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01/10/2019

À force de voir du racisme partout, même Eschyle devient raciste !

 

 

 

 

 
 
 
 

À parler sans cesse et à tort et à travers du racisme, comme des autres ritournelles conformes que sont le sexisme, le populisme, l’homophobie et la xénophobie, à force de tourner quotidiennement cette moulinette, de médias en universités, et de lois en débats électoraux, à force d’encourager, glorifier et subventionner à tout va des associations pour faire la police de la pensée, on finit par voir du racisme partout, et par le combattre jusque dans une tragédie d’Eschyle, Les Suppliantes, écrite il y a plus de 2.500 ans.

 

 

C’est ce qui vient de se passer, ce 25 mars, à la Sorbonne. La vieille et respectable institution a été, à son tour, le théâtre – c’est le cas de le dire – d’un événement des plus grotesques, révélateur de la sottise abyssale dans laquelle notre société est en train de basculer, mais animé d’un feu par lequel nos élites bien-pensantes, à force de l’attiser, se sont fait brûler les doigts.

 

L’ouvrage était représenté par des acteurs portant des masques noirs et des masques blancs, ce qui était l’usage à cette époque (pour preuve, le mot acteur, en grec hupokritês, signifie « qui est sous le masque », et a donné, par extension, « hypocrite »). Rien que de tout à fait banal, donc, et conforme aux habitudes du théâtre antique, sauf que le malheureux metteur en scène utilisant ces masques, il ne pouvait s’agir que d’une moquerie raciste contre les Noirs.

 

 

Et c’est ainsi que quelques « individus accusant la mise en scène de racialisme », dixit le communiqué de la Sorbonne, sont venus s’en prendre violemment et aux acteurs qu’ils ont empêchés de se préparer et aux spectateurs qu’ils ont empêchés d’entrer.

 

 

Et, certes, on condamnera à juste titre et sans la moindre hésitation cette atteinte à la liberté de création et d’expression, fût-elle grotesque, mais ne convient-il pas aussi de s’interroger sur le processus qu’à force de bien-pensance, et parfois même d’hypocrisie, on a fini par enclencher. À tel point que dans leurs différentes réactions, les accusés se défendent avec force d’être racistes, rappelant les valeurs « profondément humanistes et antiracistes » de la Sorbonne, comme s’il était besoin de se justifier et de répondre, face à tant d’ineptie. Réactions consternées, révoltées, mais auxquelles on a envie de répondre : à force d’accuser tel ou tel de racisme, pour n’importe quoi, c’est tout le monde qui finit par en être accusé, un jour ou l’autre, à commencer par l’antiraciste donneur de leçons lui-même : tôt ou tard, et comme le professeur Frankenstein, il se verra rattrapé par le monstre qu’il a créé.

 

 

Et si l’on préfère la métaphore comique à celle, plus métaphysique, de Mary Shelley, on dira que c’est un peu l’histoire de l’arroseur arrosé : celui qui arrose tout le monde de ses leçons d’antiracisme patenté, au nom du politiquement correct, finit par se faire arroser et traiter lui-même de raciste par plus antiraciste que lui. Une véritable fuite en avant : plus antiraciste que moi, tu ne meurs pas, tu es le héros du jeu ! Et à ce jeu du « Qui sera le plus antiraciste ? » les Gaulois n’ont pas fini de rigoler, comme disait Henri Salvador.

 

 

Peut-être que certaines cinémathèques, projetant de vieux films en noir et blanc, se verront bientôt envahies par des manifestants pris d’une colère qu’il ne faudra plus qualifier de noire. Peut être que certaines expressions de notre langue seront bannies du dictionnaire, ainsi que les romans noirs de la littérature, et après les procès faits à « Y a bon Banania » ou Tintin au Congo, on ne pourra plus dire ou écrire que l’on broie du noir, qu’on voit tout en noir et, bien sûr, qu’on travaille comme un Noir, expression qui est déjà considérée comme une horreur sémantique et valut à un célèbre parfumeur une volée de bois vert médiatique ! Et si quelqu’un se montre flou dans ses opinions, il ne faudra plus lui dire : « Ou c’est blanc ou c’est noir ! »
Hélas, que de nuages noirs se profilent à l’horizon !

 

 

La sottise est comme un boomerang : à trop l’exciter, elle finit toujours par vous revenir dans la figure ! Après Eschyle et les masques grecs, qui sera le prochain porteur d’un racisme pour les idiots ?

 

 

10:23 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (0)

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