31/05/2012
IMPRESSIONS DE MARAUDE...
Par Benoit Vaillant,
Sonné ! C’est le mot que je retiens pour cette maraude qui est une grande première pour moi. Sonné dans mon ressenti, sonné par la confrontation avec une réalité qu’on aperçoit mais qu’on ne voit pas. Pourtant il n’y a pas de passage à franchir, pas d’avertissement sur une réalité difficile. J’aime beaucoup le mot du pasteur sur cet âge de fer qui est arrivé. L’âge de fer ! Terrible expression qui laisse les progrès d’une civilisation disparaître, qui laisse entrevoir un paysage gris, défiguré, poussiéreux, ruiné et inhumain.
Plus que de la révolte, on ressent de l’amertume. La pilule du bonheur qu’on avale chaque jour ne fait plus effet. Elle a même un drôle de goût ! Regarde près de toi ami ! Ne vois-tu pas que ton frère est à terre ? On ne peut pas chasser l’image de cette misère comme on détourne le regard d’une séquence télévisée qui nous met mal à l’aise. On ne zappe pas aussi facilement si on a un peu de conscience ou de dignité. D’un coup on se retrouve nu, sans arguments ou poncifs mille fois entendus sur les ondes ou dans des canapés bien confortables. Ici c’est l’asphalte brut, la grille de chauffage, le coin près d’une décharge en pleine rue ! Le bruit et l’odeur comme l’a dit un sinistre personnage qui n’a jamais côtoyé la misère et ne la côtoiera jamais !
On y croise parfois des regards vides ou blessés. Chacun a son histoire mais nous ne sommes pas là pour juger quiconque, si ce n’est soi-même ! Alors le geste de donner se fait naturellement. Il est accepté tout aussi naturellement. On n’attend pas de remerciement, la seule politesse est celle du cœur.
L’ampleur de la tache est immense. Ce n’est pas tant la misère elle-même qui est choquante, c’est de ne pouvoir faire davantage. L’inégalité est un fait, l’injustice aussi. A l’image se saint Martin on peut trancher la moitié de son manteau pour le donner à celui qui n’a rien. Et encore que cela nous coûte-t-il vraiment ? Y penser est dérisoire quand on voit une personne qui n’a absolument rien, pas un sac, pas une paillasse, RIEN !
Le tableau est bien sombre... Mais même au cœur de l’obscurité il peut y avoir une lumière. Les poignées de main franches, les accolades amicales, une plaisanterie échangée et la distribution de ce qu’on a pu récolter font penser, si je me risque à cette expression, à une virée amicale. Mais on ne s’improvise pas dans le social... C’est un métier, une démarche spirituelle, un acte de complet désintéressement et, surtout, de l’expérience. Il faut avoir vécu une maraude pour s’en faire une juste opinion. L’esprit d’équipe et le savoir-faire du Pasteur sont des ingrédients essentiels d’une maraude bien réussie. Condition nécessaire mais non suffisante, car sans les volontaires et les dons on ne pourrait pas faire œuvre utile.
J’ai eu la chance et le privilège de faire cette maraude avec Jany. "Merveilleuse Jany" dirait le pasteur. Ce n’est pas exagéré ! On ne pouvait espérer mieux pour une première maraude. Merci Jany, merci Pasteur, merci Oscar et merci à tous ces anonymes qui ne le sont plus !
Benoit
19:04 Publié dans Action sur le terrain | Lien permanent | Commentaires (1)
Commentaires
D'autant plus que beaucoup se croient "dédouanés" en se baissant pour donner "une petite pièce". Une B.A. disait-on dans le temps ! J'ai habité un quartier dans lequel la misère s'étalait entre des boîtes vides de sandwiches américains et des monceaux de toiles de tentes improvisées et des matelas souillés ! et c'est dans l'indifférence que tout le monde regagnait son bureau ou son commerce. Quand on a voulu donner des vêtements à quelques-uns de ces sans abris, ils les ont refusé en nous disant que c'était inutile car ils allaient se les faire voler !!, Pasteurs, curés, rabbins, et autres représentants de la religion, vous vous êtes fait voler votre savoir, votre présence, votre action par les adorateurs du VEAU D'OR que sont les politiques, les financiers, les journalistes. Ils utilisent sans vergogne pour leurs fonds de commerces respectifs LA MISERE HUMAINE, mais que font-ils ? Ils montrent du doigt les autres qui doivent s'investir mais ne participent eux-mêmes à aucune réalité, combien d'actrices éplorées ont plaint les SDF mais aucune n'en a accueilli un chez elle ! Arrêtez de tout confondre, il vous suffit de baisser la tête pour voir où en est votre propre vie. Le message du Christ a été transformé, déformé, sali : il était pourtant simple "Aimez-vous les uns les autres", alors, en vous respectant, plus besoin de répression, de guerre, de conflits divers.... Aimez-vous... et on l'a mis en Croix ! Il peut revenir : Il finira de la même manière. Faites votre examen de conscience messieurs les beaux parleurs, philosophes et intellectuels, le résultat de votre propre errance est dans les rues.
Écrit par : Gavrilovic | 01/06/2012
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