11/11/2011
UNE MARAUDE AVEC LE PASTEUR BLANCHARD...
Par Olivier Perceval
Secrétaire Général de l'Action Française.
Mardi 8 novembre,
sortant d’une réunion plus tôt que prévu,
je m’excusais auprès des personnes présentes un peu perplexes,
leur expliquant que je me rendais à une maraude sur Paris.
Porte d’Italie, il est 21h.
Je tourne et retourne dans le quartier
avec des sens interdits toujours mal placés,
tel un maraudeur,
pour trouver enfin, avec un peu de retard,
le point de rendez-vous avec le Pasteur Blanchard,
sa femme Catherine (ben quoi, c’est pas un prêtre catholique)
et Thibault de la Tocnaye,
le fils de celui qui tenait la carabine à l’attentat du petit Clamart.
Le Pasteur, jovial et volubile,
nous prend en charge dans sa vieille Opel break remplie de vêtements
et nous voilà parti à la rencontre de la misère nocturne parisienne.
Ainsi de la porte d’Italie à Saint-Lazare,
nous distribuerons vêtements, soupe, café
et bonnes paroles à de pauvres hères couchés dehors sous la pluie
ou un peu à l’abri sous un porche.
Ce qui est frappant, c’est l’accueil qui nous est fait à chaque fois :
sourires et paroles de reconnaissance nous comblent
pour un pull ou une paire de chaussettes.
Certains sont déjà endormis
lorsque nous arrivons à minuit et demi ou une heure du matin,
mais le plus souvent c’est avec bonne humeur
et même une véritable joie dans le regard
que nos Seigneurs les pauvres reçoivent
en se réveillant péniblement, notre visite.
Je garde une forte impression de cette expérience
en direction de ceux qui "habitent" la rue.
Qu’ils soient français ou étrangers,
leur dénuement nous amène à les regarder tous de la même façon,
solidaires dans la précarité,
ils ont besoin de l’aide
de ceux qui ont un toit qui les attend chaque soir.
L’Action Française doit être capable
de prendre en compte sans arrière-pensée cette réalité
qui va en s’accroissant en cette période de crise
car c’est en France que cela se passe.
J’ai été heureux de mieux connaître ce Pasteur atypique
aux couleurs stendhaliennes, "rouge et noir"
plébéien Sorélien et Barrésien tendance Coluche,
qui a commencé son ministère
comme éducateur spécialisé à l’Armée du Salut.
Dans un flot de paroles, quasi-ininterrompu,
lorsque nous cherchions les SDF à bord de sa voiture poussive
mais désormais célèbre,
l’homme qui se raconte facilement nous expliqua son itinéraire
qui le conduisit de la Gauche Prolétarienne en 68
au Front-National aujourd’hui,
ce qui ne l’empêche pas de garder fort heureusement un réel esprit critique.
Personnage fort sympathique au demeurant dont l’épouse,
très présente auprès de lui et très discrète quant à elle,
semble constituer la source et le secret de son énergie.
Je crois que notre compagnon d’un soir Thibault de La Tocnaye,
qui était comme moi un maraudeur occasionnel
est arrivé à la même conclusion :
ces gens là font partie de ceux qu’il faut absolument connaître,
car au delà de l’affichage "idéologique",
il y a du cœur, de la spontanéité
et une profonde et salutaire générosité.
Olivier Perceval
08:07 Publié dans Action sur le terrain | Lien permanent | Commentaires (0)
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