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23/09/2011

PERSONNE N'EST VRAIMENT A L'ABRI.

Impressions de maraude

par Jean et Béatrice Chabernaud,

membres fondateurs de l'A.S.P.

 

Le Pasteur et son équipe.JPG

 

Rue d'Alésia, à côté de l'église Saint-Pierre de Montrouge, deux hommes se réchauffent sur une grille d'aération du métro. Un carton leur sert de matelas, ils ne possèdent rien d'autre. Dormir dans la rue nuit gravement à la santé. Nous leur proposons du café, de la soupe et à chacun une modeste couverture.Charité en partage : ils nous remercient d'une façon à la fois digne et respectueuse.

 

Vingt-deux heures, nous roulons avec le pasteur Blanchard, Catherine son épouse et Cyril Bozonnet, à la rencontre de ceux qui vivent dans la rue : écouter, parler, distribuer vêtements, chaussures linge de rechange, brosses à dents... Une maraude, c'est çà. Le périple de ce soir va en prime réunir à nouveau une partie des pionniers de l'A.S.P.

 

Qui peut ignorer la pauvreté qui, de plus en plus se répand dans Paris et s'insinue, peu à peu, presque partout en province ? L'aveuglement et l'indifférence ne mettront personne à l'abri. Mais, côtoyer à nouveau les yeux dans les yeux ces prisonniers de la rue remet encore plus les pendules à l'heure.

 

Pourtant, il faut garder espoir et s'armer de courage, comme notre ami Ulysse, ancien ouvrier du textile, qui aujourd'hui dort sous une tente, justement, à deux pas de Saint-Pierre de Montrouge. Il nous accueille avec joie, empressementet un grand désir d'échanger des idées.

 

A présent, nous longeons le métro aérien, ligne Nation-Etoile, de haltes sommaires en refuges plus établis. La petite colonie polonaise de Sèvres-Lecourbe est toujours là. Les uns jouent aux cartes avec animation, les autres, plus discrets, s'apprêtent à dormir car ils travaillent demain. Les chiens méditent, la caravane s'arrête. Congratulations, discussions, distributions et nous repartons.

 

Vers Chevaleret, nous réveillons des "roumains" qui occupent les amènagements sportifs, grillagés et empèche-misères de la ville. Ils acceptent très volontiers les vêtements que nous leur proposons et nous saluent d'un air à la fois ébahi et endormi.

 

Enfin, résolument installés au milieu de sacs, de vaisselle, de bouteilles, de cageots de nourriture et de peluches, un cambodgien et deux français nous reçoivent, d'un air affable, dans leur domaine sous les voûtes du métro qui, à cet endroit, rentre sous terre... Vraiment à l'abri ?

 

Il est minuit, peu après Cyril Bozonnet, nous profitons du dernier RER  pour rentrer à la maison. Le Pasteur et Catherine continuent comme ils continuent tous les dix jours.

 

Jean et Béatrice Chabernaud

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