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05/01/2013

ADRIEN A LA DENT DURE.

 

Les dents de loup.jpg

 

Monsieur le Président,


Trop jeune pour mourir mais surtout trop jeune pour souffrir, je vous annonce que je décline votre invitation à une flagellation collective. Sûrement trop vaniteux, je n’ai pas envie que la peau de mon dos, encore fine et fraîche, devienne la carte routière de tous les déçus de l’histoire de France.

Contrairement aux opposants de la repentance coloniale — car il s’agissait bien de cela dans vos tièdes propos — je ne ferai pas le décompte des avantages de la chevauchée de Marianne entre Oujda et Constantine. Car l’histoire n’est nullement affaire de comptabilité. Je refuse cet inventaire mesquin qui suppose qu’une morale, une notion de Bien ou de Mal ait sa place dans le débat. Or l’histoire collective n’est pas affaire de morale et encore moins de moralisation !

Si je suis l'héritier de toute l’histoire de mon pays avec ses grandeurs et ses turpitudes, je n’en suis toutefois pas responsable. Cette histoire peuplée de héros et de salauds, d’humains trop humains, de saints et de catins, est un objet d’étude. Mais elle ne fera jamais de moi un génie ou une ordure tant que je n’y prendrai pas une part active. Ne faites pas de moi, Monsieur le Président, le salaud de votre vision bien-pensante de l’histoire. Je n’ai jamais tué, je n’ai jamais violé, je n’ai donc pas à demander pardon.

Votre choix de la repentance, un acte on ne peut plus chrétien et on ne peut plus individuel, n’a de surcroît rien à faire en politique. La repentance est un acte de foi qui amène à la conversion.  "Repentez-vous donc et convertissez-vous, pour que vos péchés soient effacés, afin que des temps de rafraîchissement viennent de la part du Seigneur" (Actes 3 : 19-20).

Cher apôtre président, vous qui agissez en politique, à quoi donc voulez-vous tous nous convertir ? Hormis la honte de nous-mêmes, la culpabilisation paralysante et le sentiment de supériorité des désignés martyrs, à quoi sert donc votre lecture partiale et partielle de notre passé ?

"Qui contrôle le présent, contrôle le passé, qui contrôle le passé, contrôle l’avenir." Votre vision du passé laisse entrevoir un drôle de contrôle de l’avenir, Monsieur le Président. Alors, moi qui ai encore la chance de porter l’innocence de mon court passé en étendard, dans un cri de défiance à votre projet funeste, je proclame : j’ai 23 ans et je ne veux pas me repentir

 

Monsieur le président, Trop jeune pour mourir...

Adrien Desport Rbm  

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