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  • IMPRESSIONS DE PRE-MARAUDE................

     

     

     

     

     

     

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    Par   Emmanuel Férault,

    Membre de l'ASP

     

     

    Le Pasteur Blanchard nous avait donné rendez-vous à 21h. L'heure à laquelle la nuit tombe. L'heure à laquelle Paris, la capitale de notre pays, qui est notre fierté au grand jour, devient durant la nuit le Paris de la honte et de l'abandon. Le théâtre de la misère la plus scandaleuse, la plus inacceptable : celle des français sans logements, sans aides, sans ressources, sans rien.

     

     

    Nous étions donc quatre, le Pasteur et son épouse, et nous, deux , Pierre-Claude et moi tous deux membres de l'ASP, venus simplement aider, assister et quelque peu soulager cette misère effroyable. Paris, ce sont des centaines de centaines d'inconnus, d'anonymes, qui dorment dehors, seuls. Cette nuit-là, ils sont pour quelques heures nos seigneurs et nous allons les servir. Un peu de café, un peu de soupe chaude, quelques vêtements, mais surtout beaucoup de réconfort, d'écoute, de solidarité. Beaucoup d'humanité et de fraternité.

     

     

    Si quelqu'un veut vraiment parler de la misère en France, il doit venir en maraude avec le Pasteur Blanchard. Si quelqu'un veut connaître l'état de notre société, non au grand jour, mais en pleine nuit, il doit venir en maraude avec le Pasteur Blanchard.

     

     

    Notre première impression en voyant ces malheureux à tous les coins de rue, c'est cette promesse il y a dix ans de Nicolas Sarkozy : "Moi Président, dans 5 ans, plus personne ne dormira dans la rue". Inutile de préciser à ceux qui nous lisent que cette promesse n'engageait que ceux à qui elle était faite!...

     

     

     

     

     A l'ASP, nous ne faisons jamais de promesses, nous agissons concrètement tout simplement. Non au grand jour sous l'oeil des caméras, mais la nuit dans l'anonymat. Voilà quelle a été notre nuit dans les rues de Paris, notre nuit à tous les quatre. 

     

     

     

    Nous avons agi. Nous avons revu le mythique Francis, véritable vedette de nos maraudes. Nous avons visité jeunes et vieux, nous avons rencontré des solitaires mais pas complètement seuls car ils ont comme compagnie leurs chiens... Nous avons rencontré de nombreuses personnes, d'horizons très divers, aux histoires très différentes. Mais ils ont tous  un point commun : ils sont à la rue. La France les a abandonnés tout simplement 

     

     

    C'est là que l'on constate l'immense décalage entre un nouveau gouvernement et le "Social". Les réformateurs n'ont de social que leur dénomination. En réalité, ils n'y connaissent rien. En réalité, leur principale préoccupation, c'est d'aider par tous les moyens les étrangers et migrants, avant d'aider les leurs, les nôtres, les Français ! 

     

     

    Cette pré-maraude a duré cinq heures. Cinq heures durant lesquelles nous aurions aimé aider tous ces pauvres. Mais ils sont si nombreux, partout. Il n'y a plus un seul grand boulevard dans Paris, il n'y a plus un seul quartier dans Paris où l'on ne rencontre pas des gens qui dorment seuls, dans la misère la plus totale.

     


    Voilà le fruit de nos politiciens, voilà le fruit de nos gouvernants successifs. Toujours de l'aide pour le monde entier, mais jamais pour les nôtres, jamais pour nos pauvres!

     

     

    C'est à la fois écoeurés et heureux que nous achevons cette pré-maraude avec le Pasteur Blanchard et son épouse. Ecoeurés par le désastre que nous avons pu constater de nos propres yeux, mais tellement heureux d'avoir pu pendant quelques heures être au service de ces miséreux, de ces parias de notre société, qui durant quelques heures d'une nuit froide, étaient nos maîtres et seigneurs.. 

     

     

     

     Emmanuel Férault 

     

     

     

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  • L’État détourne un legs pour en faire un « centre de déradicalisation »

     

     


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    Texte de François Teutsch sur Bd Voltaire

     

     

     

    à propos du « centre de déradicalisation » [sic] de Beaumont-en-Véron, qui a déjà donné lieu à de nombreux articles dans la presse :

     

     

    « L’implantation scandaleuse de ce nid d’islamisme en plein cœur de la Touraine, quand il existe tant de lieux en Île-de-France – certes plus près des lieux de vie de nos dirigeants -, se double désormais d’une question juridique qui, en d’autres circonstances, aurait semblé secondaire.

     

     

    C’est, en effet, au domaine de Pontourny que cette estimable institution doit s’installer. Dans un château bâti au XVIIIe siècle appartenant à l’Assistance publique, jusque-là occupé par un centre de formation professionnelle pour jeunes filles en difficulté. Un domaine appartenant autrefois à la famille Gréban de Pontourny, que son dernier représentant, Alphonse Marie, décédé en 1896, a légué à Jean-Baptiste Turquet, en précisant que « le domaine doit avoir pour mission une œuvre charitable chrétienne avec obligation du culte catholique, un office par semaine ». En 1902, Jean-Baptiste Turquet en fait don, à son tour, à l’Assistance publique, aux mêmes conditions. Des conditions peu respectées en ce qui concerne le caractère chrétien de l’œuvre. Mais le dernier donateur pouvait-il prévoir ce qu’il adviendrait de son domaine au début du XXIe siècle ?

     

     

     

     

    Le bénéficiaire d’un legs à titre particulier doit en respecter les conditions posées par le testateur. Quel que soit le temps écoulé, il appartient à l’actuel propriétaire de se conformer aux volontés de Marie-Alphonse Gréban de Pontourny. Qui n’a sans aucun doute pas donné son accord pour que, d’institution charitable chrétienne, son domaine devienne un centre d’hébergement d’islamistes en djellaba.

     

     

    Une association de contribuables de Touraine et Bretagne, qui revendique 1.500 adhérents, a saisi un avocat pour faire respecter les volontés du dernier maître de Pontourny.

     

     

    Mais seuls les descendants de Jean-Baptiste Turquet pourraient agir judiciairement pour faire respecter la volonté de leur aïeul. Et aucun d’entre eux ne s’est manifesté à ce jour. À défaut, l’action judiciaire est irrecevable.

     

     

    Il existe de multiples manières de lutter contre l’islamisation de la France. À défaut de convertir les musulmans à l’amour des paysages ligériens – moyen certainement efficace pour en faire d’authentiques Français de désir et de futurs chrétiens –, s’opposer à l’installation de tels nids de frelons en est un. Pour cela, il est indispensable qu’un descendant de Jean-Baptiste Turquet se manifeste et décide d’agir. Votre serviteur n’est malheureusement pas de ceux-là… Mais qui sait, parmi les lecteurs de Boulevard Voltaire, si l’un se trouvait, soudain, concerné par la question… Quant au financement du procès, l’association a mis en place un compte en ligne. Et là, nul besoin d’être un héritier Turquet.

     

     

    Une fois encore, le régime en place montre qu’il ne respecte rien. Qui s’en soucie ? Aimer la France, manifester son patriotisme, c’est aussi faire respecter son Histoire, son passé, son patrimoine, ses paysages. C’est considérer qu’un lieu, échu à l’État par nécessité et volonté charitable, doit conserver à la fois son âme et la destination qu’en a décidée son donateur. Mais lorsqu’on ose transformer les jardins de Versailles en écrin pour le « Vagin de la Reine », à quoi bon s’ennuyer avec les dernières volontés d’un aristocrate catholique –sans doute royaliste- de la fin du XIXe siècle ? »

     

  • Ancienne maraude..........

     

     

     

     

    Ma maraude avec le Pasteur, par Michel de Zuchowicz:

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Etant fidèle auditeur de Radio Courtoisie, je suis un jour tombé sur une émission où le pasteur parlait de ses maraudes.

     

     

    Pour être franc, j’ai été très intrigué par ce personnage haut en couleur, ayant un débit verbal impressionnant et surtout un enthousiasme hors du commun. J’ai été séduit par cet homme simple et hors du commun qui voulait des vêtements pour ses maraudes.

     

     

    J’ai voulu le connaître et fait donc mes placards pour récupérer les vêtements de toute ma famille gardés au cas où, mais ne servant jamais.

     

     

    Et j’ai pris contact avec le Pasteur.

     

     

    Arrivé chez lui vers 10h du matin, on entre dans un autre monde : tout juste réveillé (il y avait eu une maraude la veille), le Pasteur m’a ouvert et tout de suite, entre des amas de vêtements à ranger et avant que j’ai pu placer un mot, il a parlé comme si on se connaissait depuis toujours : des maraudes, de son parcours atypique et du …FN.

     

     

    Quel personnage !

     

     

    En partant, je lui ai dit qu’en cas de besoin, il pouvait m’appeler pour une maraude.

     

    Ça n’a pas tardé, j’étais convoqué rapidement.

     

    Je suis arrivé à l’heure dite, tout curieux de connaitre enfin ces fameuses maraudes.

     

     

    Une incompréhension sur les dates nous a fait tourner à 5 dans l’antique voiture du Pasteur, pleine de vêtements, de soupe et de café.

     

     

    Nous étions sérés, mais l’ambiance était excellente.

     

     

    Et durant 5 heures, nous avons tourné avec le Pasteur, qui, entre 2 arrêts, nous communiquait avec force son projet et son enthousiasme.

     

     

    Très vite, j’ai été à l’aise.

     

     

    Distribuant vêtement, soupe ou café à ses « habitués », nous avons parcouru Paris sous la pluie.

     

     

    Quelle ne fut pas ma première surprise : certains étaient là, sur le même trottoir, au même endroit depuis plus de …16 ans et semblaient se trouver bien ! Qu’ils soient français ou polonais ! Ne demandant rien, si ce n’est ce petit moment de convivialité et de chaleur que distillait le Pasteur, allant jusqu’à évoquer des souvenirs ; de bons moments, voire de mauvais quand la police ou des voleurs font leur œuvre, tout cela forgé tout au long des 7 années de maraude

     

     

    Puis, la nuit passant, nous sommes arrivés au centre de Paris. Là, endormis sous de tristes couvertures, quelques pauvres gens, venant des pays de l’est, parlant à peine français, mais réclamant beaucoup.

     

     

     

    Que retenir de cette maraude ? Bien sûr, ce ne sont pas ces quelques pauvres vêtements ou ce bol de café qui changeront quelque chose ! Mais l’amour fraternel apporté par le Pasteur pendant ces moments leur apporte une véritable chaleur humaine et une considération, voire une certaine amitié.

     

     

     

    Je veux aussi citer l’épouse du Pasteur, aussi discrète que lui est volubile, très efficace et très présente.

     

     

     

    Je termine en remerciant le Pasteur et son épouse de leur accueil et pour m’avoir fait partager ce moment qui m’a fait changer mon regard sur ces gens. J’en avais un peu peur et les évitais, craignant de me faire insulter. Maintenant, j’ai compris que beaucoup étaient gentils, aimables  et ne cherchant qu’à vivre paisiblement sur leur bout de trottoir.

     

     

    Merci pasteur

     

     

     

     

     

     

    Michel

  • La grogne des flics, partie visible d’un État en ruine :

     

     

     

     

     

     

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    La France vit à crédit depuis trente ans : tôt ou tard il va bien falloir passer à la caisse, c’est obligatoire.

     

     

     
     
    Gestionnaire de fonds d’investissement
     
     
     
     
     

    François Fillon l’avait dit, la France « est en situation de faillite » : c’était à l’automne 2007, et qu’ont donc fait nos gouvernements depuis ? Ce que leurs prédécesseurs ont toujours fait depuis Maastricht et ses fameux critères (3 % pour le déficit, 60 % pour la dette) : privatiser et rogner sur les budgets d’équipement et sur les effectifs des corps régaliens que sont l’armée et la police, les ministères les plus dociles. Aujourd’hui, la France est en état d’urgence et se réveille avec la gueule de bois.

     

     

    La grogne des flics a des causes multiples et, parmi celles-ci, bien évidemment, un sous-effectif et un sous-équipement chroniques. C’est la même chose pour la santé, l’armée et la justice, et tout cela est passé comme une lettre à la poste pendant des années parce que cela n’apparaît pas dans les chiffres. Et c’est, là, tout le problème. Nous nous sommes polarisés sur des agrégats économiques – PIB, déficit – parce que ce sont ces chiffres-là qui sont scrutés à Bruxelles, mais la réalité est que le service public est en ruine. Combien faudrait-il dépenser/investir pour remettre la France au standard d’un grand pays moderne ? Cent milliards, au minimum, plutôt deux cents milliards.

     

    Le problème de la France, il est là. Enfin, disons la moitié du problème, car il y a l’autre face de la pièce.

     

     

    La France est d’ores et déjà totalement dépendante des marchés financiers, c’est-à-dire de la City et de Wall Street. En parlant de dépendance, je ne fais pas uniquement référence au paiement des intérêts de la dette qui, je le rappelle, est détenue par des non-résidents à plus de 60 %, mais aussi aux salaires des fonctionnaires. Que nous nous affranchissions des contraintes que les marchés nous imposent pour continuer à nous prêter et nous nous retrouverions ipso facto dans la situation de la Grèce.

     

     

    Par conséquent, si l’État a besoin d’investir, il doit aussi simultanément réduire ses déficits. Pour donner un ordre de grandeur, afin de remettre le pays sur pied, les candidats à la succession de François Hollande, s’ils sont sérieux, vont devoir imaginer un programme de gouvernement qui intègre à la fois des dépenses d’équipement, d’effectifs et d’infrastructures – pour, à la louche, 30 milliards par an sur 5 ans – et des économies sur l’ensemble du budget du même ordre, ce qui implique de trouver environ 60 milliards d’économies sur les dépenses de fonctionnement et sur les dépenses sociales, chaque année.

     

     

    Est-ce possible ? Aucune chance. D’abord, personne n’osera et si, d’aventure, il se trouvait un leader à poigne pour s’y atteler, la rue aurait raison de lui au bout de quelques semaines. Alors, c’est fichu ? Non, car à un moment ou à un autre, comme en 1789 ou en 1917, les services de l’État cesseront de fonctionner et il n’y aura plus le choix. Le gouvernement en place devra se résoudre à suspendre le processus démocratique et nous infliger un traitement de choc : plafonnement des retraites, suppression de 500.000 emplois dans l’administration, prélèvement exceptionnel sur les grandes fortunes, déremboursement des dépenses de santé, sortie de l’Union européenne et renégociation de la dette.

     

     

    La France vit à crédit depuis trente ans : tôt ou tard il va bien falloir passer à la caisse, c’est obligatoire.

     

     

    Gestionnaire de fonds d’investissement
     
     

     

  • HIER, AUJOURD'HUI ET DEMAIN.........

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Hadrien Blandin,

    fidèle de l'Action Sociale et Populaire

     


     
     
    Depuis les débuts héroïques de notre association, votre générosité ne s’est jamais démentie. Alors que notre structure était encore embryonnaire, nous avons pu constater, grâce à la magie de radio Courtoisie que les bonnes volontés ne manquaient pas. C'était le commencement d'un élan fantastique de solidarité agissante.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Hadrien Blandin fut un des premiers à répondre présent. Ce jeune étudiant, fort sympathique, est le voltigeur du tri et du don de linge. Chaque année, quand se prépare la saison d'hiver, solidaire pour nos compatriotes les plus démunis, il nous apporte sa cargaison de vêtements. Cette habitude a fini par tisser des liens d'amitié. Lors de nos retrouvailles, nous évoquons le temps passé, les caps franchis. Il est bon de constater le chemin parcouru et de pouvoir dresser un bilan positif, malgré les difficultés. 

     

     

     

    J'espère que nous continuerons de la même manière. Cela sera le signe que notre combat  pour plus de justice sociale, envers les Nôtres, avance et se construit pas à pas.

     

     


      
    Pasteur  Blanchard

  • Apostasie de James Lovelock, le prophète vert de Gaïa : le réchauffement climatique n’est « pas scientifique ».

     

     

    L’inventeur de la théorie de Gaïa, le chimiste britannique James Lovelock qui faisait autorité dans le réchauffement, le prophète vert qui prévoyait une catastrophe climatique provoquant des « milliards » de mort, apostasie : tout cela n’est « pas scientifique » et les écolos ne sont « pas raisonnables ».

     

     

     

    La vieillesse serait-elle un naufrage, comme l’ont prétendu aujourd’hui Patrick Timsit à propos des récentes déclarations nationalistes d’Alain Delon, et naguère le général De Gaulle à propos du maréchal Pétain ? En tout cas les écologistes du monde entier sont enclins à le penser après le dernier entretien accordé par leur ancien gourou, James Lovelock, 97 ans aux vendanges. Ce climatologue reconnu, primé, révéré, choyé par la communauté internationale et l’Empire britannique, renie tout dans son apostasie. Il répète, avec beaucoup plus de force, ce qu’il avait commencé à dire voilà quatre ans : « Je me suis trompé ».

     

     

    James Lovelock, le scientifique qui a lancé la théorie de Gaïa

     


    James Lovelock reste attaché à l’environnement, et à sa sauvegarde. Seulement, il ne croit plus aux dogmes qu’il a plus qu’aucun autre contribué à faire advenir. Oui, par exemple, il y a trop de gaz carbonique dans l’oxygène, mais « la seule solution, c’est le nucléaire ». Et pour bien frapper les esprits, il pose devant une affiche représentant des éoliennes, « afin de (se)

     

     

     

    rappeler à tout moment combien elles sont absurdes ».
    Ce chimiste de formation est pourtant à l’origine de bien des peurs et des certitudes écologistes avec la théorie de Gaïa qu’il a formulé dès les années 80 : elle postule que la terre est un système qui s’autorégule, et que l’intrusion de l’activité humaine industrielle l’a troublé au point de provoquer des catastrophes incommensurables. En 2006, ce prophète de malheur prédisait « des milliards de morts », en 2008, en se fondant sur les données du GIEC, il prévoyait que la population mondiale serait décimée « vers 2040 par les inondations, la sécheresse, la famine ».

     

    C’est pourquoi, en 2010, il préconisait de « suspendre la démocratie » pour prendre les décisions urgentes que la situation imposait selon lui.

     


    Le prophète vert a connu le doute avant l’apostasie

     


    Mais à partir de 2012, il a commencé à douter. Reconnaissant avoir été « alarmiste », il a tenu des propos dignes de Sarkozy : « Le problème est que nous ne savons pas où va le climat. Nous pensions le savoir il y a vingt ans. Cela a produit des livres alarmistes – les miens inclus. »

     

     

    Aujourd’hui, il a carrément viré sa cuti. Et il flingue tous azimuts. « La concentration de CO2 dans l’atmosphère augmente, c’est sûr, mais pas du tout aussi vite que nous croyions qu’elle le ferait. Les modèles mathématiques utilisés par les ordinateurs ne sont juste pas fiables. En réalité je ne suis pas sûr que tout ce truc ne soit pas une folie, le réchauffement climatique. Regardez Singapour. Le taux de gaz carbonique est deux fois et demie celui du pire scénario pour le réchauffement climatique, et c’est une des villes du monde les plus agréables à vivre. » Il compare désormais l’écologisme, avec ses rites, ses dogmes, sa culpabilité, à une « religion ».

     


    Le réchauffement climatique démoli par l’esprit critique

     


    Quant aux émissions de gaz par les humains et leur incidence sur le réchauffement climatique, il a cette comparaison, qui établit les ordres de grandeur : « Il suffit qu’un volcan de bonne taille entre en éruption et tous les modèles, et tout le tralala, ne valent strictement plus rien. » En conséquence, toute prévision climatique « au-delà de cinq ans à l’avance est l’affaire d’un idiot ». Il y a dix ans, il prévoyait encore la fin rapide de l’humanité dans son dernier bouquin du moment, La revanche de Gaïa. Aujourd’hui, il ne croit plus à cette vengeance via le réchauffement climatique : « J’ai grandi ».

     

     

    Il a désormais un nouveau dada : les robots qui remplaceront l’humanité. « Ils n’en auront rien à cirer du réchauffement climatique, ils pourront supporter des changements plus violents et plus rapides ». Jusqu’à présent, les écolos voyaient dans ce prophète vert un esprit « subversif » et « créatif ». Il est probable qu’ils y verront maintenant un gâteux. Il est plus facile de discréditer une opinion avec un mot que de la réfuter.

     

     

    Pauline Mille pour réinformation.tv

     
  • Georges Sorel : « Le socialisme pourrait être absorbé par la grève générale »

     

     

     

    Philosophe et sociologue, Georges Sorel fut un des grands penseurs de l’anarcho-syndicalisme. Héritier de Pierre-Joseph Proudhon, en qui il voit « le plus grand philosophe du XIXe siècle », il n’hésite pas à puiser chez Karl Marx, qu’il estime être le plus grand penseur de la lutte de classes, ainsi que dans le vitalisme d’Henri Bergson ou dans l’éthique de Nietzsche et d’Aristote. Sorel nous a laissé une œuvre riche, quoique parfois brouillonne. Si nous n’ignorons pas son parcours politique parfois chaotique – déçu par la CGT, le penseur se rapproche de Charles Maurras en 1909, puis soutient Lénine et les Bolcheviks à partir de 1914 –, nous refusons comme trop le font de le condamner en bloc et nous n’oublions pas qu’il a influencé des penseurs majeurs du socialisme, comme Antonio Gramsci. Alors que l’utilisation de la violence à des fins insurrectionnelles et la notion de “grève générale”  font débat dans le mouvement Nuit Debout, nous avons pensé utile de nous replonger dans ses écrits, même si nous sommes conscients que les contextes sont très différents. Nous republions ici la première partie du chapitre IV de ses « Réflexions sur la violence » (1908), intitulé “Grève prolétarienne”. Dans cet extrait, il est notamment question du mythe de la grève générale.
     
     
     

    Georges Sorel

     

     

    Toutes les fois que l’on cherche à se rendre un compte exact des idées qui se rattachent à la violence prolétarienne, on est amené à se reporter à la notion de grève générale ; mais la même notion peut rendre bien d’autres services et fournir des éclaircissements inattendus sur toutes les parties obscures du socialisme. Dans les dernières pages du premier chapitre, j’ai comparé la grève générale à la bataille napoléonienne qui écrase définitivement l’adversaire ; ce rapprochement va nous aider à comprendre le rôle idéologique de la grève générale. Lorsque les écrivains militaires actuels veulent discuter de nouvelles méthodes de guerre appropriées à l’emploi de troupes infiniment plus nombreuses que n’étaient celles de Napoléon et pourvues d’armes bien plus perfectionnées que celles de ce temps, ils ne supposent pas moins que la guerre devra se décider dans des batailles napoléoniennes. Il faut que les tactiques proposées puissent s’adapter au drame que Napoléon avait conçu; sans doute, les péripéties du combat se dérouleront tout autrement qu’autrefois ; mais la fin doit être toujours la catastrophe de l’ennemi. Les méthodes d’instruction mili­taire sont des préparations du soldat en vue de cette grande et effroyable action, à laquelle chacun doit être prêt à prendre part au premier signal. Du haut en bas de l’échelle, tous les membres d’une armée vraiment solide ont leur pensée tendue vers cette issue catastrophique des conflits internationaux.

     

     

    Les syndicats révolutionnaires raisonnent sur l’action socialiste exactement de la même manière que les écrivains militaires raisonnent sur la guerre ils enferment tout le socialisme dans la grève générale ils regardent toute combinaison comme devant aboutir à ce fait ; ils voient dans chaque grève une imitation réduite, un essai, une préparation du grand bouleversement final. […]

     

     

    « En face de ce socialisme bruyant, bavard et menteur qui est exploité par les ambitieux de tout calibre (…) se dresse le syndicalisme révolutionnaire qui s’efforce, au contraire, de ne rien lais­ser dans l’indécision. »

     

    Misère du socialisme parlementaire

     

     

    Les socialistes parlementaires ne peuvent avoir une grande influence que s’ils parviennent à s’imposer à des groupes très divers, en parlant un langage embrouillé : il leur faut des électeurs ouvriers assez naïfs pour se laisser duper par des phrases ronflantes sur le collectivisme futur; ils ont besoin de se présenter comme de pro­fond philosophes aux bourgeois stupides qui veulent paraître entendus en questions sociales ; il leur est très nécessaire de pouvoir exploiter des gens riches qui croient bien mériter de l’humanité en commanditant des entreprises de politique socialiste. Cette influence est fondée sur le galimatias et nos grands hommes travaillent, avec un succès parfois trop grand, à jeter la confusion dans les idées de leurs lecteurs ; ils détestent la grève générale parce que toute propagande faite sur ce terrain est trop socialiste pour plaire aux philanthropes.

     

     

     

    Dans la bouche de ces prétendus représentants du prolétariat, toutes les formules socialistes perdent leur sens reel

    . La lutte de classe reste toujours le grand principe ; mais elle doit être subordonnée à la solidarité nationale[i]. L’internationalisme est un article de foi en l’honneur duquel les plus modérés se déclarent prêts à prononcer les serments les plus solennels ; mais le patriotisme impose aussi des devoirs sacrés[ii]. L’émancipation des travailleurs doit être l’œuvre des travailleurs eux-mêmes, comme on l’imprime encore tous les jours, mais la véritable émancipation consiste à voter pour un professionnel de la politique, à lui assurer les moyens de se faire une bonne situation, à se donner un maître. Enfin l’État doit disparaître et on se garderait de contester ce que Engels a écrit là-dessus; mais cette disparition aura lieu seulement dans un avenir si lointain que l’on doit s’y préparer en utilisant provisoirement l’État pour gaver les politiciens de bons morceaux; et la meilleure politique pour faire disparaître l’État consiste provisoirement à renforcer la machine gouvernementale; Gribouille, qui se jette à l’eau pour ne pas être mouillé par la pluie, n’aurait pas rai­sonné autrement. Etc., etc.

     

     

     

     

    Clemenceau et Jaurès

     

     

    Les polémiques de Jaurès avec Clemenceau ont montré, d’une manière parfaite­ment incontestable, que nos socialistes parlementaires ne peuvent réussir à en imposer au public que par leur galimatias et qu’à force de tromper leurs lecteurs, ils ont fini par perdre tout sens de la discussion honnête. Dans l’Aurore du 4 septembre 1905, Clemenceau reproche à Jaurès d’embrouiller l’esprit de ses partisans « en des subtilités métaphysiques où ils sont incapables de le suivre » ; il n’y a rien à objecter à ce reproche, sauf l’emploi du mot métaphysique; Jaurès n’est pas plus métaphy­sicien qu’il n’est juriste ou astronome. Dans le numéro du 26 octobre, Clemenceau démontre que son contradicteur possède l’art de solliciter les textes » et termine en disant « Il m’a paru instructif de mettre à nu certains procédés de polémique dont nous avons le droit de concéder trop facilement le monopole à la congrégation de Jésus. »

     

     

     

    En face de ce socialisme bruyant, bavard et menteur qui est exploité par les ambitieux de tout calibre, qui amuse quelques farceurs et qu’admirent les décadents, se dresse le syndicalisme révolutionnaire qui s’efforce, au contraire, de ne rien lais­ser dans l’indécision ; la pensée est ici honnêtement exprimée, sans supercherie et sans sous-entendus; on ne cherche plus à diluer les doctrines dans un fleuve de com­mentaires embrouillés. Le syndicalisme s’efforce d’employer des moyens d’expres­sion qui projettent sur les choses une pleine lumière, qui les posent parfaitement à la place que leur assigne leur nature et qui accusent toute la valeur des forces mises en jeu. Au lieu d’atténuer les oppositions, il faudra, pour suivre l’orientation syndica­liste, les mettre en relief; il faudra donner un aspect aussi solide que possible aux groupements qui luttent entre eux; enfin on représentera les mouvements des masses révoltées de telle manière que l’âme des révoltés en reçoive une impression pleine­ment maîtrisante. […]

     

     

    « L’opposition des socialistes officiels fournit donc une confirmation de notre première enquête sur la portée de la grève générale. »

     

     

    La grève générale comme mythe

     

     

    On a beaucoup disserté sur la possibilité de réaliser la grève générale : on a prétendu que la guerre socialiste ne pouvait se résoudre en une seule bataille ; il semble aux gens sages, pratiques et savants, qu’il serait prodigieusement difficile de lancer avec ensemble les grandes masses du prolétariat; on a analysé les difficultés de détail que présenterait une lutte devenue énorme. Au dire des socialistes-socio­logues, comme au dire des politiciens, la grève générale serait une rêverie populaire, caractéristique des débuts d’un mouvement ouvrier ; on nous cite l’autorité de Sidney Webb qui a décrété que la grève générale était une illusion de jeunesse[iii], dont s’étaient vite débarrassés ces ouvriers anglais – que les propriétaires de la science sérieuse nous ont si souvent présentés comme les dépositaires de la véritable con­ception du mouvement ouvrier.

     

     

    Que la grève générale ne soit pas populaire dans l’Angleterre contemporaine, c’est un pauvre argument à faire valoir contre la portée historique de l’idée, car les Anglais se distinguent par une extraordinaire incompréhension de la lutte de classe; leur pensée est restée très dominée par des influences médiévales : la corporation, privilégiée ou protégée au moins par les lois, leur apparaît toujours comme l’idéal de l’organisation ouvrière; c’est pour l’Angleterre que l’on a inventé le terme d’aristo­cratie ouvrière pour parler des syndiqués et, en effet, le trade-unionisme poursuit l’acquisition de faveurs légales[iv]. Nous pourrions donc dire que l’aversion que l’Angleterre éprouve pour la grève générale devrait être regardée comme une forte présomption en faveur de celle-ci, par tous ceux qui regardent la lutte de classe comme l’essentiel du socialisme.

     

    […]

    Je n’attache pas d’importance, non plus, aux objections que l’on adresse à la grève générale en s’appuyant sur des considérations d’ordre pratique; c’est revenir à l’an­cienne utopie que vouloir fabriquer sur le modèle des récits historiques des hypothèses relatives aux luttes de l’avenir et aux moyens de supprimer le capita­lisme. Il n’y a aucun procédé pour pouvoir prévoir l’avenir d’une manière scienti­fique, ou même pour discuter sur la supériorité que peuvent avoir certaines hypothèses sur d’autres; trop d’exemples mémorables nous démontrent que les plus grands hommes ont commis des erreurs prodigieuses en voulant, ainsi, se rendre maîtres des futurs, même des plus voisins[v].

     

     

    Et cependant nous ne saurions agir sans sortir du présent, sans raisonner sur cet avenir qui semble condamné à échapper toujours à notre raison. L’expérience nous prouve que des constructions d’un avenir indéterminé dans les temps peuvent posséder une grande efficacité et n’avoir que bien peu d’inconvénients, lorsqu’elles sont d’une certaine nature ; cela a lieu quand il s’agit de mythes dans lesquels se retrouvent les tendances les plus fortes d’un peuple, d’un parti ou d’une classe, tendances qui viennent se présenter à l’esprit avec l’insistance d’instincts dans toutes les circonstances de la vie, et qui donnent un aspect de pleine réalité à des espoirs d’action prochaine sur lesquels se fonde la réforme de la volonté. Nous savons que ces mythes sociaux n’empêchent d’ailleurs nullement l’homme de savoir tirer profit de toutes les observations qu’il fait au cours de sa vie et ne font point obstacle à ce qu’il remplisse ses occupations normales[vi].

     

     

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    C’est ce que l’on peut montrer par de nombreux exemples.

     

     

    Les premiers chrétiens attendaient le retour du Christ et la ruine totale du monde païen, avec l’instauration du royaume des saints, pour la fin de la première géné­ration. La catastrophe ne se produisit pas, mais la pensée chrétienne tira un tel parti du mythe apocalyptique que certains savants contemporains voudraient que toute la prédication de Jésus eût porté sur ce sujet unique[vii].  Les espérances que Luther et Calvin avaient formées sur l’exaltation religieuse de l’Europe ne se sont nullement réalisées; très rapidement ces Pères de la Réforme ont paru être des hommes d’un autre monde; pour les protestants actuels, ils appartiennent plutôt au Moyen Âge qu’aux temps modernes et les problèmes qui les inquiétaient le plus occupent fort peu de place dans le protestantisme contemporain. Devrons-nous contester, pour cela, l’immense résultat qui est sorti de leurs rêves de rénovation chrétienne ?  On peut reconnaître facilement que les vrais développements de la Révolution ne ressemblent nullement aux tableaux enchanteurs qui avaient enthousiasmé ses premiers adeptes ; mais sans ces tableaux la Révolution aurait-elle pu vaincre ? Le mythe était fort mêlé d’utopies[viii], parce qu’il avait été formé par une société passion­née pour la littérature d’imagination, pleine de confiance dans la petite science et fort peu au courant de l’histoire économique du passé. Ces utopies ont été vaines ; mais on peut se demander si la Révolution n’a pas été une transformation beaucoup plus profonde que celles qu’avaient rêvées les gens qui, au XVIIIe siècle, fabriquaient des utopies sociales.  Tout près de nous, Mazzini a poursuivi ce que les hommes sages de son temps nommèrent une folle chimère; mais on ne peut plus douter aujourd’hui que sans Mazzini l’Italie ne serait jamais devenue une grande puissance et que celui-ci a beaucoup plus fait pour l’unité italienne que Cavour et tous les politiques de son école.

     

     

    Il importe donc fort peu de savoir ce que les mythes renferment de détails desti­nés à apparaître réellement sur le plan de l’histoire future ; ce ne sont pas des almanachs astrologiques; il peut même arriver que rien de ce qu’ils renferment ne se produise,  comme ce fut le cas pour la catastrophe attendue par les premiers chrétiens[ix]. Dans la vie courante ne sommes-nous pas habitués à reconnaître que la réalité diffère beaucoup des idées que nous nous en étions faites avant d’agir ? Et cela ne nous empêche pas de continuer à prendre des résolutions. Les psychologues disent qu’il y a hétérogénéité entre les fins réalisées et les fins données : la moindre expérience de la vie nous révèle cette loi, que Spencer a transportée dans la nature, pour en tirer sa théorie de la multiplication des effets[x].

     

     

    Il faut juger les mythes comme des moyens d’agir sur le présent ; toute discussion sur la manière de les appliquer matériellement sur le cours de l’histoire est dépour­vue de sens. C’est l’ensemble du mythe qui importe seul; ses parties n’offrent d’inté­rêt que par le relief qu’ils donnent à l’idée contenue dans la construction. Il n’est donc pas utile de raisonner sur les incidents qui peuvent se produire au cours de la guerre sociale et sur les conflits décisifs qui peuvent donner la victoire au prolétariat ; alors même que les révolutionnaires se tromperaient, du tout au tout, en se faisant un tableau fantaisiste de la grève générale, ce tableau pourrait avoir été, au cours de la préparation à la révolution, un élément de force de premier ordre, s’il a admis, d’une manière parfaite, toutes les aspirations du socialisme et s’il a donné à l’ensemble des pensées révolutionnaires une précision et une raideur que n’auraient pu leur fournir d’autres manières de penser.

     

     

    Pour apprécier la portée de l’idée de grève générale, il faut donc abandonner tous les procédés de discussion qui ont cours entre politiciens, sociologues ou gens ayant des prétentions à la science pratique. On peut concéder aux adversaires tout ce qu’ils s’efforcent de démontrer, sans réduire, en aucune façon, la valeur de la thèse qu’ils croient pouvoir réfuter; il importe peu que la grève générale soit une réalité partielle, ou seulement un produit de l’imagination populaire. Toute la question est de savoir si la grève générale contient bien tout ce qu’attend la doctrine socialiste du prolétariat révolutionnaire. […]

     

     

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    Nous savons que la grève générale est bien ce que j’ai dit : le mythe dans lequel le socialisme s’enferme tout entier, c’est-à-dire une organisation d’images capables d’évoquer instinctivement tous les sentiments qui correspondent aux diverses manifestations de la guerre engagée par le socialisme contre la société mo­derne. Les grèves ont engendré dans le prolétariat les sentiments les plus nobles, les plus profonds et les plus moteurs qu’il possède; la grève générale les groupe tous dans un tableau d’ensemble et, par leur rapprochement, donne à chacun d’eux son maximum d’intensité; faisant appel à des souvenirs très cuisants de conflits parti­culiers, elle colore d’une vie intense tous les détails de la composition présentée à la conscience. Nous obtenons ainsi cette intuition du socialisme que le langage ne pouvait pas donner d’une manière parfaitement claire – et nous l’obtenons dans un ensemble perçu instantanément[xi].

     

     

    Nous pouvons encore nous appuyer sur un autre témoignage pour démontrer la puissance de l’idée de grève générale. Si cette idée était une pure chimère, comme on le dit si fréquemment, les socialistes parlementaires ne s’échaufferaient pas tant pour la combattre ; je ne sache pas qu’ils aient jamais rompu des lances contre les espéran­ces insensées que les utopistes ont continué de faire miroiter aux yeux éblouis du peuple[xii]. Dans une polémique relative aux réformes sociales réalisables, Clemenceau faisait ressortir ce qu’a de machiavélique l’attitude de Jaurès quand il est en face d’illusions populaires : il met sa conscience à l’abri de « quelque sentence habilement balancée », mais si habilement balancée qu’elle « sera distraitement accueillie par ceux qui ont le plus grand besoin d’en pénétrer la substance, tandis qu’ils s’abreu­veront avec délices à la rhétorique trompeuse des joies terrestres à venir » (Aurore, 28 décembre 1905). Mais quand il s’agit de la grève générale, c’est tout autre chose; nos politiciens ne se contentent plus de réserves compliquées; ils parlent avec violence et s’efforcent d’amener leurs auditeurs à abandonner cette conception.

     

     

    La cause de cette attitude est facile à comprendre les politiciens n’ont aucun danger à redouter des utopies qui présentent au peuple un mirage trompeur de l’avenir et orientent « les hommes vers des réalisations prochaines de terrestre félicité, dont une faible partie ne peut être scientifiquement le résultat que d’un très long effort ». (C’est ce que font les politiciens socialistes d’après Clemenceau). Plus les électeurs croiront facilement aux forces magiques de l’État, plus ils seront disposés à voter pour le candidat qui promet des merveilles; dans la lutte électorale, il y a une surenchère continuelle : pour que les candidats socialistes puissent passer sur le corps des radicaux, il faut que les électeurs soient capables d’accepter toutes les espérances[xiii] ; aussi, nos politiciens socialistes se gardent-ils bien de combattre d’une manière efficace l’utopie du bonheur facile.

     

     

    S’ils combattent la grève générale, c’est qu’ils reconnaissent, au cours de leurs tournées de propagande, que l’idée de grève générale est si bien adaptée à l’âme ouvrière qu’elle est capable de la dominer de la manière la plus absolue et de ne laisser aucune place aux désirs que peuvent satisfaire les parlementaires. Ils s’aper­çoivent que cette idée est tellement motrice qu’une fois entrée dans les esprits, ceux-ci échappent à tout contrôle de maîtres et qu’ainsi le pouvoir des députés serait réduit à rien. Enfin ils sentent, d’une manière vague, que tout le socialisme pourrait bien être absorbé par la grève générale, ce qui rendrait fort inutiles tous les compromis entre les groupes politiques en vue desquels a été constitué le régime parlementaire.

    L’opposition des socialistes officiels fournit donc une confirmation de notre première enquête sur la portée de la grève générale.

     

    Notes :

     

    [i] Le Petit Parisien, qui a la prétention de traiter en spécialiste et en socialiste les questions ouvrières, avertissait, le 31 mars 1907, des grévistes qu’ils « ne doivent jamais se croire au-dessus des devoirs de la solidarité sociale ».


    [ii] À l’époque où les antimilitaristes commencèrent à préoccuper le public, le Petit Parisien se distingua par son patriotisme : le 8 octobre 1905, article sur « le devoir sacré » et sur « le culte de ce drapeau tricolore qui a parcouru le monde avec nos gloires et nos libertés » ; le 1er janvier 1906, félicitations au Jury de la Seine : « Le drapeau a été vengé des outrages jetés par ses détracteurs sur ce noble emblème. Quand il passe dans nos rues, on le salue. Les jurés ont fait plus que de s’incliner; ils se sont rangés avec respect autour de lui. » Voilà du socialisme très sage.


    [iii] Bourdeau, Évolution du socialisme, p. 232.


    [iv] C’est ce qu’on voit, par exemple, dans les efforts faits par les trade-unions pour obtenir des lois leur évitant la responsabilité civile de leurs actes.


    [v] Les erreurs commises par Marx sont nombreuses et parfois énormes. (Cf. G. Sorel, Saggi di critica del marxismo (« Essais de critique du marxisme »)pp. 51-57).


    [vi] On a souvent fait remarquer que des sectaires anglais ou américains, dont l’exaltation religieuse était entretenue par les mythes apocalyptiques, n’en étaient pas moins souvent des hommes très pratiques.


    [vii] Cette doctrine occupe, à l’heure actuelle, une grande place dans l’exégèse allemande ; elle a été apportée en France par l’abbé Loisy.


    [viii] Cf. la lettre à Daniel Halévy, IV.


    [ix] J’ai essayé de montrer comment à ce mythe social qui s’est évanoui, a succédé une dévotion qui a conservé une importance capitale dans la vie catholique; cette évolution du social à l’individuel me semble toute naturelle dans une religion. (Le système historique de Renan, pp. 374-382).


    [x] Je crois bien que tout l’évolutionnisme de Spencer doit s’expliquer, d’ailleurs, par une émigration de la psychologie la plus vulgaire dans la physique.


    [xi] C’est la connaissance parfaite de la philosophie bergsonienne.


    [xii] Je n’ai pas souvenir que les socialistes officiels aient montré tout le ridicule des romans de Bellamy, qui ont eu un si grand succès. Ces romans auraient d’autant mieux nécessité une critique qu’ils présentent au peuple un idéal de vie toute bourgeoise. Ils étaient un produit naturel de l’Amérique, pays qui ignore la lutte de classe; mais en Europe, les théoriciens de la lutte de classe ne les auraient-ils pas compris ?


    [xiii] Dans l’article que j’ai déjà cité, Clemenceau rappelle que Jaurès a pratiqué cette surenchère dans un grand discours prononcé à Béziers.

     

     

     

     

  • Plutôt chiot chaud que premier baiser…ou les plans de guerre thermonucléaire globale:

     

     

    Je vous parle d’un temps que les moins de 40 ans ne peuvent pas connaître… Un temps où l’URSS existait encore, ou Reagan était Président des Etats-Unis et où l’ordinateur à la mode était canadien et s’appelait Commodore 64. Un temps où Toulon, Laval et Le Havre jouaient en première division… Sur Commodore, il y avait un excellent wargame qui s’appelait Theatre Europe, simulant un hypothétique conflit mondial entre les deux blocs. Après le massacre (les cartes sons de l’époque n’étaient pas celles d’aujourd’hui) de la chanson de John Lennon Give to peace a chance, on pouvait choisir l’OTAN ou le Pacte. Pour le premier, le but était de tenir 21 jours de guerre jusqu’à l’effondrement de l’économie soviétique, pour le second, repousser les troupes alliées derrière le Rhin. Qui dit troisième guerre mondiale, dit guerre nucléaire. Il fallait téléphoner à un numéro où une voix lugubre vous disait : « le code d’accès est SOLEIL NOIR ».

     

     

     

     

     

     

     

    Ce code permettait de lancer les missiles. Les psychopathes pouvaient déclencher une guerre thermonucléaire globale, à savoir en tirant préventivement ses missiles, ce qui entraînait bien sur riposte de l’autre et destruction mutuelle. Donc, partie perdue. Le plan américain visant à tirer les premiers s’appelait dans le jeu Warm Puppy (chiot chaud). Son homologue soviétique s’appelait lui First kiss (premier baiser).

     

     

    La lecture des dépêches des récentes heures m’a mis dans la peau de Martin Seamus « Marty » Mc Fly et m’a fait revenir en 1986… Le Secrétaire d’Etat à la Défense, Ashton Baldwin Carter, a déclaré lors de sa visite du 27 septembre à la base de Kirtland (Nouveau-Mexique), siège du centre nucléaire de l’US Air Force et du 498e escadron de système nucléaire (née d’une unité de bombardiers lourds et destinés à fournir les missiles nucléaires des avions américains) que cette politique de tirer les premiers «a été notre politique depuis longtemps et fait partie de nos plans pour l’avenir». Il précise donc publiquement l’ambiguïté de la doctrine nucléaire américaine dans sa mouture de 2010.

     

     

     

    Les doctrines nucléaires des autres puissances sont similaires : pour le Royaume-Uni, dans sa doctrine de 2006, il prône un « usage sous-stratégique ou pré stratégique, y compris en première frappe, contre des Etats nucléaires et non nucléaires qui menaceraient ses intérêts vitaux ». Dans sa doctrine de 2014, la Russie « se réserve le droit de se servir de son arme nucléaire en riposte à une attaque à l’arme nucléaire ou à une autre arme de destruction massive, réalisée contre elle et/ou ses alliés, ainsi qu’en cas d’une agression massive à l’arme conventionnelle mettant en danger l’existence même de l’État. ». Quant à la France, sa doctrine de 2013 définit que sa « dissuasion nucléaire a pour objet de nous protéger contre toute agression d’origine étatique contre nos intérêts vitaux, d’où qu’elle vienne et quelle qu’en soit la forme. L’emploi de l’arme nucléaire ne serait concevable que dans des circonstances extrêmes de légitime défense». Concrètement, dans un contexte de guerre d’invasion classique, le schéma de la dissuasion nucléaire française était le suivant : en cas de franchissement de nos frontières par les troupes du Pacte (prévu dans la région de Sedan par les troupes de la 8e armée de la Garde), tirs des missiles tactiques Pluton sur les unités blindées. Si l’offensive persiste, destruction par les missiles tirés des Mirage-2000N ou Mirage-IVN d’une ville industrielle soviétique de premier ordre (par exemple Dniepropetrovsk) ou d’une capitale régionale (Minsk ou Kiev). En cas de persistance, destruction de toutes les villes de Russie occidentale, destruction en retour de la France, défaite majeure de l’URSS…

     

     

    L’URSS avait axée une grosse part de sa doctrine militaire sur la notion de tir préventif. La doctrine Sokolovski, du nom de son auteur, le maréchal Vassili Danilovitch Sokolovski, qui fut l’axiome officiel du Pacte de 1962 à la chute du Mur, prévoyait non seulement l’utilisation du nucléaire tactique comme super-artillerie contre les concentrations blindées de l’OTAN (explicitement visés les Ve et VIIe Corps américains)  mais également contre les aéroports d’Allemagne, Belgique, Hollande et Royaume-Uni. Les Américains avaient leurs propres plans d’anéantissement nucléaire du Pacte dès 1949 (plan Chariot) et ces plans étaient encore d’actualités dans le rapport du SAC Atomic weapons requirements study for 1959 daté du 15 juin 1956.

     

     

    Nous sommes actuellement dans des tensions supérieures à celles de la guerre froide, car si les Etats-Unis n’ont jamais eu l’intention entre 1952 et 1981 d’en finir avec un bloc communiste qui leur convenait très bien, c’est une toute autre partition avec la Russie de Vladimir Vladimirovitch Poutine, qui incarne ces régimes continentaux nationalistes que Washington a voulu toujours éradiquer, que ce soit l’Allemagne (celle du Kaiser comme celle du Führer), la Russie, voire même la France (« rogner les ailes du coq gaulois » prônait Curtis Bean Dall, le gendre de Franklin Delanoë Roosevelt).

     

     

    Le même Carter avait déclaré dans sa visite à la base nucléaire de Minot (Nord-Dakota) le 26 septembre, où sont stationnés notamment les 150 missiles intercontinentaux Minuteman-III du 91e escadron de missiles : « Les rodomontades récentes et la construction de nouveaux systèmes d’armes nucléaires de Moscou soulèvent de sérieuses questions quant à l’engagement de ses dirigeants envers la stabilité stratégique, leur respect pour l’ horreur profondément ancrée face à l’utilisation des armes nucléaires et leur respect de la profonde prudence que les dirigeants de l’époque de la guerre froide avaient montré par rapport à l’étalage menaçant d’armes nucléaires. », quelques heures avant que les Etats-Unis n’annoncent que l’activation de leur bouclier antimissiles était désormais non seulement dirigé contre la Russie mais aussi contre la Chine. Une attaque préventive par la Chine est crainte, comme le laisse entendre l’étude parue dans le numéro d’octobre 2015 de Naval & Merchant Ships.

     

     

    Nous avons vu dans l’article sur la Corée du Nord que, loin d’être le commencement de la sagesse, la peur devenait parfois le commencement de la folie suicidaire. Le tir par surprise des Soviétiques est une constante dans la filmographie américaine : Invasion USA de 1952, Octopussy de 1983, L’Aube Rouge de 1984 (où grâce à des agents de la CDR cubaine se faisant passer pour des réfugiés politiques et s’engageant dans l’armée, les satellites furent neutralisés, permettant la destruction par surprise du PC d’Omaha, de Washington, de Kansas City et des missiles du Montana), ou, dans un mode burlesque, dans Drôles d’Espion de 1985… on la retrouve également dans le roman Warday et dans le remake de L’Aube rouge de 2012.

    Pour les émules éventuels du général Jack D. Ripper (Dr Folamour), méditer la conclusion de Joshua, l’ordinateur du NORAD dans Wargame, qui réfléchissant à la guerre thermonucléaire globale selon le principe du morpion, et constant que quelque en soit la variante, ce genre de guerre se terminait par la destruction mutuelle assurée (Mutual assured destruction, MAD qui signifie aussi fou) de conclure : « Drôle de jeu où pour gagner, il ne faut pas jouer »…

     

     

    Hristo XIEP dans MPI