Cette formule inspirée du Livre d’Ézéchiel (chapitre 18) m’est revenue en mémoire pour aborder, avec humour mais gravité, les dernières nouvelles publiées cette semaine sur le cannabis.
Une information vient de faire état d’un accroissement important des admissions hospitalières de bambins et d’enfants ayant consommé du cannabis que leurs parents avaient laissé traîner. À Nice, il y a un an, des parents ont été condamnés à un an de prison pour « détention, usage de stupéfiants et abandon moral de leur bébé de 14 mois » qui s’était intoxiqué, au domicile familial, en ingérant du shit.
Une étude du réseau d’addictovigilance (surveillance des addictions) montre une « hausse constante, depuis 2014 » (multiplié par 2,5 en trois ans), du nombre de ces intoxications. Elles se traduisent, indique l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), par une somnolence ou, au contraire, mais de façon deux fois moins fréquente, par une une agitation, une dilatation des pupilles, un relâchement musculaire et, dans les cas les plus graves, une accélération du rythme cardiaque, une détresse respiratoire, des convulsions, voire un coma.
Si ce constat se suffit à lui-même, il incite à plusieurs commentaires, concernant des problèmes en amont.
Quatre femmes sur cinq fumant du cannabis et qui « tombent » enceintes sont incapables d’arrêter leur consommation de tabac et de cannabis, infligeant à leur fœtus une triple agression : de la nicotine, du tétrahydrocannabinol (THC) et de l’oxyde de carbone (CO). Elle s’exprime par une prématurité, avec une hypotrophie plus marquée que ne le voudrait l’âge de la gestation, associée à d’autres graves conséquences : retard du développement, hyperactivité avec déficit de l’attention, risque accru de mort subite « inexpliquée » et, à l’adolescence, une attirance accrue pour les drogues.
Ce risque accru de toxicomanies paraissait dû aux carences éducatives et au déplorable exemple de parents consommateurs de drogues. Ces carences parentales expliquent, certes, beaucoup de choses, auxquelles s’associent le défaut d’attention portée à la santé de leur progéniture, parfois le choix de l’allaitement, alors que persiste la consommation du cannabis, et aussi la négligence qui laisse traîner les drogues en tous lieux…
Une découverte récente vient compléter l’explication du risque plus important de toxicomanies à l’adolescence. Elle concerne le phénomène de l’épigénétique.
Les travaux de l’équipe de Hurd montrent que la consommation de cannabis par les parents (avant la conception) ou par la maman (pendant la gestation) modifie non pas le code génétique (l’ADN chromosomique, le plan, en quelque sorte) mais l’expression de celui-ci, la façon de le lire. Cela aboutit à une moindre expression des récepteurs D2 de la dopamine dans une structure cérébrale que l’on pourrait appeler le centre du plaisir – le noyau accumbens. Ces récepteurs D2, stimulés par la dopamine, déterminent la sensation de plaisir 1 qui est diminuée au prorata de leur réduction. C’est pourquoi cet adolescent qui, comme tout un chacun, a besoin de cette sensation de plaisir recourt à des drogues dont l’effet commun, quelle que soit leur nature, est d’augmenter la libération de dopamine dans le noyau accumbens. Ainsi, ces récepteurs D2, moins nombreux, sont, sous l’effet de ces drogues, à tout instant, stimulés davantage (ce qui corrige leur raréfaction).
Des données importantes, comme celle des effets épigénétiques du cannabis, s’accumulent. On comprend aisément l’impatience de certains à obtenir la légalisation du cannabis, qui deviendra impossible quand de telles informations seront portées à la connaissance d’un large public 2
Notes: