Ancien officier de Gendarmerie

Diplômé de criminologie et de criminalistique

                                                                                      

Le temps hésite,  lundi 24 avril après-midi, entre nuages et soleil dans la région parisienne, plus exactement à Malakoff, dans les Hauts-de-Seine. À l’angle de la rue Savier et de la rue d’Hébécourt, une octogénaire rentre chez elle. Elle a mis son sac en bandoulière en sécurité sur son épaule. À cet âge-là, les plaisirs sont simples et c’est une joie de rejoindre son appartement pour profiter de la fraîcheur et retrouver son mari qui l’attend impatiemment.

 

Brutalement, un scooter tapi en embuscade s’élance derrière la vieille dame, elle n’a pas le temps de se retourner que l’homme qui conduit l’engin essaie de lui arracher le sac en tirant sur la courroie. Mais la vieille dame résiste, elle ne veut pas lâcher son bien. Alors, l’homme la traîne par terre sur plusieurs mètres. Sonnée, presque évanouie, son sac se libère enfin de son bras et l’agresseur prend la fuite avec son butin.

 

 

Deux personnes, une automobiliste et un piéton qui viennent d’assister à la scène, se portent à son secours, la relèvent, vérifient son état de santé et la raccompagnent chez elle.

 

 

Elle est meurtrie mais saine et sauve, elle a retrouvé son foyer. Certes, son sac manque mais elle est vivante. À son compagnon, bouleversé de découvrir son épouse dans cet état, elle parle de son agression. Ses pensées sont flous mais elle se souvient qu’il y avait au moins un homme sur le scooter.

 

 

Quelques heures plus tard, la douleur qu’elle ressentait au poignet s’est accentuée, le mari contacte le médecin de famille qui, inquiet, décide de la faire hospitaliser.

 

Le personnel médical est obligé de noter un état bien plus grave qu’un simple os cassé. Ils détectent une hémorragie cérébrale due à la chute. Malgré les soins, la situation ne fait qu’empirer. Finalement, elle décède le lendemain matin. Elle n’aura survécu que quelques heures à son agression.

 

 

Le plus affreux, dans cette histoire, est que la victime est morte pour un total de sept euros, le nombre de pièces qu’elle avait dans son petit sac en bandoulière avant qu’il ne lui soit dérobé, selon la police judiciaire chargée de l’enquête.

 

 

Le parquet a immédiatement saisi le SDPJ 92 pour vol avec violence sur personne vulnérable ayant entraîné la mort sans intention de la donner. Les enquêteurs ont lancé un appel à témoins et recherchent notamment les deux passants (l’homme et la femme) qui se sont arrêtés pour porter secours à la victime.

 

 

Cette personne avait exactement 85 ans, l’âge du père Jacques Hamel égorgé dans son église de Saint-Étienne-du-Rouvray. Les médias ne se sont pas emparés de son accident funeste de la même manière. On peut le comprendre : il ne s’agissait pas de terrorisme et la mort n’est pas survenue de façon aussi horrible.

 

 

Pourtant, il ne se passe pas de mois sans que des personnes âgées ne soient attaquées dans la rue pour s’emparer de leurs quelques économies. Il ne se passe pas de mois sans qu’en prenant le métro ou en sortant d’une discothèque, une femme ne soit agressée physiquement.

 

 

Le gouvernement nous répète que nous sommes en guerre, que Daech est devenu l’ennemi absolu. Il est regrettable qu’on nous parle moins d’une guerre présente sur notre sol, une guerre insidieuse qui infecte nos quartiers. Une guerre que l’État ne veut pas reconnaître et, pourtant, qu’il est en train de perdre. Celle que nous livrent les bandes et leur violence quotidienne.

 

 

Elle était fière de son petit sac en bandoulière de couleur noire, elle se méfiait (on n’est jamais assez prudent), elle le tenait fermement contre elle. Hélas, cet humble joyau a été fatal à sa propriétaire.