30/11/2018
MONTRONS L’EXEMPLE RESPECTONS-LES TOUS:
Madame la députée, Monsieur le député
Depuis votre élection le 18 juin 2017, un nombre croissant de représentants des forces de l’ordre (policiers, policiers municipaux, gendarmes, pompiers, surveillants pénitentiaires, Agents de Surveillance de la Voie Publique, soldats) ont été insultés, agressés, blessés dans leur chair, ou pour une minorité d’entre eux, tués dans l’exercice de leur métier car ils symbolisaient l’autorité de l’Etat.
D’autres, au nombre de 77 à ce jour depuis janvier 2018 ont choisi de nous quitter, par désespoir de ne pas trouver les conditions de travail nécessaires à un exercice serein de leur mission. Au total, nous devrons regretter la disparition de collègues. Nous voulions vous le rappeler de façon solennelle.
Il ne se passe pas de semaines aujourd’hui sans que nous comptabilisions ces suicides ou ces atteintes à l’intégrité de ceux qui sont nos proches, de nos amis, de nos collègues. En 2017, plus de 10.000 agents actifs (policiers et gendarmes) ont été blessés, dont la moitié par suite d’agressions. Les incivilités et les agressions à l’encontre des forces de l’ordre se multiplient, jusqu’à bloquer nos interventions, en particulier celles des pompiers ou des ambulanciers qui ne cherchent qu’à sauver des vies.
La violence à l’encontre des forces de l’ordre s’est progressivement banalisée. L’on nous jette des pierres, des parpaings, des briques, des bouteilles, de l’acide, et autres objets dangereux, l’on nous attaque au couteau de boucher, l’on essaye de nous renverser, de nous écraser lors de délits de fuite, et même de nous brûler vifs, volontairement, comme ce fut le cas à Viry -Chatillon. Tout cela dans une certaine forme d’indifférence des médias…
Pire, lorsqu’il nous faut faire face à ces menaces sur notre vie, nous sommes paralysés par un cadre juridique qui nous place souvent - si nous devions user par malheur de nos armes - comme des « accusés par principe » et non des victimes. Le droit à notre légitime défense nous est ainsi restreint, au risque de nous faire tuer ou lyncher par des bandes qui ont d’autant moins de scrupules qu’elles ont le sentiment d’une grande impunité. Ce mal sévit dans la rue mais gagne maintenant les prisons.
Enfin, nos familles, nos conjoints, nos enfants sont eux-mêmes et de plus en plus suivis, insultés, menacés, à l’école, ou sur le chemin du domicile. Doit-on accepter cela sans rien dire, sans réagir ? Vous avez une famille et des enfants : accepteriez-vous ces agissements envers ceux que vous aimez, tout simplement parce que vous êtes élus de la Nation et que vous portez l’écharpe tricolore ? Que reste-t-il de l’ordre Républicain si nous ne réagissons pas ?
Bien sûr, nos difficultés sont connues du gouvernement et de vous-mêmes, parlementaires, à l’image du rapport du Sénat de juillet dernier. Mais rien ne se passe de concret pour remédier, au quotidien, à une situation qui ne fait qu’empirer. Nous avons l’impression que le fait de révéler notre malaise n’a été qu’une forme de thérapie de groupe nationale : devons-nous considérer que rendre public ce mal-être dans la presse suffit à le traiter ?
Notre hiérarchie reste silencieuse et passive devant cet état de fait. Or, dans une entreprise ou dans une organisation de droit privé, la vague de suicides qui s’amplifie dans nos professions aurait provoqué, non seulement émotion et indignation, mais surtout recours à la justice. Les exemples de grandes sociétés ou de plus petites mises en cause ne manquent pas. Vous les connaissez ; la jurisprudence en témoigne. Mais parce que nous sommes fonctionnaires ou contractuels, soucieux de respecter notre droit de réserve, notre employeur, l’Etat, semble ignorer les règles de droit que vous même, en tant que législateur, avez fixées en matière de conditions de travail, d’hygiène et de sécurité, ainsi que de harcèlement moral. Deux poids, deux mesures ! Que reste-t-il de l’exemplarité sans laquelle les mots perdent de leur sens, y compris lorsqu’ils sont porteurs des lois ?
Il y a encore quelques mois, au mieux la tristesse et le chagrin nous envahissaient. Mais c’est maintenant le désespoir et la lassitude qui nous gagnent. Malgré tout, nous sommes encore nombreux à être fidèles au poste, à respecter notre engagement pour maintenir, le plus possible, un socle d’autorité sans lequel notre démocratie s’effondrerait. La raison ? Comme vous, nous aimons tout simplement mais ardemment notre pays.
A l’occasion du départ de notre ancien ministre et de la prise de fonction de son remplaçant, nous avons eu droit, enfin… à un diagnostic partagé sur l’état préoccupant de certains territoires et des comportements inacceptables qui menacent l’intégrité de nos concitoyens et leur portent préjudice, aux plans social ou économique. Ce constat, nous l’avions déjà dénoncé à de multiples reprises, mais mieux vaut tard que jamais. Alors, que fait-on ? Qu’allez-vous faire ?
Demain, le gouvernement et vous, parlementaires de la majorité, déciderez peut-être de reconquérir ces zones de non droit, afin de faire respecter les valeurs républicaines de liberté, d’égalité et de fraternité. Nous serons alors vos bras séculiers, en premières lignes pour appliquer vos décisions, celle du peuple français. Ce sera difficile, et sans doute devrons-nous faire face à une très grande violence.
Alors aidez-nous à être prêts à servir ce jour-là l’Etat et la République, de façon efficace. Aidez-nous à améliorer nos conditions matérielles et morales. Aidez-nous à sensibiliser une hiérarchie qui veut ignorer nos contraintes et nous placent en permanence dans des tensions qui fragilisent certains de nos collègues, jusqu’à les pousser au désespoir. Aidez-nous à faire évoluer l’exercice de la justice pour rétablir le respect des règles républicaines, appliquer des sanctions dissuasives, et restaurer ainsi l’état de droit. Enfin, aidez-nous à faire admettre aux magistrats que la priorité désormais est de défendre les victimes et non d’excuser en permanence les délinquants et les criminels.
Notre démarche est apolitique.
Mais dans cette lettre, nous avons voulu exprimer notre totale indépendance d’esprit. Nous ne sommes pas un syndicat, ni un « faux nez politique » : il serait tellement confortable de nous cataloguer comme tels et ainsi de nous disqualifier. Nous sommes de simples représentants des forces de l’ordre et des citoyens qui nous appuient dans notre démarche. Tous ensemble, nous sommes soucieux de notre avenir et ce celui du pays, de la poursuite de nos missions de respect de l’ordre, et donc de la cohésion nationale.
Veuillez agréer, Madame la députée, Monsieur le député, l’expression de notre haute considération.
Christelle TEIXEIRA
Présidente Uniformes En Danger
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