14/11/2011
DEXIA : LA RUINE DES CONTRIBUABLES.
Il n'est pas possible actuellement
d'ouvrir un journal sans lire de gros titres sur Dexia.
C'est l'heure des mensonges.
Un grand quotidien énonce :
"Dexia, la première banque victime de la crise".
Ce n'est pas vrai
car cette banque est victime de l'incompétence de ses dirigeants
et sans doute de beaucoup de compromissions.
Malheureusement, de nombreuses banques
souffrent du fait de la médiocrité de leurs dirigeants :
voir tous ces établissements qui, avec une légèreté coupable
ont prêté à l'État grec et, ceci, depuis longtemps
alors que les dangers étaient connus des bons analystes.
Un peu d'historique sur Dexia est nécessaire.
En 1987, c'était une obscure petite division
de la Caisse des Dépôts et Consignations,
finançant les collectivités locales.
Elle s'en émancipa pour devenir le crédit local de France,
coté en Bourse et privatisé.
En 1996, eût lieu un mariage avec un voisin belge à vocation similaire,
l'union recevant un nouveau nom :
L'objectif était de devenir un des leaders mondiaux
dans le financement des collectivités locales.
L'inconvénient de ce métier est la faiblesse des marges.
Au lieu de chercher à améliorer le coeur de la profession,
les dirigeants partirent à l'aventure.
Ce fut, tout d'abord, la "transformation".
Ils empruntèrent à court terme pour pas très cher
et prêtèrent à long terme pour plus cher ;
une mécanique infernale était lancée.
Comme cela faisait de l'argent,
les mêmes mauvais banquiers
se lancèrent dans une boulimie d'acquisition d'entreprises,
d'activités ou même de portefeuilles :
Espagne, Italie, Japon, États-Unis étaient leurs terrains de chasse.
Tout baignait, mais ce n'était qu'une apparence.
En 2008, brusquement Dexia eût besoin
de deux cents soixante milliards d'euros,
la banque n'ayant que quatre jours de liquidités devant elle.
Les États belges, français et luxembourgeois furent appelés au secours.
Chemin faisant, l'action a perdu 94 % de sa valeur...
UN SAUVETAGE
EN URGENCE
Nous en arrivons à la situation actuelle
où le sauvetage est organisé en urgence.
Sous réserve d'autres évolutions, car cela bouge tous les jours,
il semble que l'on s'oriente vers la seule solution logique :
vendre tout ce qui est vendable
et cantonner le reste dans une "bad bank" ou banque pourrie,
que le contribuable sera appelé à supporter,
bien sûr sans que son avis lui soit demandé.
Cela rappelle de tristes souvenirs des années 1990 :
le Crédit Lyonnais, le Crédit Foncier, la compagnie d'assurances GAN,
autres responsables de scandales d'Etat.
Les enseignements à tirer de cette triste histoire sont nombreux.
Il y eût certainement des multiples compromissions.
Dans ce monde, où les uns et les autres se tiennent par la barbichette,
les dirigeants principaux n'étaient certainement pas les seuls à fauter.
Avant la découverte soudaine du scandale,
il est évident que des signaux devaient exister :
pourquoi le silence ?
Les Etats sont directement responsables.
Parmi les actionnaires se trouvent non seulement les Etats français et belge,
mais aussi de faux nez comme la Caisse des Dépôts et Consignations,
instrument tout puissant de l'économie dirigée en France.
LES MILLIARDS
DES CONTRIBUABLES
L'appui des Etats pour sauver les meubles a pris de multiples formes :
garanties accordées aux déposants et aux créanciers,
perspective d'accroissement des pourcentages dans le capital,
garanties des futurs emprunts éventuels lors de la remise en ordre.
Personne ne peut à ce jour, mesurer le nombre de milliards
que les contribuables devront supporter en définitive
et tout chiffre avancé peut être dépassé le lendemain.
Les mauvais banquiers qui siègeaient avec d'autres
dans les conseils d'administration de Dexia
ont été parfaitement enclins à pousser aux secours étatiques,
dans l'espoir que ces Etats seraient prêts
de même à venir au chevet de leur banque le cas échéant.
Simultanément, ils ont été encouragés dans leurs mauvaises pratiques.
Dans l'historique, nous constatons une boulimie d'acquisitions.
Rien de plus dangereux que de se lancer dans une telle course folle :
c'est se heurter inévitablement au manque de temps et de talents
pour analyser les cibles et mener à bien leur bonne gestion ultérieure,
ainsi que la cohérence de l'ensemble.
Pire encore, cette voracité s'est développée
dans un grand nombre de pays ;
il est périlleux de se présenter avec un grand appétit dans un pays étranger
que l'on ne connaît pas.
Les nationaux ne manquent pas de vous "refiler" des patates chaudes
ou même des traquenards juridiques
car eux seuls connaissent à fond la loi et les us et coutumes locaux.
LA
RUINE
PAR LES
COLLECTIVITES LOCALES
Le métier d'origine, à savoir le financement des collectivités locales,
était considéré comme ne comportant pas de risque :
à voir !
En effet, hier, ces collectivités locales n'étaient pas tellement endettées
et ce sont les lois de décentralisations
qui les ont conduites à s'endetter davantage.
Erreur funeste, ces collectivités s'engagèrent
dans des dépenses tout à fait insensées,
pour des besoins artificiels,
parfois contractant des emprunts toxiques ;
des palais ont été bâtis sur endettement public !
La richesse nationale a gravement souffert de cet emballement.
La conclusion de cet ènième scandale d'Etat
est que si les dépôts ou les créances ont pu, éventuellement, être garantis,
il n'y a nul espoir pour les actionnaires.
La conséquence malheureuse
est de décourager une nouvelle fois les gens de placer leur argent
à la bourse en achetant des actions.
Ce qui est grave car, dans la déroute actuelle des marchés,
c'est justement le bon moment pour acheter,
avec évidemment la plus grande prudence,
les plus belles affaires qui sont littéralement sous évaluées.
Cette dernière conséquence est particulièrement tragique
car le développement de l'actionnariat
est une vraie nécessité pour l'accroissement de la richesse nationale.
Michel de Poncins
06:45 Publié dans Société | Lien permanent | Commentaires (0)
Les commentaires sont fermés.