30/11/2012
IMPRESSIONS DE MARAUDE...
secrétaire départemental FN du Val-d'Oise
Nous nous sommes retrouvés à 21 h le 20 novembre dernier, pour donner un peu de notre temps à ceux qui passent leur vie dehors. Invités par le très dynamique et dévoué Pasteur Jean-Pierre Blanchard et son épouse Catherine, nous avons sillonné Paris, à la rencontre des exclus, des plus pauvres, des grands oubliés que sont nos sans-abri.
Partis de la Porte d'Italie, nous nous sommes d'abord rendus sous le métro aérien, à proximité de la station Sèvres-Lecourbe. Quatre SDF y commençaient leur dure nuit, et l'un d'eux avait son petit chien comme unique compagnon. A peine nous aperçoivent-ils qu'aussitôt leurs yeux s'ouvrent avec le sourire. Nous leur servons du café, de la soupe chaude et leur proposons quelques vêtements. Ce n'est pas grand-chose mais pour ces personnes qui ont tout perdu, c'est énorme. Ils n'ont plus rien, ils sont seuls, ils ont froid. La Mairie de Paris ne veut pas qu'ils soient visibles, alors régulièrement on leur prend toutes leurs affaires pour les jeter. Plutôt que de mener une action véritablement sociale en faveur de ces malheureux, la Mairie préfère les dissuader de rester dans ces beaux quartiers et fait tout pour les chasser hors-les-murs, là où l'on ne les verra pas.
Un peu plus loin, nous retrouvons la grande vedette de nos maraudes, celui est devenu notre ami, Francis. Il campe sous le métro, entre un terrain de basket-ball et des "vélib". Lui aussi aura son café chaud et quelques vêtements. Il nous raconte sa vie d'orphelin. Il n'a pas connu ses parents, il n'a pas de famille. Sa seule famille, c'est la rue, la misère et l'infortune.
Nous poursuivons notre maraude dans le froid mais comment oserions-nous nous en plaindre ? Nous ne sommes dans la rue que pour quelques heures tandis que tous ceux que nous rencontrons y passent toutes leurs journées et leurs nuits, été comme hiver. Nous faisons le tour de Paris. Il y a des sans-abris partout, rue de Rivoli, boulevard Haussmann, boulevard Saint-Michel, boulevard Saint-Marcel, avenue des Gobelins, toujours la même misère, toujours la même détresse.
Voir tous ces jeunes bobos qui sortent des bars, des restaurants, des cinémas, des discothèques... totalement indifférents à toute cette misère qu'ils croisent est un des spectacles les plus révoltants de Paris. Pas un seul d'entre eux n'aura le moindre geste vis-à-vis de ceux qu'ils aperçoivent dormant dehors. Ils s'amusent, ils rigolent, ils passent une bonne soirée, ils mangent à leur faim, ils ne connaissent ni le froid ni la soif mais pas un seul d'entre eux n'aura le moindre geste vis-à-vis de ceux qu'ils aperçoivent couchés sur le trottoir. Même pas un regard, même pas une parole, même pas un sourire.
Voici quelle a été notre aventure cette nuit-là, un petit voyage au pays de la misère, de la solitude et de la souffrance. Une expérience qui nous fait prendre conscience de l'absolue nécessité de poursuivre ces actions sociales dans cette société vouée à l'individualisme le plus égoïste et à l'indifférentisme le plus inhumain.
Le Pasteur Blanchard et son épouse Catherine nous remercient pour notre venue et nous nous embrassons tous les quatre avant de nous séparer. Nous n'oublierons pas celles et ceux que nous avons rencontrés cette nuit-là, qui n'avaient comme toit que la rue et son cruel quotidien.
Céline Guillermond et Alexandre Simonnot
07:12 Publié dans Action sur le terrain | Lien permanent | Commentaires (0)
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