Dans la famille Glucksmann, il y a André, le père, et Raphaël, le fils.
André, « nouveau philosophe », fut autrefois un maoïste enragé. Partisan de la révolution culturelle chinoise qui fit quelques millions de morts, il osa, dans Les temps modernes, qualifier la France de « dictature fasciste » et en appela à un embrasement révolutionnaire, de « Lisbonne à Moscou ». Ses camarades, les maos cambodgiens du Quartier latin, se distinguèrent, une fois devenus les Khmers rouges, en exterminant un tiers de leurs compatriotes. C’est à cette occasion que Libération, dirigé par un autre mao, Serge July, titra, en avril 1975, que « Le drapeau de la résistance flotte sur Phnom Penh ».
André Glucksmann rompit plus tard avec le marxisme, mais jamais il ne s’interrogea sur ses engagements passés. Les médias non plus. Il ne se vit pas reprocher ses idées nocives, comme ce fut le cas pour le philosophe allemand Martin Heidegger, lequel avait pris une carte du parti nazi, durant quelques mois, en 1933, et se le vit rappeler toujours, au nom de la haute capacité de discernement dont il était censé faire preuve. Certes, Glucksmann n’est pas Heidegger et la « nouvelle philosophie » fut à la noble métaphysique ce qu’en art l’urinoir de Duchamp est à la Pietà de Michel-Ange.
Raphaël, documentariste, semble avoir hérité du sens paternel de la déréalisation, exprimant, lui aussi, sous de faux prétextes idéologiques, l’esprit nauséabond d’une haine de soi, subversive et rance. Il déclara sur France 5, le 12 mars, que « Face aux djihadistes, il y a une autre forme de réaction qui est pour moi politiquement plus dangereuse pour la France, c’est la réaction identitaire, nationaliste ». Il craint certains discours « qui autrefois étaient ostracisés », sur l’immigration, notamment, et « qui ont aujourd’hui pignon sur rue ».
Raphaël semble ignorer que ces thèmes, aujourd’hui diabolisés, étaient autrefois parties intégrantes du débat démocratique. Ils furent délégitimés par la génération d’extrême gauche dont est issu son père, laquelle ne supporte pas d’être contredite. Pour Raphaël, mieux vaut le sabre du mahométisme que l’attachement filial à la vieille nation française. Plutôt Saladin que Du Guesclin, car comme le maoïsme de papa, l’islamisme se fonde sur l’unicité idéologique et la terreur purificatrice.
En 2007, André s’est découvert une fibre sarkozyste et, aidé par BHL, il conseilla au Président de soutenir les islamistes libyens. Daech, qui aujourd’hui menace l’Europe d’un débarquement de 500 000 migrants, doit à ces « néocons » d’être installé au sud de la Méditerranée.
Quant à Raphaël, proche de Saakachvili, le président géorgien mis en place par les néoconservateurs américains, il exprime les vues de l’impérialisme états-unien. Heureusement, pas plus que son père et ses amis autrefois qualifiés de « mao-spontex », en référence à leurs capacités d’instrumentalisation du politique, cet adolescent égocentrique ne croit à ce qu’il dit.
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