lesquels Rouvier, Thévenet et Roche) qui auraient reçu de l’argent de la Compagnie.

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Mais ce qui est passionnant dans Leurs Figures, c’est que ce monde politique présenté comme un monde de médiocrité, de lâcheté et de corruption, exerce une fascination telle sur Maurice Barrès que sa description des grandes heures du scandale dans l’hémicycle apparaît comme un morceau de bravoure de la littérature parlementaire. C’est ainsi qu’il décrit la séance du 21 novembre 1892, la « Journée de l’Accusateur », le député nationaliste Jules Delahaye, ex-compagnon de Barrès dans l’aventure boulangiste. Tout y est : la préparation du discours (« Tout le dimanche, il s’enferma avec ses fortes phrases qu’il forgeait, essayait, remettait encore sur l’enclume pour qu’elles ne lui manquassent pas dans la bataille », p. 99) ; la montée de la tension avant la séance (« À cinq heures, on crut entendre les trois coups au rideau pour l’ouverture d’un drame que tout le monde annonçait sans connaître les collaborateurs ni le scénario. » p. 103) ; l’introduction dramatique : « Je vous apporte, disait-il, mieux que l’affaire Wilson. Celle-là n’était que l’impudence d’un homme. Panama, c’est tout un syndicat politique sur qui pèse l’opprobre de la vénalité » (p. 105) ; la gestuelle de l’accusation : « Magnifique jeu de scène ! Delahaye maintenant désignait du doigt les concussionnaires. Oui, son doigt, que six cents parlementaires suivaient, cherchait sur leurs bancs les criminels épars. » (p. 107) ; le rôle du président de la Chambre Charles Floquet, « penché jusqu’à mi-corps de sa haute tribune », et qui « ne cessait d’insulter l’orateur en l’observant », le sommant de livrer les noms (p. 109) ; enfin les réactions de la salle : « À chaque allégation de son réquisitoire, les pupitres soudain battus par cinq cents passionnés pour grossir leur clameur rappelaient le bruit de friture suivi d’un cri que fait le fer rouge sur l’épaule d’un galérien. » (p. 108)

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Et l’on retrouve le même mélange de précision journalistique et d’émotion dramatique dans la description de la séance du 20 décembre 1892, intitulée par Barrès « la première charrette » car elle voit le vote de la levée d’immunité parlementaire pour cinq députés. Le récit par Barrès de l’arrivée de Maurice Rouvier, le principal accusé du jour, est empreint d’une fascination troublante :

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Avec son aplomb de sanguin fortement musclé, ses larges épaules, son regard de myope qui ne daigne s’arrêter sur personne, avec tout cet aspect singulier d’Arménien transporté des quais de Marseille à Paris, et toujours parlant haut, de cette admirable voix autoritaire qui, depuis quatre ans, brutalise, subventionne et soutient tout ce monde-là, il allait parmi les journalistes, de groupe en groupe, disant : « - Qui cite-t-on sur les chèques ? » (p. 135)

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De même pour l’affrontement qui suit entre Paul Déroulède, chef de file des nationalistes, et Georges Clemenceau, chef de file des radicaux, accusé (à tort) d’avoir été corrompu par son ami Cornelius Herz. Pour Barrès, c’est « un nouveau scandale », car « on va débusquer, pousser du toril dans l’arène le plus sauvage, le plus féroce de tout le pâturage parlementaire, le petit taureau au large poitrail, au mufle carré, celui qui épouvante les meilleurs “espadas”, M. Clemenceau. » La mise en scène romanesque de cet affrontement au sommet est grandiloquente, à l’instar de la tirade accusatrice de Déroulède, surnommé par ses contemporains « le poète de la Revanche » :

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La voix de l’orateur, son grand corps penché, sa légende d’honneur, ses phrases trop rapides pour les sténographes eux-mêmes, son bras perpétuellement levé, baissé, comme s’il lapidait un infâme, c’est une avalanche brutale qui va de la tribune contre une seule poitrine et que rien dans cette déroute du règlement ne pourrait arrêter. (p. 143)

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La riposte de Clemenceau est finement décrite, par un connaisseur de l’éloquence parlementaire :

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Cet homme né agressif et qui, même dans la vie familière, procède par interpellation directe et par intimidation, ne pouvait avoir qu’une méthode : d’opposer à un réquisitoire une provocation et de se justifier en courant sus à l’accusateur. Mais le milieu parlementaire, nonobstant les licences de cette soirée exceptionnelle, impose des formes convenues aux sentiments que de tels ennemis voudraient traduire sur l’heure en violences. L’outrage, la haine, l’appétit de sang, Clemenceau ne les montra d’abord que dans sa façon d’accentuer et de ponctuer. Et cet endiguement des fureurs haussait ce corps à corps jusqu’au caractère royal d’une tragédie. (p. 148)

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Clemenceau revient au premier plan du récit lors de la séance du 21 juin 1893, qui le voit ridiculiser les accusations, totalement fantaisistes d’un autre député nationaliste, Lucien Millevoye :

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On eût dit d’un somnambule, écrit Barrès à propos de l’accusateur maladroit. Sa complaisance, qui décevait ses amis secrets et comblait ses adversaires, suscita un carnaval de lazzis et d’injures […] Spectacle navrant de voir cet honnête homme décervelé et comme ensorcelé sous la frénétique incantation des coquins. (p. 243)

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Et c’est ainsi qu’un « tourbillon d’injures, un cyclone prend Millevoye sur la tribune, le porte hors de la Chambre. Pour lui, momentanément, tout est perdu (hormis l’honneur). » (p. 246)

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En réalité, cette ultime « journée » panamiste, qui s’achève dans le ridicule pour les accusateurs nationalistes, marque bel et bien la fin du scandale. Clemenceau en paiera injustement les pots cassés en perdant son siège de député du Var, mais le rapport de la commission d’enquête parlementaire aura définitivement enterré l’affaire des « chéquards. » D’où l’amertume de Barrès :

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Aux élections d’août-septembre 1893, le plus grand nombre des chéquards furent réélus. Comme jadis après la fièvre boulangiste, l’accès de Panama tombé, on était revenu au plus immoral « chacun pour soi ». Dès l’instant que l’opposition avait écarté les moyens révolutionnaires et refusé d’exiger une dissolution, les parlementaires ne s’étaient plus inspirés que du « Sauve qui peut ! » ordinaire. Devant les électeurs, ils s’entr’aidèrent ou se trahirent, selon leurs convenances, qu’ils fussent de droite ou de gauche, intacts ou tarés. (p. 274)

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Pour qui chercherait à comprendre les tenants et les aboutissants du scandale de Panama, Leurs Figures n’est évidemment pas le témoignage à privilégier. C’est le point de vue, à la fois subjectif et romanesque, d’un acteur engagé dans le courant nationaliste, solidaire des Delahaye et autre Déroulède, écrivant à charge contre un système politique qu’il se propose de balayer.

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Mais cette critique féroce du monde parlementaire se juxtapose à une fascination pour ce monde, pour ses acteurs comme pour ses rituels. Sous la plume incisive, parfois haineuse de Barrès, émergent malgré lui les figures majestueuses d’un Rouvier ou d’un Clemenceau, que politiquement il exècre. Sous le récit militant de l’antiparlementarisme, apparaît une description minutieuse du théâtre parlementaire, de ses coulisses, de ses mises en scène et de ses moments forts. « Pour moi, ces spectacles ignobles me transportent de lyrisme », avouera-t-il un jour. Et c’est précisément ce qui fait l’intérêt primordial de Leurs Figures, aux yeux de l’historien de la vie parlementaire. Au-delà des outrances militantes et des emportements romanesques, Maurice Barrès nous offre un témoignage exceptionnel sur le monde parlementaire de son temps, tant par la qualité journalistique de ses observations que par sa capacité à restituer la grandeur lyrique de ce monde à l’apogée de son histoire. Au confluent de plusieurs champs d’histoire, politique, littéraire, culturelle ou anthropologique, Leurs Figures est une sorte d’archétype dans ce champ d’études nouveau que constitue le roman parlementaire.

 

Notes

[1]

Maurice Barrès, Leurs Figures, Paris, F. Juven, 1902, 301 p.

[2]

Personnage inspiré par Auguste Burdeau, qui fut le professeur de Barrès à Nancy, avant de devenir député du Rhône et plusieurs fois ministre.

[3]

Dirigée par Barrès en 1894-1895.

[4]

Journal d’Édouard Drumont.

[5]

De l’ex-boulangiste Rochefort.

[6]

D’où le titre du roman.

[7]

Journal fondé par Gambetta.

[8]

Plusieurs fois ministre

 

 

 

 

 

 

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14/04/2020

Bienvenue au bagne Amerika:

 

 

 

 

 

  Par Mike Withney. Sur 

 

 

 

 

Cet article est très instructif.  Il nous explique dans le détail ce qui se passe en sous-main, dans les bureaux feutrés du grand capital international.  Pendant que l’on terrorise la plèbe avec une méchante grippe coronavirus et pendant que chaque gérant d’estrade, d’hôpital ou de résidence pour aînées, y va de ses diagnostics et  de ses pronostics à propos de l’accès aux masques et aux tests de dépistage – de la durée du confinement qui étrangle l’économie (et donc la populace asymptomatique aussi bien que fiévreuse) – derrière les rideaux de la bourse, ceux qui décident vraiment  de votre futur d’aliéné(e), préparent les conditions pour se sauver avec le pactole – avec la cagnotte de millions de milliards de dollars que les États bourgeois et leurs banques centrales essaiment présentement à tout vent. Mais qui donc remboursera ce crédit -monnaie sans valeur car adossé à aucune valeur concrète puisque l’économie est confiné avec ceux qui la font tourner… les ouvriers?  Lisez bien cet article et vous saurez avant même les larbins politiciens qui surveillent votre distanciation sociale sur le parking du centre d’achat  ou sur le tarmac de l’aéroport et qui seront demain en faillite. Robert Bibeau. Éditeur https://www.les7duquebec.net

 


 

Mike Withney écrit:  Imaginez que le Congrès US approuve une mesure pour former un partenariat public-privé entre le Trésor américain et la Réserve fédérale. Pouvez-vous imaginer ça ?

 

 

 

 

Imaginez maintenant qu’un Congrès paniqué et mal informé donne à la Fed un chèque en blanc pour renflouer tous ses coquins et copains escrocs et ses amis de Wall Street, permettant à la Fed de fournir plus de 4 500 de milliards de dollars à des sociétés englouties dans les flots, qui ont arnaqué les investisseurs Mémé et Pépé en leur vendant des obligations qui ont été utilisées pour faire grimper le cours de leurs actions, afin que les PDG Raminagrobis bien dodus puissent agir comme des bandits.

 

 

 

 

Imaginez que toute ces pertes financières d’acteurs privés soient empilées sur la dette nationale poussant les taux d’intérêt à long terme dans la stratosphère tout en écrasant les petites entreprises, les ménages et les travailleurs ordinaires.

 

Essayez maintenant d’imaginer l’impact que cela aurait sur l’avenir de la nation. Imaginez que la Banque centrale (privée) reçoive le feu vert pour dévorer le Trésor (public), contrôler les «cordons de la bourse» du pays, et utilise l’autorité fiscale nationale pour [obliger les contribuables à consolider ses milliers de milliards de dollars de paris à effet de levier ultra-risqué, ses pyramides de ponzi conçues pour être opaques, et ses dettes spéculatives massives incontrôlées laissant un trou noir béant dans son bilan ?

 

Eh bien, vous n’aurez pas à imaginer ce scénario beaucoup plus longtemps, car la réalité est  déjà à portée de main. Regardez, les hurluberlus du Congrès, incompétents, traîtres et stupides, ne sont qu’à quelques centimètres de l’acte crucial d’aliénation des cordons de la bourse, qui sont non seulement leur plus grande force, mais lui permettent aussi de refréner les abus du pouvoir exécutif en contrôlant les flux de financement. Ce pouvoir est le pouvoir suprême du gouvernement, c’est pourquoi les pères fondateurs l’ont confié aux élus du peuple, au Congrès. Maintenant, ces imbéciles discutent de la cession ou non de cette autorité à un cartel bancaire privé qui a considérablement élargi le gouffre entre riches et pauvres, incité à la spéculation destructrice de l’industrie et gonflé à plusieurs reprises des bulles géantes de prix des actifs qui ont inévitablement explosé, envoyant les actions et l’économie réelle en chute libre dans l’abîme.

 

 

 

L’idée de fusionner la Fed et le Trésor est apparue sous sa forme primitive dans un article des anciens présidents de la Fed, Ben Bernanke et Janet Yellen, dans le Financial Times. Voici un court extrait de l’article :

 

«La Fed pourrait demander au Congrès l’autorisation d’acheter des montants limités de dette de qualité supérieure… L’intervention de la Fed pourrait aider à redémarrer cette partie du marché de la dette des entreprises, qui subit des tensions importantes. Un tel programme devrait être soigneusement calibré pour minimiser le risque de crédit pris par la Fed tout en fournissant les liquidités nécessaires à un marché essentiel. » Financial Times

 

 

La Fed n’est pas autorisée à acheter la dette des entreprises, car cela ne relève pas de son mandat qui est «la stabilité des prix et de plein emploi». Il ne lui est pas non plus permis d’intervenir arbitrairement sur les marchés pour choisir des gagnants et des perdants, ni de renflouer des sociétés pleunichardes mal gérées qui trafiquaient le système à leur propre avantage lorsque toute l’affaire leur a explosé au visage. C’est leur problème, pas celui de la Fed ni celui du contribuable américain.

 

 

Mais remarquez comment Bernanke  (l’hélicoptère man) souligne comment «Un tel programme devrait être soigneusement calibré pour minimiser le risque de crédit pris par la Fed». Pourquoi pensez-vous qu’il a dit cela ?

 

 

Il l’a dit parce qu’il anticipe un accord selon lequel le nouvel attelage Trésor-Fed pourrait acheter jusqu’à «4 500 milliards de dollars de dette d’entreprise», selon Marketwatch et Bank of America. Et voilà la façon dont cela fonctionnera : la Fed sélectionnera les obligations qui seront achetées et le risque de crédit sera concentré sur le Trésor américain [les contribuables]. Apparemment, Bernanke et Yellen pensent qu’il s’agit d’un arrangement «équitable», mais d’autres pourraient différer sur ce point.

 

 

N’oubliez pas qu’au cours de la seule semaine dernière, les investisseurs ont retiré un montant record de 107 milliards de dollars d’obligations de sociétés, un marché qui est gelé depuis près d’un mois. La seule activité est l’augmentation continue des rachats par des investisseurs frénétiques qui veulent récupérer leur argent avant que la liste des cotations ne se dirige vers les fonds sous-marins. C’est le marché que Bernanke veut voir renfloué par le peuple américain, principalement parce qu’il ne veut pas submerger le bilan de la Fed sous les pertes. Il veut trouver un pigeon qui prendra les pertes à sa place. C’est là que l’oncle Sam entre en scène, il est la cible de ce subterfuge. Ce même thème apparaît dans un article du  Wall Street Journal. Vérifiez-le :

 

 

«Au moins, le Trésor a réalisé qu’il avait besoin d’une facilité pour fournir des liquidités aux entreprises. Mais au moment où nous écrivons ceci, M. Mnuchin insistait toujours pour que le Trésor ait le contrôle de la majeure partie de l’argent pour pouvoir le verser directement aux entreprises qu’il veut aider. C’est une recette pour choisir les gagnants et les perdants, et donc pour des combats politiques amers et des mois de vilains titres criant au favoritisme. La meilleure réponse du Trésor serait d’utiliser l’argent du Congrès pour reconstituer le Fonds de stabilisation des changes et soutenir la Fed dans la création d’une facilité ou des véhicules spéciaux en vertu de l’article 13 (3) pour prêter de l’argent à tous les arrivants. » Leaderless on the Econom , Wall Street Journal

 

 

Je peux à peine croire que l’auteur soit assez audacieux pour nous dire cela droit dans les yeux. Lisez-le attentivement, il dit «Nous voulons votre argent, mais pas vos conseils. La Fed choisira qui recevra l’argent et qui n’en recevra pas. Mettez simplement vos milliers de milliards sur le comptoir et foutez le camp. »

 

N’est-ce pas ce qu’ils disent ? Bien sûr que oui. Et le reste de l’article est encore plus arrogant :

 

«La Fed peut facturer un taux, mais les véhicules devraient être ouverts à ceux qui pensent avoir besoin de l’argent, et pas seulement à ceux que le Trésor juge dignes.» [Quoi ? Le Trésor ne devrait pas avoir son mot à dire sur qui reçoit l’argent des contribuables !!] La crise de liquidité imminente est tout simplement trop grande pour ce genre de prise de décision bureaucratique et politisée. The Wall Street Journal

 

Tu piges ? En d’autres termes, les gens du Trésor sont tout simplement trop stupides ou ont trop de préjugés pour comprendre les subtilités d’un plan pour un renflouement monumental comme celui-ci. Est-ce de l’arrogance ou quoi ?

 

C’est le mépris que ces gens ont pour vous et moi et tous ceux qui ne font pas partie de leur troupeau élitiste de réprouvés. Voici un extrait d’un autre article du WSJ qui aide à montrer comment les médias financiers poussent cette gigantesque subvention à destination des entreprises américaines :

 

 

«La Réserve fédérale, le Département du Trésor et les régulateurs bancaires méritent des félicitations pour leurs actions audacieuses et nécessaires afin de fournir des liquidités au système financier américain au milieu de la crise du coronavirus. Mais il reste encore beaucoup à faire. Nous recommandons donc :


(1) une action immédiate du Congrès…. d’autoriser le Trésor à utiliser le Fonds de stabilisation des changes pour garantir des fonds monétaires de premier ordre,


(2) des mesures réglementaires pour effectuer des réductions temporaires des fonds propres bancaires et des exigences de liquidité [Ainsi les banques n’auront plus besoin d’avoir des réserves en contrepartie de leurs prêts ] … prêts supplémentaires de la Fed aux banques et aux non-banques…. [Par «non-banques», l’auteur entend-il des fonds spéculatifs qui ont sombré ?]

Nous recommandons à la Fed de prendre de nouvelles mesures en tant que prêteur de dernier recours. Premièrement, elle devrait rétablir le mécanisme d’enchères à terme, utilisé lors de la crise de 2008, permettant aux institutions de dépôt d’emprunter contre une large gamme de garanties à un prix d’adjudication [Elles veulent supprimer l’exigence d’une bonne garantie triple A] … Deuxièmement, elle devrait envisager d’exercer davantage son pouvoir en vertu du paragraphe 13 (3) de fournir des liquidités supplémentaires aux non-banques, y compris potentiellement des achats de dette d’entreprise par le biais d’un véhicule à usage spécial » Faire plus pour éviter une crise de liquidité, Wall Street Journal

 

 

Ce n’est pas un renflouement, c’est une blague, et il n’y a aucun moyen que le Congrès approuve ces mesures, en particulier la fusion du Trésor (public) américain avec les coupe-gorge (privés) de la Fed. C’est une prescription pour un désastre ! La Fed doit être abolie et non considérée comme une institution d’État. C’est de la folie !

 

Et voyez comment l’auteur veut mettre en place un véhicule financier à usage spécial (SPV) afin que la chicane comptable puisse être tenue secrète, ce qui signifie que le public ne saura pas combien d’argent est jeté dans les toilettes en essayant de ressusciter ces sociétés insolvables dont les dirigeants vivent encore sur un grand pied avec l’argent qu’ils ont volé aux investisseurs crédules. Toute cette arnaque pue jusqu’au ciel !

 

 

Pendant ce temps, les travailleurs américains recevront 1 000 dollars chacun pour les calmer, jusqu’à ce que les dettes s’accumulent jusqu’aux combles et qu’ils soient forcés de voler la superette du coin pour nourrir leurs enfants. Est-ce juste ?

 

Et ne vous y trompez pas : ce n’est pas un renflouement, c’est l’agenda politique de l’élite visant à créer une sous-classe permanente qui travaillera pour des nèfles juste pour survivre.

 

 

 

10/04/2020

Impressions de Maraude ..........In memoriam

 

 

  Par le Pasteur BLANCHARD

  Président de l'Action Sociale et Populaire

 

 

 

 

 

 

Dans une société qui change à chaque instant, depuis plus de six ans que nous suivons l’évolution de la misère dans les rues de Paris, nos impressions ne peuvent être que paradoxales. Pourtant, certains repères restent stables : parmi eux, le légendaire Francis.

 

 

 

Nous l'avons rencontré en 2008. A l'époque, il dormait dans le renforcement d'un bâtiment à la sortie d'un garage. Il y avait amoncelé des tas d’objets sur une hauteur de deux mètres et vivait au milieu de ce fatras. Le temps passant, il devint une destination incontournable de nos sorties. , à tel point qu’il était devenu un point nodal. A sa rencontre, chaque maraudeur recevait comme une onction de légitimité.

 

 

 

Un jour, plus de Francis. Cela faisait un certain temps qu'il était malade. Il sombrait à vue d'oeil de rencontres en rencontres ; ce qui l'amena à faire plusieurs séjours à l'hôpital. Avant de disparaître tout à fait dans la nature. Qu'était-il devenu ?  A chacun de nos passages dans son secteur, nous ne pouvions nous empêcher de nous interroger sur ce qu’il était devenu.

 

 

 

Enfin, un soir, nous l'avons retrouvé installé à quelques mètres de son ancien quartier général soigné après une longue hospitalisation. Il était bien là, encore, lors de cette maraude  en compagnie d' Emmanuel et sa belle mére. Depuis son retour, c'est chaque fois le même rituel. Dès qu’il me m'aperçoit, il s’écrit "tiens, voilà le Pasteur !", ajoutant, tout de go, en parlant de Catherine "et la photographe !" Dans un monde instable, il reste égal à lui-même tel que l’éternité le change.

 

 

 

Pasteur Blanchard

 

 

 

 

07/04/2020

Covid-19 – crise sanitaire – écologique – économique – mondiale:

 

 

 

 

chair à canon.jpg

 

 

La société – la nature – le coronavirus

 

 

 

This paper is available in English-Italiano-Spanish on this webmagazine:
1.04.2020-Covid 19-English-Italiano-Spanish

 

 

This paper is available in Portuguese on this blogue: https://queosilenciodosjustosnaomateinocentes.blogspot.co...

 

 

La sphère «naturelle-environnementale-écologique» est déjà subsumée dans un système capitaliste entièrement mondialisé, réussissant à changer les conditions climatiques de base et à dévaster tous les écosystèmes précapitalistes (féodal, esclavagiste, primitif)  au point qu’ils ne fonctionnent plus comme jadis. C’est là un facteur de causalité, puisque tous ces processus de dévastation écologique réduisent «le type de complexité environnementale où la forêt entrave les chaînes de transmission». En réalité, il est erroné  de considérer ces régions «sauvages-naturelles» comme une «périphérie» du mode de production capitaliste. Le capitalisme est déjà mondialisé, et déjà en train de se «totaliser» (globaliser). Il n’a plus de frontière ni d’arête avec une sphère naturelle non capitaliste qui le dépasse, et il n’y a donc plus de grande chaîne de développement économique dans laquelle les pays «arriérés» suivraient ceux qui les précèdent dans leur ascension dans la chaîne de valeur, ni de véritable nature sauvage capable d’être préservée dans une sorte d’état immaculée et intact. Le mythe du «retour à la terre mère nourricière» a vécu.  Le capital n’a plus qu’un arrière-pays subordonné, lui-même entièrement subsumé dans l’intégralité des chaînes de valeur mondiale. Les systèmes sociaux qui en résultent – y compris tout ce qui va du prétendu «tribalisme, caste et communautarisme», à la renaissance des religions fondamentalistes – sont des produits contemporains et sont presque toujours de facto branchés sur les marchés mondiaux de la surconsommation et du gaspillage.

 

 

 
 
(FILES) In this file photo taken on June 30, 2017, a juvenile Sunda pangolin feeds on termites at the Singapore Zoo.

Il en va de même pour les systèmes biologiques et écologiques qui en résultent, puisque les zones «sauvages-authentiques-tribales» rentrent en fait dans cette économie mondiale, à la fois dans le sens abstrait de la dépendance vis-à-vis de la structure économique globale et de la superstructure sociale (l’industrie du tourisme exotique et toxique) qui y sont liés et dans le sens concret de l’insertion dans ces chaînes de valorisation mondialisées où l’unique source de valeur est le travail salarié. Nous pouvons déjà anticiper le problème qui se pose aux maitres du capital quand ils décrètent le confinement du travail salarié.

Ce contexte complexe crée les conditions nécessaires à la transformation de souches virales «sauvages» en pandémies mondiales. Ce qui s’est probablement produit dans cette nouvelle ville de Wuhan à la croisée de la modernité capitaliste technologique, industrielle, de l’urbanité des gratte-ciels – et de la féodalité paysanne chinoise en cours de désintégration-absorption – l’hypermarché aseptisé climatisé jouxtant des abattoirs à ciel ouvert et des taudis de proximité. Mais le Covid-19 n’est pas le pire de tous. «Une illustration idéale du principe de base – et du danger viral mondial – se trouve plutôt dans Ebola. Le virus Ebola est un cas clair de réservoir viral existant qui se propage dans l’espèce humaine. Les preuves actuelles suggèrent que ses hôtes d’origine sont plusieurs espèces de chauves-souris originaires d’Afrique de l’Ouest et du Centre, qui agissent comme porteurs mais ne sont pas eux-mêmes affectés par le virus. Il n’en va pas de même pour les autres mammifères sauvages, tels que les primates et les céphalopodes, qui contractent périodiquement le virus et souffrent de flambées rapides et mortelles. Le virus Ebola a un cycle de vie particulièrement agressif, au-delà des espèces qui en font un réservoir. Par contact avec n’importe lequel de ces hôtes sauvages, l’homme peut également être infecté, avec des résultats dévastateurs.» (1) https://les7duquebec.net/archives/253400

 

 

 

La maladie est souvent présentée comme s’il s’agissait d’une catastrophe naturelle, au mieux aléatoire, au pire imputable aux pratiques culturelles «impures et sauvages» des populations arriérées vivant dans les forêts reculées. Mais le calendrier de ces deux grandes épidémies (2013-2016 en Afrique de l’Ouest et 2018, comme c’est le cas en RDC) n’est pas une coïncidence. Elles se sont toutes deux produites précisément au moment où l’expansion des industries primaires a déplacé davantage les populations forestières primitives et perturbé les écosystèmes locaux. En fait, «chaque épidémie d’Ebola semble liée à des changements d’utilisation des terres causés par le capital, y compris depuis la première épidémie à Nzara, au Soudan, en 1976, où une usine financée par le Royaume-Uni a filé et tissé du coton local» (…) « De même, les épidémies de 2013 en Guinée se sont produites juste après qu’un nouveau gouvernement ait commencé à ouvrir le pays aux marchés mondiaux et à vendre de grandes étendues de terre à des conglomérats internationaux de l’agroalimentaire.  L’industrie de l’huile de palme, connue pour son rôle dans la déforestation et la destruction écologique à l’échelle mondiale, semble avoir été particulièrement responsable, car ses monocultures dévastent à la fois les robustes redondances écologiques qui contribuent à interrompre les chaînes de transmission et attirent littéralement les espèces de chauves-souris qui servent de réservoir naturel pour le virus. » (2) https://les7duquebec.net/archives/253400

 

 

L’industrie des ONG écologistes contre les braconniers aborigènes

 

 

Parallèlement, la vente de grandes étendues de terre à des entreprises agroforestières multinationales entraîne à la fois la dépossession des habitants de la forêt et la perturbation de leurs formes locales de production et de récolte qui dépendent de l’écosystème. Cela ne laisse souvent d’autre choix aux pauvres des zones rurales que de s’enfoncer davantage dans la forêt, alors même que leur relation traditionnelle avec cet écosystème a été perturbée. Il en résulte que la survie dépend de plus en plus de la chasse au gibier sauvage ou de la récolte de la flore locale et du bois pour la vente sur les marchés mondiaux. Ces populations deviennent alors les souffres douleurs des organisations écologistes mondiales et de l’industrie des ONG environnementales, qui les décrivent comme des «braconniers» et des «bûcherons illégaux» responsables de la déforestation et de la destruction écologique qui les ont poussés à faire ce commerce. Souvent, le processus prend ensuite une tournure beaucoup plus sombre, comme au Guatemala, où les paramilitaires issus de la guerre civile ont été transformés en forces de sécurité «vertes-écologiques», chargées de «protéger» la forêt de l’exploitation forestière illégale des «natives», 

 

de la chasse et du narcotrafic qui étaient les seuls métiers disponibles pour ces habitants indigènes –  poussés à de telles activités précisément à cause de la violente répression subie de la part de ces mêmes paramilitaires pendant la guerre. Ce modèle a depuis été reproduit dans le monde entier, encouragé par les médias sociaux des pays à hauts revenus qui célèbrent l’assassinat (souvent photographier) de «braconniers indigènes» par des mercenaires – des paramilitaires – soi-disant «verts et écologiques» (3). https://les7duquebec.net/archives/253400

 

 

La nature de l’État bourgeois

 

 

Cela nous donne une idée de la nature de l’État bourgeois, en nous montrant comment il développe des techniques  innovantes de contrôle social et de « containment » des crises, pouvant être déployées même dans des conditions où l’appareil d’État est déficient. De telles conditions, en revanche, offrent une image encore plus intéressante de la manière dont la classe dirigeante d’un pays donné pourrait réagir lorsque des crises généralisées et une insurrection appréhendée provoquent des vacances du pouvoir dans les États totalitaires (sachant que selon nous – tous les États bourgeois sont aujourd’hui totalitaires). La crise du coronavirus a permis d’observer que les différents pays capitalistes développés se sont rangés pour la deuxième fois depuis la seconde guerre mondiale derrière le challenger chinois et contre l’hégémonique Amérique défaillante et déclinante. (4) https://les7duquebec.net/archives/253280

 

 

 

En Chine, tout comme dans les pays occidentaux (France, Italie, États-Unis), l’épidémie virale a été en tout point favorisée par les mauvaises coordinations entre les différents niveaux de gouvernement : l’insuffisance des ressources préventives locales et la négligence des fonctionnaires locaux va à l’encontre des intérêts du gouvernement central, les mécanismes inefficaces de signalement dans les hôpitaux et la fourniture extrêmement médiocre de soins de santé de base n’en sont que quelques exemples. En Chine, entre-temps, les différents gouvernements locaux sont revenus à la normale à des rythmes différents, presque totalement hors du contrôle de l’État central. Ces quarantaines de bricolage ont fait que les réseaux logistiques de ville à ville sur de longues distances restent perturbés, puisque tout gouvernement local semble capable d’empêcher simplement les trains ou les camions de marchandises de passer ses frontières. Et cette incapacité de base des gouvernements les oblige à traiter la crise du virus comme s’il s’agissait d’une insurrection populaire, jouant la guerre civile et la répression contre un ennemi invisible (le virus) et son bouc émissaire (le peuple). La même problématique semble aujourd’hui s’installer aux États-Unis mais pas dans les vieilles démocraties européennes rompues à l’art de mystifier les masses.  https://les7duquebec.net/archives/253280

 

 

Cette répression particulière bénéficie de son caractère apparemment humanitaire, l’État étant en mesure de mobiliser un plus grand nombre de locaux pour aider à ce qui est, essentiellement, la noble cause de l’étranglement de la propagation du virus en étouffant la cupidité et l’insouciance du prolétaire indifférent ou négligeant (sic). Mais, comme on peut s’y attendre, ces mesures de répression se retournent toujours contre le prolétariat et la population. La contre-insurrection est, après tout, une sorte de guerre désespérée menée uniquement lorsque des formes plus  subtiles de conquête politique, d’apaisement social et d’aliénation économique sont devenues inopérants. Ces actions coûteuses, inefficaces et d’arrière-garde-réactionnaires, trahissent l’incapacité profonde de la puissance chargée de la déployer – qu’il s’agisse des intérêts coloniaux français ou britannique, de l’Empire américain en déclin ou de la conquête hégémonique chinoise. Le résultat de la répression est presque toujours une seconde insurrection, ensanglantée par l’écrasement de la première et rendue encore plus désespérée.

 

 

 

 

 Mais d’autres effets ont été moins visibles, bien qu’ils soient sans doute beaucoup plus importants. De nombreux travailleurs migrants, y compris ceux qui étaient restés dans leur ville de travail pour le festival de printemps ou qui ont pu rentrer avant la mise en place des différents confinements, sont maintenant coincés dans une dangereuse impasse. À Shenzhen, où la grande majorité de la population est constituée de migrants, les habitants signalent que le nombre de sans-abri a commencé à augmenter. Mais les nouvelles personnes qui apparaissent dans les rues ne sont pas des sans-abri de longue durée, mais ont plutôt l’apparence d’être littéralement jetées là avec nulle part où aller – elles portent toujours des vêtements relativement beaux, ne savent pas où dormir en plein air ni où trouver de la nourriture. Plusieurs bâtiments de la ville ont connu une augmentation des petits vols, principalement de nourriture livrée aux portes des résidents qui restent à la maison pour la quarantaine. Dans l’ensemble, les travailleurs perdent leurs salaires car la production est au point mort. Les meilleurs scénarios pendant les arrêts de travail sont des quarantaines dormantes comme celle imposée à l’usine Foxconn de Shenzhen, où les nouveaux rentrés sont confinés dans leurs quartiers pendant une semaine ou deux, reçoivent environ un tiers de leur salaire normal et sont ensuite autorisés à retourner à la chaîne de production. Les entreprises plus pauvres n’ont pas cette possibilité, et la tentative du gouvernement chinois comme des gouvernements des pays industrialisés d’offrir de nouvelles lignes de crédit bon marché aux petites entreprises ne servira probablement pas à grand-chose à long terme. Dans certains cas, il semble que le virus va simplement accélérer les tendances préexistantes en matière de délocalisation des usines, car des entreprises comme Foxconn augmentent leur production au Vietnam, en Inde et au Mexique pour compenser le ralentissement. » (5) https://les7duquebec.net/archives/253400  La crise économique, accélérée par la crise sanitaire, ne change rien aux lois du développement capitaliste qui la produite.

 

 

On tente d’éradiquer la pandémie en soutenant les profits

 

 

Dans quelques pays (France, Allemagne, Canada, Japon, Russie, et certaines entreprises chinoises, etc.) l’État a prévu le versement d’indemnités (jusqu’à 75% du salaire ou encore des semaines de congés payés) aux travailleurs mis en chômage forcé. Sans concertation entre eux, ces gouvernements capitalistes d’Orient et d’Occident profitent de cette lutte systématique contre la pandémie pour peaufiner leurs politiques, programmes et mesures économiques et sociales pour propager (propagande), faire accepter (produire du consentement, de la résignation et de la repentance), contrôler, réprimer si nécessaire, et embrigader la populace sous la botte de l’État totalitaire militarisé, soi-disant en guerre totale pour le salut de la patrie et de la planète. C’est l’apothéose de l’État « providence », le fétiche de la petite bourgeoisie parasitaire…

 

 

 

L'armée étant appelé à contribuer à l’effort de guerre sanitaire totale dont l’intensité doit être maintenue au plus haut niveau d’hystérie afin de justifier l’immense effort collectif dont la populace n’imagine pas encore l’ampleur dantesque à venir, quand viendra le temps de rembourser les dettes ubuesques, exactement comme après chaque guerre mondiale. Hier, on demandait au soldat sur le front de sacrifier sa vie pour la patrie et pour son foyer. Aujourd’hui, on demande à chaque citoyen «mondialisé» – puisque la guerre est désormais globale et totale – de sacrifier ses libertés, son revenu, sa libre pensée, pour sauver l’État totalitaire compassé et l’humanité traumatisée (sic).

 

 

Toutefois, une telle problématique présente rapidement ses limites. Au cours des premières semaines du mois de mars 2020, des millions de travailleurs ont été mis au chômage forcé, certains avec compensations partielles, la majorité sans compensation aucune. En paralysant de la sorte leur appareil productif réel (oublions l’économie financière boursière spéculative sans emprise sur les forces productives et de commercialisation), les États du G20 ont tari leurs sources de production et de consommation alors que dans le même temps ces États surendettés (dette globale mondiale de 1,8 million de milliards de dollars) adoptaient des plans d’urgence pour un total de 5000 milliards de dollars de dépenses supplémentaires : 2000 milliards de USD pour les États-Unis déjà endettés de 22000 milliards de dollars, 110 milliards de C$D pour le Canada, 1200 milliards d’euros pour l’Allemagne, etc. https://les7duquebec.net/archives/253689

 

 

La partie congrue de ce capital virtuel – de cette fausse monnaie-crédit – est destinée aux grandes corporations multinationales qui forgent l’économie mondialisée, ce qui explique que les bourses du monde entier aient rebondi momentanément des abysses où elles s’étaient égarées au début de la pandémie. Mais chacun des boursicoteurs qui pavoise cyniquement présentement sait pertinemment que cette bouffée d’air éphémère et illusoire ne durera pas jusqu’à la fin du printemps. Qu’adviendra-t-il de ces gouvernements surendettés, dépensiers, paniqués, dépensant d’une main l’argent de « Monopoly », qu’ils impriment et ne possèdent pas et réduisant de l’autre main leurs sources de revenus (la production et la consommation)? Qu’adviendra-t-il de ce confinement résigné de centaines de millions de gens paniqués à qui on demande de choisir entre mourir de faim ou de la grippe? Alors qu’on leur a imposé ces sacrifices futiles en prétextant ainsi les réchappés de l’un et de l’autre. https://les7duquebec.net/archives/253707

 

 

Le germe de l’insurrection et de la révolte

 

 

 

Le risque est grand à l’heure où des millions de prolétaires, unifiés par le capital dans une économie mondiale intégrée et globalisée, comme le démontre cette pandémie mondialisée, commencent à penser que la source réelle du problème ce n’est pas tant ce virus mystique et mystérieux facile à éradiquer, que le virus du profit et de l’accumulation capitaliste si difficile à éliminer.  Certes, le capitalisme a constitué la réponse économique et profitable aux limites du féodalisme, mais aujourd’hui il représente un obstacle à l’évolution humaine, contrainte de le dépasser par un mode de production plus avancé.

 

 

 

 

 

Cette crise économique et sociale imbriquée offre des leçons importantes pour une époque où la destruction causée par une accumulation sans fin s’est étendue à la fois vers le haut dans le système climatique mondial et vers le bas dans les substrats microbiologiques de la vie terrestre. Une première leçon à retenir : de telles crises économiques, sociales, sanitaires et écologiques ne feront que se multiplier dans l’avenir. Alors que la crise séculaire du capitalisme prend un caractère apparemment non économique (sic), de nouvelles épidémies, famines, inondations et autres catastrophes «naturelles» seront utilisées par le capital et ses larbins politiciens pour justifier l’extension du contrôle de l’État totalitaire, et la réponse à ces crises sera de plus en plus l’occasion de tester des outils nouveaux de contre-insurrection. Deuxième leçon : une politique prolétarienne systémique et cohérente doit saisir ces faits tous ensemble. Sur le plan théorique, cela signifie comprendre que la critique du capitalisme s’appauvrit chaque fois qu’elle se coupe des sciences et de l’économie politique. Mais au niveau pratique, cela implique aussi que le seul projet politique possible aujourd’hui est celui qui est capable de s’orienter sur un terrain défini par un désastre écologique et microbiologique généralisé, sous une matrice économique qui a atteint les limites de ses capacités de produire et de distribuer les biens nécessaires à la vie sociale collective. C’est parce que la matrice économique capitaliste a atteint ses limites et qu’aucune réforme – reconstruction – palliative n’est possible que tous les espoirs sont permis à la classe prolétarienne émancipatrice.

 

 

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03/04/2020

LES SDF NE MEURENT PAS QUE L'HIVER (3).

 

 

 

 

 

SDF en hiver 3 (1).jpg

 

 

Le CépiDc-Inserm

 

 

Le Centre d’épidémiologie sur les causes médicales de décès (CépiDc) traite l’ensemble des décès survenus en France, pour en coder les causes selon la classification CIM10 2.

 

 

 

Les causes de décès sont notées en clair par les médecins sur les certificats de décès, puis codées selon une procédure internationale standardisée qui a vu apparaître de nouveaux codes permettant de saisir certains facteurs de précarité, dont la qualité du logement, et d'approcher la notion de sans-abri ou de sans-domicile sans que cette qualification soit obligatoire, d'où une importante sous-estimation.

 

 

 

 

Caractéristiques des 90 décès identifiés par le CépiDc-Inserm à partir des certificats de décès (2018) :

 

 

 

 

Cause initiale du décès

 

Troubles mentaux et du comportement

26.7 %

Causes externes de morbidité et de mortalité

25.6 %

Maladies de l'appareil circulatoire

  8.9 %

Maladies de l'appareil digestif

  6.7 %

Maladies de l'appareil respiratoire

  5.6 %

Tumeurs

  5.6 %

Maladies infectieuses

  2.2 %

Autres motifs

18.6 %

 

 

SDF en hiver 3 (2).jpg

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