24/02/2012
IMPRESSIONS DE MARAUDE...
Par Paul-Alexandre Martin,
membre de la direction nationale du FNJ
A 21 heures, accompagné de Gaétan Dirand, je rejoins le Pasteur Blanchard et sa femme pour une première maraude : une expérience riche et qui prend aux tripes, d’autant qu'en cette soirée de février, le thermomètre frise les -10 degrés à Paris. Nous croiserons, d'après le Pasteur, moins de malheureux qu’habituellement ; sans doute à cause du grand froid qui oblige les sans-abri à se replier dans des centres d’hébergement ; lorsqu’ils sont en mesure d’y obtenir une place pour la nuit.
Nous nous arrêterons malgré tout assez fréquemment à la rencontre de ceux qui, malgré leur terrible dénuement tentent "d'oublier" le froid.
C'est d'abord, ce vieil homme d’origine polonaise, surprenant tant il relativise les températures polaires. Nous lui donnons, selon ses choix, des vêtements et de la soupe. Après une discussion, nous repartons et il nous salue chaleureusement.
Au fil de nos stations, nous découvrons parfois des solitaires, parfois des couples ou des groupes. Beaucoup d’entre eux arrivent des pays de l’Est et connaissent bien le Pasteur Blanchard et sa femme. Ils nous confient les anecdotes des précédentes maraudes dont ils conservent d’excellents ou fameux souvenirs ;nnotamment cette fois où Jany Le Pen, répondant à leurs souhaits,leur a promis une photo dédicacée.
L’heure tourne mais les minutes s’écoulent lentement car le froid se fait cruellement sentir, pour... nous ! Aux abords des quais de Seine, c'est la Sibérie. Quelques tentes se cachent désespérement sous un pont. La distribution de vêtements et de boissons chaudes continue. Nos hôtes nous concèdent bien volontiers que la rigueur de l’hiver se fait sentir mais tous semblent rester stoïques. Ce qui frappe, c’est leur capacité à se réjouir de notre visite. Ils semblent presque oublier les morsures du vent glacial.
Plus loin encore, des membres de la Croix de Malte s'évertuent à prendre en charge un groupe d’hommes et de femmes. C'est sans espoir car ceux-ci refusent de rejoindre un centre d'hébergement où ils seraient dispersés, séparés, isolés. Au vu des visages égratignés de certains, on comprend qu'ils se sont querellés entre eux mais, ils craignent encore plus les inconnus et les vols.
La maraude se termine rue de Rivoli : des dizaines de malheureux dorment sous les arcades. Nous leur laissons le nécessaire à proximité sans les réveiller. Au bout de la rue, un homme seulement accompagné de son chien ne souhaite rien de plus qu'une cigarette. Contrairement à beaucoup d'autres, il semble ne pas noyer son désarroi et sa misère dans l’alcool. Il se contente de marcher à la recherche d’un endroit calme, assisté de son compagnon qui le suit comme son ombre.
Paul-Alexandre
11:14 Publié dans Action sur le terrain | Lien permanent | Commentaires (1)
Commentaires
Bonjour,
J'aimerai bien participé à une maraude. J'habite à Paris et très interessé de vivre cette expérience humaine. Je vous donne mes coordonnées: 0659605244. Bien cordialement
Christophe Joie
Écrit par : Joie Christophe | 29/02/2012
Les commentaires sont fermés.