Emmanuel Macron, nouvelle étincelle dans la nuit politique, paraît avoir compris la relativité du clivage entre la droite et la gauche. En lançant son mouvement, après avoir d’abord déclaré qu’il ne serait « pas à droite, pas à gauche », il s’est rapidement repris en assurant que désormais sa marche était « et de droite et de gauche ». Dans le brouillard politique, d’autres voix tentent d’emprunter cette même démarche de camouflage.
L’évident échec répété de ce clivage infantile, le rejet populaire d’une telle référence insignifiante et la pente fatale sur laquelle est engagé notre pays ont ouvert les yeux de quelques politiciens plus malins que les autres. Mais il ne faut pas se laisser tromper une fois de plus par les spécialistes de la manœuvre hypocrite. En fait, cette subite réaction complaisamment partagée par les différentes tendances partisanes ne constitue qu’une autre façon de récupérer un pouvoir que le peuple n’a plus envie d’abandonner à ses représentants. Les spécialistes de l’attrape-voix savent très bien jouer sur plusieurs tableaux. « Je suis oiseau, voyez mes ailes, je suis souris, vive les rats », avouent nos chauves-souris qui sentent le vent tourner.
Tous les moyens sont bons pour se perpétuer à la surface des réalités. Récemment, nos élus traditionnels n’ont pas hésité à voter pour leurs adversaires afin de maintenir les pouvoirs régionaux dans le jeu habituel d’une démocratie réservée aux initiés.
Pourtant, une telle éclaircie dans le climat politique mérite d’être analysée. Les représentants élus auraient-ils tout à coup découvert que la Ve République n’a jamais préconisé le clivage droite/gauche ?
Commencerait-on à comprendre que le marché électoral s’est considérablement rétréci, par la persistance d’un bloc abstentionniste de plus de 40 % et d’une solide opposition contestataire au système bipolaire ? Les milieux politiques auraient-ils pris conscience qu’il ne leur reste plus qu’un solde d’à peine 25 % environ pour chaque tendance dite gouvernementale, ce qui ne garantit pas une représentativité convenable pour prétendre diriger la nation ?
Une telle nouvelle prise de position, vis-à-vis de la comédie droite et gauche, pourrait constituer une éclaircie dans la pénombre de notre vie politique. Ne serait-ce pas un signe du besoin d’un gouvernement d’union nationale ? Certains politiciens l’ont compris puisqu’ils pensent déjà à organiser la captation du pouvoir dans le cadre d’une sorte d’alliance à l’allemande entre partis politiques. Mais ils continuent de tromper eux-mêmes et les Français. En effet, l’union nationale ne peut résulter que de la constitution d’une équipe de personnalités irréprochables, issues de toutes tendances partisanes, mais ayant rompu tout lien avec elles, pour le temps limité au redressement de la nation.
Désormais, la distinction fondamentale ne pourra plus opposer de prétendus conservateurs, plus ou moins libéraux, à de faux progressistes. Dès maintenant, on sent apparaître une nouvelle distinction entre d’une part des idéologues doctrinaires affamés de pouvoir et, d’autre part, des patriotes amoureux de la France.
L’Histoire nous a appris que l’union nationale n’est possible en France que lors de courtes périodes d’extrême tension. L’union sacrée des Français s’est réalisée en 1804, 1914, 1945, 1958. Apparaîtra-t-elle comme le meilleur et peut-être le seul remède contre la guerre civile… qui vient ?
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